TOUT EST DIT

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dimanche 29 septembre 2013

L’enfance bafouée

L’enfance bafouée


Irrépressible envie de hurler son dégoût, de pleurer sa tristesse en revoyant la jolie frimousse de Fiona livrée à la forêt obscure. Inimaginable violence, insupportable mensonge d'une mère sous influence, incroyable et morbide mise en scène de la douleur. Innocence bafouée. Les mots sont vains quand l'incompréhension est aussi grande, quand le cauchemar brouille l'entendement et défie nos repères habituels. Souvenons-nous pourtant que notre émotion aussi a été dupée quand, il y a quelques mois, nous manifestions notre solidarité avec les larmes hypocrites. La vérité n'est jamais une évidence, elle ne peut être que certitudes. Laissons les enquêteurs et la justice avancer sur le chemin de l'effroi et gardons-nous des condamnations d'aujourd'hui comme de nos hâtifs emballements d'hier.
Pour horrible et sordide que soient la dissimulation de la faute et la manipulation des bons sentiments, la tragique fin de Fiona est un meurtre hélas ordinaire. Nos colonnes rappelaient des drames similaires et l'actualité récente n'a pas été avare de faits aussi cruels dont les victimes sont des enfants pris dans la tourmente de la séparation, du mensonge ou du vice.
Ce drame est un drame de la misère éducative et affective qui trop souvent conduit à des actes monstrueux. Plus qu'à un malheur de la misère au sens où on l'entend habituellement, nous sommes face à un déficit d'apprentissage des valeurs qui ne permet plus à l'individu de construire ses systèmes de contrôle. Lorsque la violence devient l'unique moyen de surmonter les difficultés et de gérer les conflits des adultes, les arguments perdent leur sens, les marqueurs humanitaires et les bornes de la vie en société s'effacent. L'histoire des grands faits divers reste dans nos mémoires parfois voyeuristes et témoigne de ce que la perte du principe de réalité peut générer des Petiot.
L'erreur serait de regarder ces monstres comme n'appartenant pas à l'humanité. Ils sont de notre espèce comme l'était Hitler et comme l'est aussi al-Assad. En les éliminant on n'éliminera pas l'arc de la monstruosité. Ils portent une part de nous. C'est l'autre raison d'être bouleversés.

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