TOUT EST DIT

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jeudi 21 novembre 2013

Schumpeter, réveille-toi !


Economiste d’origine autrichienne, ses travaux s’articulent autour de trois idées centrales : le marché, l’entrepreneur et l’innovation, et l’évolution des systèmes sociaux.
Quand tout va mal, deux règles fondamentales s’imposent : revenir au bon sens ; se référer aux classiques. L’un d’entre eux n’est quasiment jamais enseigné dans nos écoles. Du moins en France. Partout dans le monde, il est pourtant célébré comme l’un des grands économistes du vingtième siècle : Joseph Schumpeter (1883-1950). Economiste d’origine autrichienne, ses travaux s’articulent autour de trois idées centrales : le marché, l’entrepreneur et l’innovation, et l’évolution des systèmes sociaux. Esprit hors pair, doté d’un grand sens de l’humour (il avait déclaré avoir trois objectifs dans l’existence : être le plus grand économiste au monde, le plus fin cavalier d’Autriche, et le meilleur amant de Vienne et avait précisé avoir atteint seulement deux de ses ambitions, mais sans préciser lesquelles...), celui qui deviendra professeur d’économie à Harvard et le maître de toute une génération d’économistes de l’après-guerre (Robert Heilbroner, Paul Samuelson, Robert Solow, etc.), étudie sous les auspices de Friedrich von Wieser, Eugen von Böhm-Bawerk et Carl Menger à l’Université de Vienne. Pour autant, pour ceux qui s’intéressent aux différentes familles composant la pensée libérale, la théorie économique de Schumpeter, en particulier sa théorie des prix, plus affiliée au marginalisme de l’école de Lausanne, n’est pas entièrement « autrichienne ». Il ne dissimule pas son intérêt pour Adam Smith, Turgot et Jean-Baptiste Say, mais c’est à Léon Walras qu’il voue une réelle admiration.
Que nous apprend Schumpeter ? La place centrale de l’innovation dans le processus de développement et de croissance. C’est dans ce cadre qu’il analyse les cycles de long terme dits « de Kondratieff » (Le Cycle des affaires, 1939). Il les commente à l’aide du concept fondamental de « destruction créatrice ». Le processus de croissance économique est rythmé par la destruction d’entreprises et d’industries suivie de leur remplacement par de nouveaux acteurs utilisant des nouvelles techniques de production. L’artisan de cette innovation est l’entrepreneur, l’inventeur, celui qui imagine et met en place de nouvelles combinaisons de facteurs productifs. Pour autant, s’il s’en fait un fervent défenseur, Schumpeter n’entend pas idéaliser le capitalisme, contrairement, selon lui, à Friedrich Hayek à qui il reproche, à mon sens de manière excessive, dans son Histoire de l’analyse économique (1954), de ne s’attacher qu’à un libéralisme abstrait. Tous deux se retrouvent en revanche sur un point : leur scepticisme face au keynesianisme ambiant.
La grande leçon de Schumpeter pour une France qui a perdu la clé de la croissance et de l’emploi, c’est de comprendre qu’il est non seulement inutile mais nuisible à l’ensemble de l’économie d’intervenir au moyen de fonds publics pour tenter vainement de sauver une entreprise embourbée dans une industrie du passé. Il vaut mieux qu’elle ferme, que les patrons comme les salariés perdent leur emploi, mais qu’ils en retrouvent immédiatement un autre dans une entreprise innovante qui vient de voir le jour. Or cette dernière émerge mille fois plus facilement dans une société ouverte au monde, récompensant la prise de risque et le profit tiré de l’innovation, et débarrassée de l’esprit de précaution. A quand un candidat schumpétérien ?

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