TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 8 octobre 2013

Ces enfants mendiants qui ne choquent plus personne

Ces enfants mendiants qui ne choquent plus personne

Et ça n’avait choqué personne jusque-là ? De voir chaque jour dans la saleté du métro ou dans le froid glacial de la rue, des enfants de 3-4 ans, des nouveaux-nés parfois, passer des journées entières à même le sol, les mains bleues de froid, à côté de « parents » roms qui vous réclament la piécette en mettant ces petits en avant ? C’est quelque chose d’insupportable et de très concret à chaque coin de rue ou à chaque rame de train. On n’en parle pas. Personne ne dit rien de particulier à ce sujet. C’est culturel ça aussi ? Il a fallu attendre 2013 et Claude Bartolone pour suggérer qu’il s’agissait bien de mauvais traitements à enfants et réclamer l’interdiction de ces pratiques barbares.
Pour être honnête, en 2003, devant l’ampleur du phénomène, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait souhaité punir la mendicité avec enfant dans sa loi de sécurité intérieure. Depuis l’entrée en vigueur de ce texte, le code pénal considère que « le fait de maintenir un enfant de moins de six ans sur la voie publique ou dans un espace affecté au transport collectif de voyageurs, dans le but de solliciter la générosité des passants » constitue un délit de privation de soins, passible de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 euros.
Mais selon une jurisprudence de la cour de cassation de 2005, ce délit ne peut être constaté que si l’on prouve que la santé de l’enfant accompagnant le mendiant est altérée. Les magistrats avaient arbitré en ce sens après la double relaxe d’une mère de famille rom qui mendiait sur les Champs-Elysées avec son fils de deux ans. En première instance, puis en appel, les juges – particulièrement de bonne foi – avaient estimé qu’il n’était pas démontré que la santé de l’enfant avait été compromise par son maintien quotidien sur la voie publique… Ils ont purement et simplement rendu la loi inapplicable.

La conscience du bobo

Il y a déjà des années, en prenant le train sur la ligne Saint-Lazare-Saint-Nom la Bretèche, je croisais presque tous les jours à la même heure un rom particulièrement crasseux d’une bonne soixantaine d’années et une petite fille d’environ 6 ans. Chaque fois qu’il est venu me demander de l’argent (assez vite il m’a repérée et évitée soigneusement en me lançant des regards furibards depuis l’autre côté du wagon) je lui ai dit à voix forte que c’était scandaleux (et illégal) d’exploiter des enfants, que cette petite fille devrait être à l’école et qu’il y avait des services sociaux en France pour s’occuper d’elle.
La plupart du temps, les voyageurs plongeaient craintivement leur nez dans leurs portables ou regardaient ailleurs sous les grommellements de plus en plus insultants et agressifs du vieux. Un jour un bobo parisien s’est dressé pour prendre sa défense en me disant :
« Il n’a pas le choix madame, il n’a pas le choix de mendier et d’être pauvre, ce n’est sûrement pas la bonne méthode de se révolter comme vous le faites. Vous êtes choquante madame ».
C’était moi la plus choquante dans le tableau. Et lui de descendre dignement à la Celle-Saint-Cloud avec son bagage Vuitton et son sac écolo de chez Monde Ethique. Sans avoir donné d’ailleurs au passage la moindre pièce ni le moindre ticket restaurant aux pauvres en question.
Quelques semaines après sur cette même ligne, un réseau rom était démantelé. Ces criminels réduisaient des enfants à l’état d’esclaves pour mendier. Une quinzaine de mineurs déscolarisés étaient forcés à voler en remplissant des quotas journaliers précis. Onze suspects ont été interpellés. Mais les faire arrêter par la police était encore sûrement ce qu’il y avait de plus choquant.

0 commentaires: