dimanche 25 août 2013
"À majorité incohérente, politique incohérente"
"À majorité incohérente, politique incohérente"
Rien n'y fait. La réalité reste toujours plus forte que les bonnes intentions, que les résolutions. Depuis qu'il est au pouvoir, François Hollande suit une route cahotante, hérissée d'obstacles qu'il peine à vaincre et que la plupart du temps il contourne. Sa résistance aux déconvenues est impressionnante. Singulier syndrome : plus on reçoit de coups, mieux on les encaisse. Il oppose au sort une confiance en soi, une certitude confondantes, indifférent à la sanction populaire.
Il n'a fallu que quelques semaines après son accession au pouvoir pour que son crédit plonge au plus bas. Depuis, il stagne. Dans les premiers temps, on mettait ce marasme sur le compte de l'inexpérience. Il est devenu quasiment structurel. Paradoxalement, de cette faiblesse Hollande fait une force. Qu'importe qu'on n'ait avec soi qu'un Français sur quatre si l'on dispose d'une majorité parlementaire suffisante pour durer, si l'on a en face de soi une opposition médiocre et si l'on sait montrer qu'on fait ce qu'on peut, si l'on sait jouer sur la crédulité du peuple, par exemple en promettant le bonheur à l'échéance de 2025 quand on ne sait même pas assurer le quotidien en 2013.
Ce mélange de bonne volonté, de rouerie et de pragmatisme laborieux tient lieu de politique. Bien malin celui qui saurait définir celle-ci précisément ! Elle emprunte à la plupart des modèles mis en oeuvre dans les démocraties occidentales depuis plus d'un demi-siècle. Elle se veut socialiste, mais qu'est-ce que le socialisme aujourd'hui, que sont devenus et le mot et la chose ? Il n'y a qu'une seule ligne de gauche, disent-ils. Oui, mais quelle ligne ? À défaut de l'avoir tracée, Hollande a réuni dans sa majorité et dans son gouvernement des sensibilités diverses, idéologiquement opposées, chacune revendiquant son appartenance à la gauche selon sa culture, son histoire et son intérêt propres, et dont l'addition est le reflet d'une majorité arithmétique, mais incohérente.
Comment la politique du gouvernement issue de cette majorité pourrait-elle ne pas être elle-même incohérente ? En quelques jours, la preuve éclatante, caricaturale même, de cette incohérence vient d'être apportée, sur le problème tant de l'insécurité que de l'immigration, du statut des autoentrepreneurs, etc., à la veille de la discussion de la réforme des retraites, objet attendu d'un cafouillage interne.
Cela dure depuis seize mois. Déjà le quart du mandat. Le pire est qu'on s'y est habitué. Qu'a-t-on opposé à ce désordre idéologique, à cette approximation politique ? À gauche, la déception n'a pas éteint l'espoir, par obstination idéologique. À droite, la raillerie, l'ironie, l'humeur, au mieux l'indignation ont tenu lieu de réaction, à défaut d'une opposition organisée. C'est un scandale de voir aujourd'hui l'UMP plus soucieuse de procéder à l'inventaire du mandat Sarkozy que de préparer une alternative au mandat Hollande.
C'est dans ce climat détestable que s'ouvre l'année politique. On promet à François Hollande et à son gouvernement une rentrée difficile. Allons donc ! Le président a montré l'efficacité de son élasticité. Il saura gérer au mieux de son intérêt quotidien, et dans l'objectif de sa durée, les intérêts successifs, alternatifs et contradictoires de chacun de ses alliés d'opportunité. Tout le monde y trouvera son compte, les Taubira et les Valls, les Duflot et les Moscovici, et les autres. La droite ? Elle est inoffensive. Quelle droite ? La seule inconnue de l'équation politique : le Front national.
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