dimanche 16 février 2014
Le mépris
Le mépris
Travaillant depuis des années parmi ce qu’il est convenu d’appeler les "élites", les directions des ministères, les cabinets, n’ayant cessé de fréquenter le monde politique et médiatique , je crois profondément, sans démagogie ni populisme, et avec toute ma sincérité, qu’une partie du mal français tient au mépris affiché par "la France d’en haut" dans son ensemble (sans généraliser) envers les Français qui forment un vieux peuple intelligent, avide de paix et d’unité, attaché à sa dignité et à ses valeurs, comme le montre un sondage sofres le Monde selon lequel 71% d’entre eux pensent "qu’on ne défend pas assez les valeurs traditionnelles en France". Ils n’ont rien à envier à des élites qui se montrent souvent sectaires, hargneuses, obtuses, vaniteuses et froussardes, surtout froussardes, n’existant que par la conviction de leur supériorité sur un peuple hébété qui aurait besoin d’ être instruit, éclairé de leurs lumières et qui peut être aisément manipulé. Les Français peuvent se tromper dans leurs choix électoraux, il ne sont évidemment pas infaillibles et l’infaillibilité des peuples est un mythe aussi absurde que celui de la supériorité des élites. Mais grosso modo, l’hyper manipulation médiatique du peuple ne fonctionne plus. Un exemple dont je certifie l’authenticité, sur mon honneur. Il y a quelques jours, un haut fonctionnaire socialiste (encarté je crois), avec lequel je déjeune, me dit: "Nous sommes absolument certains de l’emporter de nouveau en 2017, quels que soient nos résultats, grâce à la montée du fn, avec la certitude d’un duel Hollande-Le Pen aux présidentielles". Or, malgré l’effroyable crise sociale, économique, morale, intellectuelle que subit la France, malgré la mobilisation médiatique en faveur du fn – pas un jour sans qu’il ne soit à l’honneur des télés et radios – on ne décèle pas vraiment un engouement populaire et poussée irrésistible en faveur du parti de M. Le Pen: 20% d’intention de votes aux Européennes selon le dernier sondage, soit un niveau moyen depuis des années, certes très élevé, mais stabilisé. Je pense tout simplement que les Français ont compris la manipulation qui est en train de se jouer. Cela n’exonère en rien les autres formations de leur responsabilité dans le climat de défiance envers les politiques: 11% des Français, selon le sondage CEVEPOF de janvier dernier leur font confiance. Mais je crois qu’il suffirait de peu pour commencer à rétablir un climat respirable, que les élites dans leur ensemble (il y a des exceptions bien sûr), cessent de prendre les gens pour des simples d’esprit à éclairer de leurs lumières, et écoutent enfin ce qu’ils ont à leur dire sur l’Europe, l’économie, l’immigration, la sécurité; sans excès, sans extrémisme, avec réalisme et humanité. Mais franchement, et encore une fois sans verser dans la démagogie ni le populisme, je ne sais pas si les cercles dirigeants, les milieux d’influence, que je connais pour les cotoyer jour après jour, peuvent avoir la lucidité le courage et l’intelligence, de comprendre enfin cette évidence: ils devraient être au service du peuple et non l’inverse… Leur vocation est de le représenter, de l’écouter, et non d’essayer de le manipuler. La première personnalité politique qui aura compris cela aura pris 20 ans d’avance sur tous les autres.
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