TOUT EST DIT

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jeudi 12 septembre 2013

Austérité : la machine à broyer


Dans un rapport glaçant, l’ONG Oxfam alerte sur les répercussions désastreuses des politiques d’austérité en Europe : pauvreté, chômage…et creusement de la dette.
« Si les mesures d’austérité se poursuivent en Europe, 15 à 25 millions de personnes supplémentaires pourraient se retrouver en situation de pauvreté d’ici 2025. » C’est par cet avertissement, sibyllin mais limpide, que s’ouvre le rapport d’Oxfam. Intitulé « Le piège de l’austérité »,le texte que l’ONG publie aujourd’hui sur son site, devrait faire date tant il fait froid dans le dos. Cette austérité, inoculée par la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne), n’est autre qu’un « médicament qui cherche à guérir la maladie en tuant le patient », estime l’ONG, qui exhorte les gouvernements européens à « s’éloigner » d’urgence de ces mesures d’austérité.

Une pauvreté qui explose…comme la dette !

Car les coûts sociaux du remboursement de la dette sont lourds. Très lourds. En une quarantaine de pages, glaçantes, Oxfam compte les victimes. La réduction des dépenses publiques (de 40 % en quatre ans en Irlande, et d’environ 12 % en Espagne et Grande-Bretagne) a supprimé des millions d’emplois et fait fondre les services publics, « rendant la pauvreté bien plus compliquée à surmonter ». Tandis que le chômage longue durée atteint des valeurs record depuis 2000, celui des jeunes continue de flamber (56 % en Espagne, 59 % en Grèce, 42 % au Portugal). Mais les Etats, Grèce et Italie en tête, continuent « à affaiblir la sécurité du travail en promulguant des politiques qui suppriment les protections contre les licenciements injustifiés ». Les travailleurs pauvres se multiplient et les salaires réels chutent, notamment « dans les pays ayant opté pour une réduction agressive des dépenses » : dégringolade de 10 % en Grèce, de 3,2 % au Royaume-Uni et au Portugal. De l’autre côté, la hausse de la TVA, mesure essentielle des plans d’austérité, conduit à une « imposition régressive qui affecte de manière disproportionnée les personnes à revenus plus modiques ». Pendant ce temps, « les plus riches ont vu leur part de revenus totaux augmenter », poursuit l’ONG, qui pointe le creusement des inégalités qui, non contentes de faire augmenter la criminalité, l’échec scolaire, etc., « augmente le risque de crises économiques majeures ». Pis, après trois ans de mise en œuvre,« l’austérité ne respecte même pas ses propres engagements […]. La majorité des pays de l’UE ont vu leur rapport endettement / PIB augmenter ces quatre dernières années ».

Cauchemar

De là à imaginer une Europe, demain, aussi exsangue que l’Afrique ? Oxfam n’est pas loin de le penser : « L’expérience européenne est étonnamment similaire aux politiques d’ajustement structurels imposées à l’Amérique latine, à l’Asie du Sud-Est, et à l’Afrique subsaharienne dans les années 1980 et 1990. » Des pays eux aussi « aidés » par le FMI et la Banque Mondiale. Et qui ont mis des années (25 ans en Amérique Latine, plus de 10 ans en Asie du Sud-Est) pour – à peu près ! – s’en remettre.
Sur combien de générations les politiques d’austérité mises en place en Europe auront-elles des répercussions ? « Au mieux, les pays les plus touchés par l’austérité deviendront les plus sujets aux inégalités du monde occidental. Au pire, ils se classeront parmi les plus inégaux du monde entier.  » Sombre prophétie d’un monde où « les travailleurs lutteront de plus en plus pour trouver un emploi suffisamment rémunérateur, ou dont le temps de travail est suffisant, pour se hisser au-dessus du seuil de pauvreté ».
Se réveiller maintenant ou continuer le cauchemar… Oxfam avance ses solutions. Donner la priorité à un programme de relance, renforcer des politiques d’emploi « proactives », investir dans les services publics et dans la lutte contre la fraude fiscale, créer une taxe sur les transactions financières, mais aussi, renforcer la démocratie institutionnelle, avec la mise en place d’une « budgétisation participative ». Des pistes connues de tous, mais superbement ignorées. Dont Madame Merkel serait bien inspirée de se rappeler…

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