mardi 12 novembre 2013
Hollande sifflé: l’homme et la fonction
Hollande sifflé: l’homme et la fonction
Le degré zéro de la réflexion politique ! Les sifflets à l’adresse du président de la République, hier sur les Champs-Élysées et à Oyonnax, en pleine commémoration du plus grand drame qu’a connu l’Europe, ne devraient susciter que mépris silencieux.
Le dilemme est à chaque fois le même : n’en point parler au risque de banaliser des comportements lamentables ? Condamner au risque d’amplifier des provocations minoritaires ? C’est, de toute façon, un événement, ne serait-ce qu’en raison du nombre d’interpellations et de la condamnation du ministre de l’Intérieur, silencieux depuis quinze jours devant tout ce qui porte bonnet rouge.
Outre l’irrespect à l’égard de ceux qui sont tombés pour la France, cette bêtise antipatriotique, attribuée à des militants d’extrême droite, traduit d’abord une ignorance du sens même d’une commémoration et une confusion totale à l’égard de l’institution présidentielle.
Le Souvenir, avec un « S » majuscule, sert précisément à comprendre ce qui fait qu’à un moment donné on passe de l’argument aux armes, de la civilisation à la fureur. Commémorer, pour un Président, ce n’est pas défendre une idée partisane, mais incarner les valeurs de la République tirées de l’histoire.
Ceux qui ne l’ont pas compris sont incapables de dissocier l’homme, François Hollande, de la fonction. Si on a quelque chose à lui dire sur ses choix, ce n’est surtout pas le moment, le lieu ni la méthode.
La seconde réflexion qu’inspire cette délinquance politique tient à son caractère vain. À Quimper aussi on a vu des banderoles « démission ». François Hollande est légitime jusqu’en 2017. Faire croire le contraire répand une idée fausse qui ternit le pays autant qu’elle affaiblit son président.
Mais on ne peut pas s’empêcher de penser que ces comportements profitent d’une exaspération prête à faire fi de toutes les règles du débat public. Le climat général fait que des minorités se sentent autorisées à agir de la sorte.
Les bonnets rouges bretons se désolidarisent de cette action. Soit. Le Front national aussi. Mais on voit bien, à travers le symbole d’un couvre-chef devenu le marqueur de la contestation, à quel point les excès impunis deviennent source de mimétisme, d’inspiration ou de récupération.
On ne brûle pas des portiques et des radars, on n’enfonce pas le portail d’une sous-préfecture sous l’œil amusé de certains responsables, sans que ces actes, tardivement réprimés, inspirent les esprits les plus exaspérés, les plus primaires ou les plus extrémistes.
Manuel Valls pensait qu’à trop punir certaines expressions de la colère bretonne, il risquait de la décupler. Son attentisme inhabituel, sur ces terres socialistes et face à un mouvement déroutant, serait plutôt facteur de contagion à en juger par les dérapages un peu partout en France.
Au-delà des provocations d’hier, le malentendu, confirmé par les derniers sondages, entre l’opinion et François Hollande, est très profond. Qu’il garde son cap ou qu’il en change, il va devoir expliquer la France qu’il veut, le sens des efforts demandés. Mais il faut aussi que chacun admette que le vandalisme n’a aucune justification dans un pays où l’on a le droit, la chance, le devoir, de s’exprimer par le vote.
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