TOUT EST DIT

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lundi 6 janvier 2014

Chiffon rouge : ce qui explique que Christiane Taubira hérisse autant le poil des gens de droite


Mariage pour tous, réforme pénale, lois mémorielles... La carrière politique de la garde des Sceaux a été marquée par des débats qui ont crispé une partie des Français. Sa vision de la famille, de la justice et de ce qui relève ou non du racisme est loin de plaire à tout le monde.

Alexandre Giuglaris : Christiane Taubira aura marqué l’année 2013. Elle aura porté la loi instituant le mariage pour tous et aura subi des attaques tout à fait inacceptables. Si ces injures doivent être condamnées très fermement, elles ne doivent pas empêcher de critiquer une action en matière de politique pénale et une pratique du pouvoir qui créent chaque jour plus de mécontentement dans l’opinion publique.
Ce mécontentement citoyen s’explique tout d’abord par les symboles que la Garde des Sceaux a mis en avant. Dès sa nomination, la ministre de la Justice a souhaité aller assister à un match de sport entre détenus plutôt que de s’intéresser aux victimes de ces détenus… Toutes ses premières déclarations n’ont eu pour objectif que de critiquer les lois de la précédente majorité et d’annoncer leur démantèlement malgré le soutien de l’opinion publique à celles-ci. Je pense, par exemple, aux peines plancher contre les récidivistes.
Ensuite, la manière dont ont été traités les adversaires de cette politique est tout à fait symptomatique du sectarisme et du mépris qui règnent place Vendôme. Le 4 septembre 2013, Christiane Taubira reçoit différentes associations de victimes en leur promettant de les revoir un mois après pour évoquer leurs inquiétudes quant à la réforme pénale. Quatre mois plus tard, aucune nouvelle rencontre n’est prévue…
Doit-on juger d’une politique pénale à la manière dont sont traitées les victimes ? Cela paraît tout de même le minimum que l’on puisse envisager. Alors que faut-il penser ou craindre, lorsque l’on sait que Christiane Taubira travaille étroitement avec le Syndicat de la Magistrature qui s’est brillamment illustré lors de la découverte du "mur des cons" dans ses locaux ? Sur ce mur de la honte, où figuraient de nombreux leaders politiques, intellectuels ou journalistes, on a également signalé la présence de deux pères de jeunes filles assassinées par des récidivistes dans des conditions ignobles et qui se sont engagés pour demander une justice plus ferme. La mainmise du Syndicat de la Magistrature sur le ministère de la justice sous Mme Taubira n’est plus à démontrer. Mais avec ce "mur des cons", les Français ont enfin découvert, sidérés, ce à quoi "s’amusent" certains de leurs magistrats. Un choc à la mesure du mécontentement à l’égard de notre justice.
Les Français savent donc aujourd’hui quelle est l’idéologie qui imprègne la politique de la Garde des Sceaux et qu’ils refusent dans leur très grande majorité. C’est une politique qui méprise les victimes et s’intéresse uniquement aux délinquants, qui seraient, eux, victimes de la société… Une inversion complète des valeurs et des repères qui se retrouve dans le projet de réforme pénale prévu pour le mois d’avril. Ce texte ne prévoit aucune avancée en faveur des victimes mais multiplie les mesures visant à condamner moins sévèrement et à éviter à tout prix la prison pour les délinquants et criminels, même récidivistes.
C’est un véritable "deux poids, deux mesures" qui est installé à la chancellerie lorsque les assaillants d’un RER n’ont aucune peine de prison, à l’inverse d’un opposant à la loi Taubira. Plus symptomatique encore, alors que la Garde des Sceaux ne cesse d’initier une politique toujours plus laxiste, elle demande par voie de circulaire officielle que les manifestants bretons des bonnets rouges soient sanctionnés particulièrement sévèrement. Ce "deux poids, deux mesures", c’est enfin le projet du gouvernement d’abaisser l’âge de vote à 16 ans pour les élections locales mais la volonté de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs récidivistes âgés de 16 à 18 ans, au nom du respect de leur minorité… Pour Christiane Taubira, à 16 ans, on est assez mûr pour voter comme un adulte mais pas pour assumer ses délits ou ses crimes ?
Cette politique injuste et dangereuse est largement rejetée par les Français. C’est d’ailleurs pour cela que la réforme pénale a été renvoyée après les élections municipales. Mais si la réforme n’est pas abandonnée, il est à craindre que le mécontentement ne se transforme en colère. C’est pourtant précisément l’inverse, qui devrait être le but d’un garde des Sceaux, à savoir l’apaisement de la société. L’échec est patent et particulièrement saisissant.

>>> Famille <<<

Geoffroy de Vries : Qualifiée par Christiane Taubira elle-même de « réforme de civilisation », la loi sur le mariage pour tous restera, sans aucun doute, dans les annales tant en raison de la vision de la famille qu’elle incarne que du mépris de nos dirigeants socialistes à l’égard des responsables associatifs et religieux qui s’y sont opposés durant les débats parlementaires, des 700 000 signataires de la pétition pour le CESE et des millions de manifestants, de l’agressivité des lobbyistes pro mariage gay à l’encontre de LMPT et de l’Eglise catholique, et de la sévérité injustifiée de la police vis-à-vis notamment des veilleurs.
Cette loi trouve sa source tant dans l’idéologie du genre qui veut abroger la différence des sexes que dans la volonté des personnes homosexuelles d’avoir des enfants via l’adoption, afin de « faire famille », selon le terme loufoque de Dominique Bertinotti, ministre chargé de la Famille.
Et pourtant, pour la majorité des Français – et pas uniquement ceux de droite, la famille est composée d’un homme et d’une femme, le plus souvent mariés, et de leurs enfants. Certes, la famille évolue avec la multiplication des naissances hors mariage et des divorces. Mais la famille composée de parents homme et femme reste encore le meilleur cadre pour l’éducation et l’épanouissement des enfants et surtout pour perpétrer l’espèce humaine. Et lorsqu’elle est fondée sur le mariage, elle est un cadre qui garantit la qualité et l’authenticité des relations interpersonnelles entre les époux d’une part et entre les époux et leurs enfants d’autre part.
Or, cette conception a été remise en cause par la loi Taubira qui bouleverse le mariage et les règles de la filiation. Le mariage entre deux personnes de même sexe leur ouvre, conformément au droit français, le droit à l’adoption, celle d’un orphelin ou de l’enfant du conjoint. Et les lobbys pro mariage gay revendiquent maintenant l’accès aux techniques de procréation artificielle que sont la PMA et la GPA.
Ainsi, la « famille » devient une sorte de « melting-pot » composé de parents de sexes différents ou de même sexe et d’enfants conçus de façon naturelle ou artificielle, pouvant ainsi être privés soit d’un père, soit d’une mère.
A d’autres égards encore, la famille est la cible du gouvernement socialiste. Le projet desimplification du divorce par consentement mutuel en retirant tout rôle au juge au profit du greffier risque fort de fragiliser les droits du plus faible dans le couple et, faciliter le divorce, c’est en quelque sorte fragiliser le mariage. Le projet de Najat Vallaud-Belkacem de « déconjugalisation » de l'impôt sur le revenu, s’il est adopté, pénalisera encore financièrement les familles dont les femmes ne travaillent pas. La gauche s’est toujours méfiée de la famille, sans doute parce qu’elle entrave, tout comme l’Eglise, la transformation socialiste de chaque individu et de la société toute entière... Et pourtant, la famille reste le premier lieu d’amour, de solidarité et de transmission des valeurs et assure l’épanouissement des citoyens et la pérennité de notre société. 
Maxime Tandonnet : Madame Taubira incarne l'aile gauche du gouvernement à travers son rôle dans l'adoption du "mariage pour tous" et la remise en cause des lois Sarkozy sur la sécurité, peines planchers, rétention de sûreté. Son rôle est ainsi vital dans l'équilibre politique de l'équipe au pouvoir. Il n'est donc pas illogique qu'elle fasse l'objet des critiques de l'opposition. Son image reste par ailleurs marquée par la loi mémorielle du 21 mai 2001, définissant l'esclavage comme un "crime contre l'humanité" dont elle fut le rapporteur. Ce texte garde une portée symbolique forte et il incarne une méthode contestée d'utilisation de l'histoire à des fins politiques.
Les massacres et les tragédies jalonnent l'histoire de l'humanité et ce type de loi revient à poser la question du choix des époques et des événements faisant l'objet d'un traitement particulier : la traite négrière fut bien sûr une abomination, mais pourquoi ne pas légiférer alors, par exemple, sur le sort des populations amérindiennes, les exactions dont le peuple chinois a été si souvent victime, le massacre de la jeunesse européenne en 1914-1918 (17 millions de tués et autant de mutilés) ? La loi du 21 mai 2001 a été accusée de partialité dans la mesure où elle passe sous silence les formes non européennes de l'esclavage (arabe, notamment), exprimant ainsi, pour ses détracteurs, une forme d'idéologie anti-occidentale.
Elle passe sous silence le rôle de la France dans l'abolition de ce fléau, d'abord en 1793 sous la Convention puis sous la Seconde République en 1848. D'autres textes du même type sont intervenus depuis, en particulier celui du 23 février 2005 tout aussi controversé et contestable, sur le "rôle positif de la colonisation". Il est reproché aux lois mémorielles de raviver des blessures, d'attiser les fractures, de sublimer la repentance, de favoriser ainsi les communautarismes au détriment de l'unité nationale en transformant la nation en mosaïque de revendications identitaires, d'exploiter l'histoire à des fins idéologiques, une tentation contraire à toutes les valeurs démocratiques, et enfin de porter atteinte à la liberté d'expression. On peut y voir aussi un dérivatif à l'impuissance du pouvoir politique face aux enjeux concrets que sont par exemple la lutte contre le chômage ou l'insécurité... Par une décision du 28 février 2012, le Conseil constitutionnel a censuré la pénalisation de la négation du génocide arménien au nom de la liberté d'expression, posant des limites à l'instrumentalisation politique de l'histoire.
Pour garder un sens, éviter le risque de la banalisation, de la surenchère et du morcellement de la mémoire, les lois mémorielles devraient sans doute conserver un caractère rigoureusement exceptionnel, limité à la condamnation du négationnisme relatif au génocide des juifs d'Europe sous la deuxième guerre mondiale.

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