TOUT EST DIT

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jeudi 5 septembre 2013

Non, le travail n'est pas un gâteau

Michel Rocard et Pierre Larrouturou persistent dans l’erreur et promeuvent une nouvelle réduction du temps de travail pour lutter contre le chômage.


C'est un argument qui revient régulièrement dans la bouche des socialistes de tous horizons : il y a de moins en moins de travail à pourvoir et de plus en plus de personnes sans emploi. La solution est donc simple : il faut réduire le temps de travail des gens qui ont un travail – sans perte de salaire, cela va de soi – et donner la quantité de travail restante aux chômeurs.

Cette approche résulte d'une conception particulière de notre univers : elle signifie que la quantité de travail est finie, qu'elle présente une limite supérieure indépassable tout comme la croissance qui en est à l'origine. Or force est de constater que la croissance existe encore. Mais contrairement à ce que croit massivement nos gouvernements, elle ne se décrète pas par des lois. On peut juste lui donner des conditions favorables d'exister. Ni plus, ni moins. C'est alors aux investisseurs de faire le reste, à savoir créer de la richesse et donc des emplois [1]. Quant à la baisse du temps de travail, elle peut exister, mais doit résulter de gains de productivité et en aucun d'une loi.
D'ailleurs au regard de l'histoire, aucune baisse – significative – du chômage n'a été enregistrée par la baisse du temps de travail, pas plus en 1936 avec les 40 heures hebdomadaires [2] que depuis 1998 avec la fameuse loi des 35 heures [3]. Pourtant l'échec de ces mesures pousse ses promoteurs à pousser le raisonnement encore plus loin : comme 35 heures par semaine, c'est apparemment encore trop, ils veulent descendre à 32 heures [4], voire même à 28 heures. À ce compte-là, si on passe à la semaine de 2 heures, je pense – sans nulle hésitation – que le chômage devrait disparaître avant la fin de l'année...
Non, si le gouvernement actuel veut faire baisser durablement le chômage il faut qu'il éclaircisse d'urgence l'horizon des investisseurs potentiels. Que ce soit sur la réglementation du travail, rendue complexe par l'amoncellement constant de lois, ou bien la fiscalité alourdie, ces revirements continuels n'ont de cesse de fragiliser la confiance en l'avenir. Stabiliser et assouplir ces contraintes redonneront l'impulsion nécessaire à l'investissement et à la croissance, nécessaires à la création d'emplois. Car la politique – il s'agit toujours de la même – menée en France depuis plus de 40 ans, ne produit que pénurie et déserts industriels. Un comble quand on voit les progrès technologiques effectués sur la même période.
  1. Rappelons-nous la phrase d'Helmut Schmidt, ancien chancelier de la RFA : "les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après demain". 
  2. Alfred Sauvy déclara dans son ouvrage Histoire économique de la France entre les deux guerres que la reprise économique n'aura véritablement lieu qu'avec assouplissement de la loi en 1938. 
  3. À ceux qui me diront le contraire, je leur conseille de regarder les chiffres de la croissance et ceux du chômage sur les quinze dernières années... 
  4. C'est ce que promeuvent Michel Rocard et Pierre Larrouturou dans leur livre commun, La Gauche n'a plus le droit à l'erreur, Flammarion, 2013. 

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