TOUT EST DIT

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lundi 26 août 2013

Les banques et le bagne

La rubrique des chiens écrasés dans les médias européens s’est enrichie ces derniers jours d’une information sur la mort subite d’un certain Moritz Erhardt, jeune Allemand de 21 ans, qui était stagiaire pour la banque d’investissement londonienne Merrill Lynch, filiale de Bank of America.


Il est décédé jeudi dernier dans son appartement londonien, après avoir travaillé pendant trois jours d’affilée jusqu’à 6 heures du matin. On apprend que pendant les six semaines de son stage ce régime de travail inhumain lui était imposé plus d’une fois par ses patrons qui d’ailleurs appliquaient le même traitement à tous leurs stagiaires qu’ils jugeaient insuffisamment zélés. Il est significatif que le porte-parole de Bank of America qui, avec l’habituelle hypocrisie de circonstance, a fait l’éloge « de l’abnégation exemplaire » de M. Erhardt s’est bien gardé de tout commentaire sur le rythme de son travail ou sur celui des autres stagiaires de la banque.
Il se trouve pourtant que ce détail révélateur est loin d’être l’unique témoignage du fait depuis longtemps établi que les banques d’investissement font travailler leurs stagiaires comme des forçats. Déjà en 2011 un jeune homme de 20 ans avait décrit au journal britannique Evening Standard ce cauchemar de tout stagiaire : « Un taxi vous ramène chez vous à 7 heures du matin et attend que vous vous soyez douché et changé pour vous ramener au travail. Ce rythme infernal s’appelle « carrousel magique ». Un autre « bagnard » a expliqué à ce même journal que «faire 100 heures dans la semaine est le minimum et que la moyenne tourne plutôt autour de 110».
Certes, le lien entre la mort de Moritz Erhardt et ses conditions de travail n'a pas encore clairement été établi. On prétend même que le jeune homme aurait souffert d’épilepsie qui serait susceptible d’être à l’origine de son décès. Soit. D’autant plus que les jeunes stagiaires soumis dans les banques à ce régime de travail inhumain ne meurent pas tous les jours comme des mouches, Dieu merci. Il n’en demeure pas moins que ce rythme de travail représente une violation flagrante des droits de l’homme et du principe d’égalité. Or, on a toutes les raisons de croire que si ce n’était pas la mort tragique de Moritz Erhardt, personne n’aurait prêté attention à cette politique discriminatoire pratiquée depuis longtemps par les banques d’investissement.
Par contre j’imagine facilement le tollé général si la direction de telle ou telle banque osait reprocher à l’un des stagiaires ses mœurs homosexuelles…

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