TOUT EST DIT

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samedi 9 novembre 2013

Éphémère armistice

Éphémère armistice


Les grands événements de l'Histoire appellent forcément les grands discours. En lançant hier les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, François Hollande a déployé un talent reconnu. Celui de dire des choses justes avec des mots soigneusement choisis, évitant les hiatus de ses improvisations parfois laborieuses. Il a aussi retrouvé l'usage de l'anaphore, figure stylistique de répétition qui lui avait si bien réussi comme candidat. Les circonstances d'exception lui ont ainsi permis de redonner du lustre à une parole galvaudée dans les marécages de l'affaire Leonarda.
Dans l'entourage élyséen, on s'était plu à souligner que le chef de l'État allait profiter de l'occasion pour (re)prendre de la hauteur tout en délivrant des messages intemporels. Au total, le propos de François Hollande aura été beaucoup plus politique qu'historique. Plutôt que de donner une leçon d'histoire, il a invité les Français à tirer les leçons de l'Histoire. Certes, il y a eu des annonces à la forte symbolique comme la reconnaissance accordée aux fusillés qui auront une large place au Musée de l'Armée.
Il n'empêche que les références explicites à la situation actuelle de la France ont jalonné son intervention. Outre les rappels intransigeants aux grandes valeurs de la république, François Hollande a insisté sur la nécessité, pour les Français, de faire bloc afin de gagner les nouvelles guerres économiques. Le chef de l'État est allé jusqu'à délivrer, en fin de discours, un ordre de mobilisation sous forme de triptyque : « Réformer, réussir, réunir. »
Et l'on touche ici aux limites de l'exercice. Comment passer d'un imaginaire collectif enchanteur à la réalité de nos incessantes déchirures ? On ne peut que souscrire à l''cuménisme du discours présidentiel tout en s'interrogeant sur sa réelle traduction pratique. L'Élysée aimerait en faire un « marqueur » du quinquennat. Il est pourtant peu probable que la célébration du centenaire de la Grande Guerre suffise à sortir le « soldat Hollande » du bourbier des sondages. En guise de mobilisation générale, il risque fort de n'obtenir qu'un éphémère armistice.

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