TOUT EST DIT

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vendredi 4 octobre 2013

S'il suffisait d'un recadrage...

S'il suffisait d'un recadrage...

François Hollande a failli réussir sa rentrée. À six mois des municipales, l'exécutif éprouve les plus grandes difficultés à s'affirmer. Le malaise dépasse largement l'affaire des Roms. Pour se remettre dans le sens du vent, le recadrage d'hier, en Conseil des ministres, aussi sévère soit-il, ne suffira pas.
Les indicateurs économiques s'ébrouent un peu ? Un bug improbable dans les inscriptions à Pôle emploi vient semer le trouble sur les chiffres du chômage, pour une fois à la baisse.
Jean-Marc Ayrault annonce un coup de frein de 15 milliards sur la dépense publique ? Pierre Moscovici admet lui-même l'existence d'un ras-le-bol fiscal et libère une exaspération qui met en doute la promesse présidentielle d'une pause fiscale.
Vincent Peillon espérait faire des rythmes scolaires un marqueur de la politique de gauche revenue au pouvoir ? L'UMP s'empare des cafouillages dénoncés par les maires, les parents et les syndicats d'enseignants, faute de moyens humains et financiers suffisants.
Répondant au sentiment d'insécurité, Manuel Valls tient un discours ferme, très ferme, sur les Roms ? Cécile Duflot en fait un psychodrame gouvernemental qui détourne les regards de la crise des écologistes et occulte le message de courage que François Hollande voulait délivrer, le même jour, à Florange.
Ces couacs exaspèrent d'autant plus François Hollande que les sondages sont fort minables pour la majorité, formidables pour le Front national. Or, ces thèmes qui font la vie quotidienne des Français - insécurité, impôts, vie scolaire... - sont précisément ceux qui profitent le plus à Marine Le Pen et dont Jean-François Copé espère faire son miel de campagne.
Corde raide
Le problème n'est pas tant le supposé manque d'autorité du président de la République que les conditions de gouvernance.
On dépend toujours de ceux dont on a besoin : Manuel Valls et sa popularité pour retirer des arguments à la droite ; Cécile Duflot pour préserver la tumultueuse coalition rose-vert. François Hollande ne pouvait donc sanctionner ni l'un ni l'autre. Tout juste en appeler à la solidarité gouvernementale, et exiger du Premier ministre qu'il tienne ses troupes.
Un dernier recadrage avant le prochain ? Quand le navire prend l'eau, la tentation du chacun pour soi devient un réflexe. Chacun joue sa partition : sécuritaire, écologique, fiscale. Cette perte de cohésion signifie tout simplement que la corde entre le souhaitable et le possible, entre ce que l'exécutif pense bon pour le pays et ce que chacun juge supportable pour lui-même, menace de se rompre.
Le gouvernement exige un effort sans précédent pour, dans le temps contraint du quinquennat, éponger les dettes et investir dans l'avenir. Mais un effort tel que les Français, qui n'en peuvent plus de voir monter les prélèvements et baisser le pouvoir d'achat, se désolidarisent de cette politique. L'impôt bien dosé, c'est le ciment de la solidarité nationale ; l'overdose d'impôt, une chape qui écrase le contribuable, le consommateur, l'investisseur.
Au final, le gouvernement s'affaiblit parce que l'exigence de solidarité fait basculer le citoyen du chacun pour tous au chacun pour soi. Situation propice, au sein de la gauche, à tous les démarquages ; et favorable à la droite qui additionne les mécontentements individuels. Même si l'exploitation des colères ne fait pas une politique de rechange, elle peut faire trébucher une majorité.

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