TOUT EST DIT

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mardi 27 août 2013

Réforme ou replâtrage ?


En cette rentrée déjà plombée par le chômage de masse et le choc fiscal, le gouvernement s'attaque, avec la réforme des retraites, au dossier le plus explosif de tous. Jean-Marc Ayrault termine aujourd'hui son tour de table avec les partenaires sociaux avant de dévoiler ses arbitrages d'ici la fin de la semaine.
À quoi faut-il s'attendre avant la présentation du projet de loi à la mi-septembre ? Pas au grand soir, ni au big-bang. À une réforme de plus, la quatrième en vingt ans. Un replâtrage homéopathique qui, selon le gouvernement, se veut plus juste que les précédents. Un bricolage inopportun selon l'aile gauche du PS mais destiné, toutefois, à combler les 7 milliards d'euros de déficit du régime général attendus en 2020.
Pour y parvenir, pas question, avait sommé le chef de l'État, de toucher à nouveau à l'âge légal de départ, reporté à 62 ans par la droite en 2010. Pas question non plus de s'attaquer aux régimes spéciaux, ni d'aligner le régime du public sur le privé. Les fâcheux calculs politiciens à l'approche des échéances électorales (municipales en mars, européennes en mai 2014) ont tué dans l'oeuf toute réforme d'envergure.
On l'a vu par le passé : coller des rustines à la va-vite sur les flotteurs d'un pédalo à la dérive ne suffit pas dans la durée à le maintenir au-dessus de la ligne de flottaison. Faute de courage politique et d'une indispensable réflexion globale sur l'État providence, on retient qu'il faudra bien un jour remettre le couvert.
Le coût du travail entre en jeu
En attendant, la réforme se dessine sur la base d'une hausse de la durée de cotisation, mais pas avant 2020. Estampillée à gauche avec la prise en compte de la pénibilité, des droits pour les femmes et les jeunes, déclenchera-t-elle l'onde de choc promise le 10 septembre par les syndicats les plus contestataires ? Pas sûr, car la CGT et FO sont loin d'afficher un front uni avec les centrales réformatrices à l'image d'une CFDT plutôt satisfaite. Une certitude : actifs, retraités et entreprises seront mis à contribution pour « sauver » ce système par répartition auquel les Français restent très attachés. Un dispositif qui pèse 13 % de la richesse produite chaque année par le pays.
Maintenant, comment passer à la caisse ? Via une hausse de la CSG, un brin controversée ces dernières heures ? Une hausse des cotisations patronales et salariales ? Un peu des deux ? Le suspense sur le financement demeure.
En recourant à la fiscalité, cet instrument usé par la gauche jusqu'à la corde, l'exécutif prendra-t-il le risque de freiner la consommation des ménages en mal de pouvoir d'achat, de gripper le moteur de la croissance, de mettre à mal la compétitivité de la France qu'il cherche par ailleurs à restaurer ?
(Sur) taxer n'est pas réformer. Pour contrer l'exaspération du patronat, vent debout lui aussi face au ras-le-bol fiscal, le Premier ministre a cherché, hier, à désamorcer la bombe en proposant au Medef une réflexion sur la baisse du coût du travail pour compenser une hausse des cotisations. Manoeuvre politique ou vraie main tendue ? L'avenir va vite nous le dire.

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