TOUT EST DIT

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mardi 17 septembre 2013

Légitime défiance

Légitime défiance


Le drame de Nice, où un bijoutier a tué l'un de ses braqueurs qui s'enfuyait, alimente une polémique dévastatrice, assortie de condamnations contradictoires et sans appel. Il y a ceux qui plaident la légitime défense d'un honnête homme agressé par un multirécidiviste. Et il y a ceux qui accablent le commerçant et pleurent un jeune de 19 ans qui ne « méritait pas ça ». Le défoulement incontrôlé des réseaux sociaux a contribué à l'exacerbation des passions. Peut-on essayer d'y échapper, hors considérations partisanes et insinuations déplacées ? Dans cette tragédie qui n'a fait, au bout du compte, que des victimes, il doit y avoir place pour la réflexion.
Pourquoi ergoter sur le formidable mouvement de soutien au bijoutier, en évoquant des manipulations sur Facebook ? Le rassemblement d'un millier de personnes, hier après-midi à Nice, suffit à montrer une émotion vraie et une exaspération réelle. Cela ne suffit pas pour autant à faire du commerçant un innocent. Dans l'engrenage fatal, déclenché par son agresseur, il a tué dans un réflexe irraisonné. D'un point de vue légal, la légitime défense ne saurait être retenue. Sauf à banaliser l'autodéfense.
Cela ne fait pas pour autant du bijoutier, qui mérite de larges circonstances atténuantes, ce « cow-boy » dénoncé par la famille de la victime, trop complaisamment invitée à s'exprimer dans les médias. Il y avait chez ce gamin, déjà 14 fois condamné, une banalisation des agressions et des risques qui vont avec. Qu'ont fait ses parents pour le corriger ?
En vérité, le « ras-le-vol » populaire exprimé devant la multiplication attestée des cambriolages commande une réponse du pouvoir dépourvue d'ambiguïté. Dimanche soir, François Hollande a réclamé « La justice, toute la justice, rien que la justice ». Quand la police ne parvient qu'à élucider 10 % des braquages, quand la justice condamne 14 fois en pure perte, comment se fier au système ? Les options prises dans la loi pénale à venir seront inopérantes sans y mettre des moyens énormes. Pas étonnant, dans ces conditions, que se développe dans l'opinion un sentiment de légitime défiance.

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