TOUT EST DIT

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mercredi 19 mars 2014

La ligne rouge


La ligne rouge
On vous l'avait bien dit : difficile de punir Vladimir Poutine sans s'autoflageller, voire se ridiculiser. À cela, une raison très simple : pendant que le maître du Kremlin conjugue son action au présent, les Occidentaux calibrent difficilement leur riposte au conditionnel. À la stratégie du bulldozer du Kremlin, Américains et Européens opposent leurs protestations verbales et décrètent des sanctions minimales dans un laborieux consensus. Pas de quoi faire reculer Poutine qui accueille avec « ironie et sarcasme », selon son entourage, nos mises en garde dont la subtile graduation marque surtout un profond embarras.
On ne peut vraiment pas dire que, dans le genre, la France donne l'exemple d'une diplomatie assurée et cohérente. Hier, Laurent Fabius, notre ministre des Affaires étrangères peut-être jaloux des fanfaronnades de son collègue Arnaud Montebourg, a cru brandir l'arme fatale d'un bras quand même un peu tremblant : la France « pourrait envisager » d'annuler la vente de deux navires Mistral à la Russie « si Poutine continue de faire ce qu'il fait » et… si les autres pays européens prennent aussi des sanctions.
Au total, Laurent Fabius n'a fait peur qu'aux salariés des chantiers navals de Loire-Atlantique qui pourraient perdre cinq millions d'heures de travail et la garantie de 1.000 emplois pendant quatre ans. Sans parler du montant du marché signé en 2011 pour 1,2 milliard de dollars. Terrible ambiguïté de la « realpolitik ».
Au demeurant, la France n'est pas seule en cause. Elle a simplement perdu son leadership au sein d'une Union européenne qui manque cruellement d'unité de vues et s'avère trop dépendante de la diplomatie américaine qui n'a pas les mêmes intérêts qu'elle à défendre dans sa relation avec la Russie. Poutine sait tout cela et en abuse. Hier, dans sa triomphale adresse aux parlementaires et gouverneurs réunis sous les ors du Palais du Kremlin, Poutine s'est autorisé à dire que les Occidentaux avaient franchi la ligne rouge en Ukraine. Pas d'accord avec lui. Sauf s'il s'agit d'une ligne rouge… de honte.

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