TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 15 juillet 2013

Bac : il faut que le taux de réussite tombe à 50 % !

Charles Consigny pousse un cri d'alarme : plutôt que de se gargariser du taux de réussite à l'examen bac, on ferait mieux de s'en inquiéter.


Dans notre pays soviétique où les statistiques ne servent qu'à masquer la réalité, le niveau monte. Sur toutes les antennes, et sans qu'aucun esprit critique ou presque ne vienne atténuer la réjouissance, on s'est gargarisé des résultats du bac, soulignant que la proportion d'admis était "en hausse" par rapport à l'année dernière. Si vous en déduisez que c'est parce qu'on a mieux formé les lycéens en 2013 qu'en 2012, vous êtes mûr pour un stage à Terra Nova.
Personne ne peut dire aujourd'hui que les bacheliers parlent bien, sont conscients d'appartenir à une terre plus vieille qu'eux et ont un désir hurlant d'y faire un détour, d'aller voir chez les morts, entre les livres, entre les pins, entre les tombes, ce qu'il est d'eux-mêmes, du monde et de la vie. Je reprends ici la définition de la culture donnée par l'écrivain Renaud Camus (à travers une subtile allusion auCimetière marin), qui préconise un relèvement tel du niveau de l'examen que ses taux de réussite tombent à 50 % (je crois qu'il a raison).
De ces chiffres on ne devrait pas se féliciter, mais s'inquiéter. Ces enfants-là quittent le système scolaire sans instruction, sans lettres, sans connaissance de l'histoire, presque comme ils y étaient entrés, ne s'étant améliorés en divers domaines que par l'action de leur environnement. L'université, ensuite, pour ceux qui y vont en plus de s'y inscrire, n'apporte pas tellement davantage, puisqu'elle a compté sur le collège et le lycée. On peut aujourd'hui suivre un brillant parcours universitaire sans jamais avoir lu, voyagé au sens propre ou au figuré, on peut être docteur en toute sorte de matières en étant par ailleurs tout à fait illettré.

Penser à l'intérêt supérieur de l'enfant

L'Europe, suivant le modèle anglo-saxon, est dangereusement entrée dans l'ère des spécialistes. Pour ne prendre l'exemple que de ce qui m'intéresse directement, le droit, je peux témoigner du fait que les avocats de demain seront certes des experts de tel ou tel domaine, et parfois des experts de haut vol, mais ils promettent des plaidoiries sans pensée, sans art et sans références, qui amèneront des jugements similaires - et les juges ou les jurés ne serviront plus à rien et, si j'ose dire de façon un peu grandiloquente, le monde sensible finira par déserter le monde. Le grand avocat suisse Marc Bonnant qualifie le droit de "science dérisoire", moque ceux qui y persévèrent et recommande à ses confrères de lire (je crois qu'il a raison).
Je n'ai guère compétence pour dire ce qu'il faudrait changer à l'école pour que ses élèves y apprennent quelque chose. Je suggère simplement qu'on écoute Finkielkraut, qu'on fasse comme si les syndicats d'enseignants et de parents d'élèves n'existaient pas et qu'on pense, pour une fois, à l'intérêt supérieur de l'enfant.

0 commentaires: