TOUT EST DIT

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mardi 8 octobre 2013

L'avertissement de Brignoles

L'avertissement de Brignoles

Depuis que François Hollande est président, la droite remporte toutes les élections partielles. Plus exactement, la gauche les perd toutes. La cantonale de Brignoles (Var), avec un FN en tête et une majorité éliminée au premier tour, sonne comme un cinglant avertissement, à six mois des municipales. Mais pas seulement pour les socialistes.
Ceux qui jouent les experts effarouchés auraient pu l'anticiper : toutes les partielles, surtout les cantonales, sont marquées par une forte abstention. Toutes sanctionnent la majorité en place, à plus forte raison lorsqu'elle domine le paysage et mène une politique désavouée dans les sondages.
Première nouveauté : l'effondrement de la majorité ne profite pas à la droite classique, en particulier à l'UMP, qui perd des voix. Le rejet d'une politique ne provoque pas de désir automatique d'alternance. Les électeurs ne feraient plus confiance aux partis traditionnels.
Pour cela, la droite a besoin d'apaisement - ce n'est pas gagné avec l'offensive Fillon et le suspense Sarkozy - et d'un projet crédible. Il ne suffira plus de dénoncer l'instrumentalisation du FN pour diviser la droite, argument dépassé : on sait que le discours social de Marine Le Pen séduit une partie de l'électorat populaire jadis acquis à la gauche.
Seconde particularité : le scrutin de Brignoles illustre autant une démobilisation générale qu'une mobilisation des extrêmes. Ainsi, le Front national, même porté par l'actualité et une image plus moderne, ne totalise « que » 13 % du corps électoral. Il progresse en pourcentage - au point de pouvoir gagner, dimanche - du seul fait que son électorat est le seul mobilisé. Avis aux abstentionnistes : à 20 ou 25 %, il ferait évidemment un malheur.
Bonnes et mauvaises réponses
Les réponses des perdants à cette défiance inédite ont quelque chose de pathétique.
Faire l'alliance des gauches dès le premier tour, réclame le PS ? Unie ou désunie, la majorité, à cet instant du quinquennat, a perdu la moitié de son électorat. Pour cause de chômage et de fiscalité.
Construire une digue anti-FN au second tour ? Entendre un candidat communiste appeler à voter UMP risque surtout de valider la thèse selon laquelle gauche et droite, c'est blanc bonnet et bonnet blanc. Le front républicain peut être une réponse exceptionnelle - Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen, en 2002 - mais pas une règle générale, si l'on veut éviter la confusion.
Une politique plus à gauche, mais avec quels moyens ? Ce scrutin va raviver les tensions, dans la majorité, entre défenseurs et pourfendeurs de la rigueur. Le débat budgétaire, la semaine prochaine, risque d'être tendu.
Multiplier les sorties, dans les deux sens du terme, de Manuel Valls ? C'est encore mettre le FN au centre du débat et admettre en creux que le ministre, pourtant le plus populaire, n'a pas éradiqué les raisons de la colère.
Face à ce piège, trois réponses. La première : donner de la cohérence à une politique d'autant plus difficile à défendre sur le terrain qu'elle semble improvisée. La seconde : expliquer les effets désastreux, sur le pouvoir d'achat, le niveau de vie et l'emploi, d'une sortie de l'euro et de l'Europe, telle que la prône le FN. La troisième : évidemment, réussir le redressement. Mais ça, c'est une autre histoire qui a peu de chances de s'écrire avant les municipales.

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