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samedi 14 septembre 2013

Le prix à payer pour le 'romantisme' allemand: le lent suicide de l'Allemagne

« L’Allemagne est en train de commettre son lent suicide », estime Ambrose Evans-Pritchard du Daily Telegraph. Le pays a misé son avenir sur la manufacture et l’industrie, mais sans y associer une politique énergétique adéquate. Selon le ministre de l’environnement, Peter Altmaier, les énergies renouvelables pourraient coûter 700 milliards d’euros au pays d’ici 2030 dans le meilleur des scénarii, et 1000 milliards, dans le pire des cas. Le journaliste affirme que l’Allemagne pourrait lentement perdre son statut de super-économie, et pas seulement à cause de son vieillissement démographique, et de son soutien trop onéreux à la monnaie unique.
« La Chancelière Angela Merkel a lié un boulet aux chevilles de son pays lorsqu’elle a subitement – et de façon désinvolte – abandonné sa politique nucléaire après le désastre de Fukushima en 2011 », écrit-il. Il s’agissait d’une tactique politique, aucunement basée sur des considérations scientifiques. La chancelière, qui est à l’origine une spécialiste de l’atome, n’ignore probablement pas que les centrales nucléaires allemandes ne risquent pas d’être inondées comme l’a été celle de Fukushima au moment du tsunami. Mais elle a répondu à l’angoisse de son peuple, ordonné la fermeture immédiate de 8 réacteurs nucléaires, et programmé celle des autres réacteurs du pays pour 2022. Un cinquième de la production électrique allemande va ainsi disparaître. En contrepartie, la chancelière a lancé un programme de substitution de 50% de la production électrique allemande avec des énergies renouvelables pour 2035, et de 80% pour 2050. « Du romantisme », juge le journaliste.
Son pari, c’est qu’en devenant le fer de lance des énergies renouvelables, l’Allemagne inciterait d’autres pays à la suivre. Mais c’était sans compter sans la concurrence chinoise, bénéficiant d’une main d’œuvre bon marché, d’un yuan faible, et des emprunts d’Etat subventionnés. L’industrie solaire allemande n’y a pas résisté. QCells, Conergy, Solon et Solarworld ont ou bien déjà déposé le bilan, ou bien sont à genoux. Désormais, 8 des 10 plus grandes firmes du solaires sont chinoises. Les Allemands ont dépensé 100 milliards d’euros dans le solaire qui ont conduit à la démocratisation de cette technologie dans le monde, mais ils n’en seront pas les principaux bénéficiaires.
Des éoliennes en Mer Baltique, capables de produire 25.000 mégawatts, devaient compléter la production électrique pour 2030. Mais jusqu’à présent, la capacité de celles qui ont été installées culmine à 300 mégawatts, et l’infrastructure n’est pas prête. Pour compenser, l’Allemagne s’est donc tournée vers le charbon, et la lignite, ce qui a augmenté la production de gaz à effet de serre de 1,6% l’année dernière. Le réseau subit des surcharges énergétiques ruineuses pour les compagnies électriques E.ON et RWE, qui envisagent de fermer des centrales électriques.
La Fédération de l’Industrie Chimique allemande a déjà réclamé un gel des prix de l’énergie, pour éviter à ses membres de se faire distancer par leurs concurrents internationaux. Le tarif de l’électricité est le double de celui que les firmes américaines payent, tandis que les prix du gaz naturel sont 4 fois supérieurs, ce qui a déjà provoqué des délocalisations outre-Atlantique.
Cette flambée des prix de l’électricité provient du subventionnement des énergies vertes, décidé par la coalition du SPD et des Verts il y a une vingtaine d’années. Cette mesure devait être financée par une taxe prélevée sur les factures d’électricité. « Ça ne coûtera pas plus cher aux consommateurs qu’une boule de crème glacée », avait dit alors Jurgen Trittin, qui dirigeait le parti des Verts. Mais la taxe n’a fait que monter, d’autant que les industries grandes consommatrices d’énergie en sont exemptées pour protéger leur compétitivité sur les marchés mondiaux. Rien que cette année, la hausse atteint 47%. Merkel avait misé sur une augmentation du prix de l’électricité dans le monde, qui aurait supprimé le besoin de collecter la taxe. Mais la chancelière n’avait pas vu venir la révolution du gaz de schiste aux Etats-Unis…
La situation est confuse : les entreprises qui ont fait le plus d’efforts pour être moins énergivores, sont pénalisées par la taxe ; celle-ci est désastreuse sur le plan politique, parce qu’elle impacte lourdement les ménages. Les propriétaires sont ceux qui peuvent s’offrir les installations solaires, et bénéficier des revenus qu’elles génèrent, payés par les gens qui ne peuvent que louer leur logement : en clair, les pauvres subventionnent les riches. 
Pourtant, la chancelière est « plus convaincue que jamais » que son pari énergétique est le bon. « Si quelqu’un peut réussir dans ce domaine, ce sont les Allemands. Ce n’est pas facile, mais nous pouvons y arriver », dit-elle. 

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