jeudi 5 septembre 2013
Retraites : la France mécontente
Retraites : la France mécontente
Décidément, en France, l’indice de satisfaction reste du domaine de la théorie. Selon le dernier sondage Ifop publié mercredi par le magazine Pèlerin, ce sont désormais 74 % des Français qui ne sont pas satisfaits de la réforme des retraites présentée par Jean-Marc Ayrault.
Ça fait tout de même beaucoup, trois quarts de nos concitoyens ! Surtout qu’il ne s’en trouve que 2 % pour être « très satisfaits ». Sans doute n’avaient-ils pas compris la question…
Oh ! certes, les insatisfaits sont plutôt des sympathisants de l’UMP, et l’on imagine déjà Pépère fourguer ledit sondage au panier. Pas trop vite, toutefois. Car, s’il prend le temps de lire les chiffres jusqu’au bout, il s’apercevra que 80 % des 25-49 ans en font également partie. Alors qu’on aurait pu – dû ? – supposer que cette tranche d’âge n’envisageait pas, déjà, l’heure de la retraite. Ce qui prouve que, à force d’être matraqués, les Français sont décidés à réfléchir un peu, et à voir plus loin que le bout de leur nez.
Pour Hollande, la question est tout de même cruciale, parce qu’elle a une conséquence immédiate sur sa popularité. Même si celle-ci, selon la formule de l’AFP, « remonte mais reste basse ». Genre quadrature du cercle sans doute.
Cela dit, à l’Ifop, on commente en assurant que cela signifie que, « en plein conflit syrien, 55 % des Français jugent qu’il défend bien les intérêts du pays à l’étranger ». Va falloir qu’on me les présente ceux-là. Ce ne sont pas précisément ceux que l’on croise au café, ou dans le métro.
Il est vrai que le commentateur ajoute : « Sa gestion de la réforme du système des retraites semble à ce stade avoir été bien perçue par l’opinion. »
Ah ?
Ce n’est pas précisément ce qu’a compris le collectif « La Retraite une affaire de jeunes » qui redoute, au contraire, que les jeunes soient « les premiers perdants » de cette réforme. Et appelle en conséquence à la mobilisation le 10 septembre.
« Désolé les jeunes, aujourd’hui vous êtes précaires, demain vous allez être au chômage, et après-demain vous n’aurez pas de retraite à taux plein », a ainsi lancé Emmanuel Zemmour, président de l’Unef, lors d’une conférence de presse.
Faut tout de même pas en conclure que le gouvernement ne serait composé que d’esprits obtus… Ainsi le ministère de la Fonction publique, sous la férule de Marylise Lebranchu, envisage-t-il d’étaler dans le temps les hausses des cotisations retraites des… fonctionnaires.
On sait déjà que ça ne leur suffira pas. Pour FO, Christian Grolier observe : « Ça ne m’étonne pas qu’on essaye d’atténuer le choc supplémentaire de baisse du pouvoir d’achat ; mais pour nous ce n’est absolument pas une solution. La solution, c’est l’augmentation de la valeur du point. Donc, ce n’est pas cet artifice technique qui va nous satisfaire. »
On s’en doute…
Mais il y a pire. A savoir le manque de psychologie manifeste de nos dirigeants. Au moment où trois quarts de nos concitoyens clament leur insatisfaction d’une réforme, annoncer un coup de pouce, si dérisoire soit-il, en faveur des fonctionnaires, ce n’est pas précisément se rendre favorable l’opinion publique.
Il est vrai que, au point d’impopularité auquel il est arrivé, François Hollande ne peut plus guère se permettre d’illusions.
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