vendredi 15 novembre 2013
Peau de banane
Peau de banane
Cette « une » scandaleuse de l'hebdomadaire Minute est une peau de banane glissée sous les pieds de tous les vrais démocrates. Tout simplement parce qu'elle appelle une réponse appropriée et, si possible, dépassionnée. Puisque la provocation de Minute s'en prenant à Christiane Taubira avait vocation à faire du « buzz », dispensons-nous d'en faire de trop. Mais puisqu'il s'agit d'une attaque basse et insidieuse à connotation raciste, une réplique déterminée s'impose. Avec, surtout, la nécessité d'en tirer toutes les leçons au plan politique. On devine que l'hebdomadaire, exposé à une condamnation, va plaider le droit à la dérision et à la satire.
L'excuse est ici inacceptable parce que, sous couvert d'un douteux humour potache, Minute fait explicitement référence, avec la banane et le singe, à des manifestations récentes, dirigées contre la garde des Sceaux. Sans doute la justice va-t-elle avoir des difficultés à caractériser l'infraction, mais le plus important réside dans ce que révèle ce nouveau dérapage.
Malgré l'obstination que mettait Marine Le Pen à « respectabiliser » son parti, la voici à plusieurs reprises débordée par une base exécrable. À l'image de cette militante FN qui avait comparé Taubira à un singe sur Facebook. Puissent tous les électeurs comprendre que sous le vernis des discours populistes demeurent d'indélébiles tâches brunes. Les partis républicains de droite, tentés par le diable, devraient s'en souvenir définitivement à l'approche des prochaines élections.
Quant à la gauche, elle doit s'abstenir de surjouer l'indignation en évitant d'entretenir une forme de culpabilisation générale des Français. Le pouvoir a une fâcheuse tendance aujourd'hui à assimiler toute contestation de sa politique à une révolte factieuse et antirépublicaine. Voici que les maires opposés à la réforme des rythmes scolaires deviennent des « délinquants civiques » tandis que Manuel Valls a songé à interdire la diffusion de Minute. Il ne faudrait pas que la détestable « libération de la parole » chez quelques-uns, conduise à sa confiscation chez tous les autres. Dans une démocratie mature, là est la peau de banane.
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