TOUT EST DIT

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dimanche 14 juillet 2013

Alliés rebelles, grogne du PS et fuite des conseillers du gouvernement : qui croit encore à François Hollande ?


A la veille du 14 juillet, le président apparaît de plus en plus isolé, y compris dans son propre camp. Un article du Monde intitulé "Les impasses du hollandisme" révèle que certains conseillers et certains cabinets ministériels, qui s'affichent pourtant comme "socialistes", doutent de la capacité de François Hollande à réformer le pays.

A la veille du 14 juillet, un article du Monde intitulé Les impasses du hollandisme révèle que le président de la République est de plus en plus isolé, y compris dans son propre camp. Un an après son élection, qui croit encore à François Hollande ? Alors que le PS est sur le point de perdre la majorité absolue à l'Assemblée nationale, François Hollande dispose-t-il encore d'alliés politiques ?

Serge Federbusch : Le doute s’est en effet répandu jusqu’au parti socialiste car les militants et les élus se rendent compte, qu’à part attendre un retournement miraculeux de la conjoncture économique, Hollande n’a pas de stratégie. Les élections municipales se présentent mal et, comme le PS est avant tout un réseau d’élus locaux, la crainte d’une déroute monte et beaucoup, qui sont des élus professionnels, ont peur de perdre leur gagne-pain.
Verts et Radicaux de gauche, pour ce qui les concerne, sont montés dans une galère qu’ils hésitent à quitter. Le score minable des écologistes à la présidentielle et aux législatives fait qu’ils pouvaient s’estimer plutôt bien traités par les socialistes au moment des investitures et de la formation du gouvernement.
Paradoxalement, la forte impopularité du pouvoir les conduit désormais à rester dans les ministères plus qu’ils ne le souhaiteraient : ils craignent une véritable débandade s’ils s’en vont maintenant car ils sont déjà trop «mouillés» avec le PS. Partir ne leur permettrait plus de se démarquer des socialistes en temps utile pour éviter la sanction qui va s’abattre sur la gauche. A ce désaveu collectif s’ajouterait les conséquences de leur isolement et ce serait un désastre complet au moment des municipales. Dans certaines villes, comme à Paris, les Verts ont pris goût au confort des délégations d’adjoints et renonceraient difficilement à ces avantages matériels.
Louis Vergeat : Tout d'abord, Bruno Le Roux ( actuel président du groupe PS à l'Assemblée ) et le très habile Alain Vidalies ( ministre des relations avec le Parlement ) sont des poids lourds, de vraies statues de marbre très mobiles et agiles : elles sauront trouver des majorités de circonstances si la majorité absolue n'est plus détenue par les hommes et les femmes encartées rue de Solférino. Évidemment, qui dit circonstances ne dit pas cohérence de la politique menée ce qui renforcera l'impression de valse-hésitation que donne le pouvoir issu des urnes le 6 mai 2012.
Qui croit encore à François Hollande ? Tout le monde y croit mais pas pour ce qui était prévu. Tout le monde croit désormais que c'est un homme politique et non un chef d’État. Tout le monde croit que c'est le patron erratique d'une boutique là où nous attendions un président de la République ! Les sondages loyalement commentés par le socialiste François Kalfon montre l'érosion phénoménale de l'électorat dans des vraies bastions de gauche ou même chez les 18-25 ans. Qu'un ami de Christian Clavier qui surplombe Saint-Cloud n'adhère pas à ce que décide le président est une chose, mais là c'est Jack Ralite et Aubervilliers ou Dominique Voynet et Jean-Pierre Brard à Montreuil qui n'y croient plus.
Concrètement, il y a une partie importante, près de 20%, du PS qui regarde ailleursavec en tête de fortes têtes (et des têtes bien faites...) comme le sénateur de la Nièvre Gaëtan Gorce et Marie-Noelle Lienemann. C'est une vraie opposition que ce cher Monsieur Désir n'arrive pas à canaliser ni même à endiguer. Toujours très concrètement, il y a une écrasante majorité du Front de gauche et des écologistes qui, eux aussi, ont quitté le " capitaine de pédalo " pour reprendre le terme plus que terriblement taquin de Jean-Luc Mélenchon. Pour l'opinion, il est clair que des oreilles se tendent de plus en plus vers le discours de Jean-Vincent Placé ou de Jean-Luc Mélenchon. Et ce sont des as de la rhétorique par rapport à Madame Delaunay ou Pierre Moscovici...
Pour être cru dans l'opinion publique, il ne faut pas avoir des ministres qui laissent recuire leurs aigreurs en public. Pour être crédible auprès du peuple dont on est le leader institutionnel légitimement élu, il faut savoir l'incarner et se garder de trop de petites blagues ou de lapsus infernaux (voyages au Japon et à Tunis : confusion avec la Chine puis l'Egypte).
Certains soirs, quand la fraîcheur s'abat sur les jardins du palais de l’Élysée, un homme assez seul par la fonction et isolé par sa méthode de gouvernement doit rêver de casser les codes et de se construire une vraie majorité. Le problème c'est que dire " flûte et re-flûte " sur sa gauche lui ferait perdre bien des mairies là où le centre et ses multiples représentants n'ont pas le poids de Bayrou 2012 ou de Lecanuet 1965.
Eric Verhaeghe : Sa position est extrêmement compliquée, dans la mesure où il est pris en tenaille. Sur sa gauche, sa base s'effrite jour après jour. Cela fait un bout de temps que Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche lui savonnent la planche avec une constance de lavandière un jour de grande lessive. Souvenons-nous de la théorie du capitaine de pédalo gracieusement développée par Mélenchon qui fait payer à Hollande des années de mépris. A l'époque pas si lointaine où Mélenchon était au Parti Socialiste et où il dressait l'éloge mode Staline de François Mitterrand, il était considéré comme un minable petit gauchiste par l'aristocratie du Parti et par les petits marquis dont Hollande était un brillant prototype. Mélenchon fait aujourd'hui lourdement payer à Hollande l'addition de ces années d'humiliations. Il est progressivement rejoint par ses amis de l'Essonne, qui sont restés au Parti Socialiste dans l'espoir d'obtenir un maroquin, et qui scient la branche sur laquelle la majorité est assise pour obliger le Président à leur donner ce maroquin qu'ils n'ont pas eus. Je pense notamment à Jérôme Guedj qui se verrait couronner par un poste au gouvernement, et qui est prêt à soutenir les pires aberrations économiques pour y parvenir.
Les Verts commencent à comprendre le prix à payer pour l'accord qui leur a permis d'obtenir un nombre de députés très supérieur à leur représentativité réelle. Ils jouent les faire-valoir et les marche-pieds, et Hollande, avec son habileté de vieux loup mitterrandien, les use sans vergogne jusqu'à ruiner leur crédibilité. Quand une Cécile Duflot reste au gouvernement après le limogeage houleux de Delphine Batho, elle s'épuise tant en interne qu'aux yeux de l'opinion publique. Elle accrédite l'idée selon laquelle la gamelle ministérielle est tellement goûteuse qu'elle vaut quelques reniements sur des sujets comme les gaz de schiste. 
A coup sûr, entre Hollande et les Verts, il y a une grande histoire de détestation. C'est une sorte de mariage de raison entre des époux qui n'ont aucun désir l'un pour l'autre, mais qui calculent en permanence le prix de leur séparation. 
Il ne reste à François Hollande que les radicaux de gauche, puisqu'il a fait le choix de ne faire aucun geste vers Bayrou. Le problème avec les radicaux de gauche tient tout entier à ce qu'ils sont : une cabine téléphonique de France Télécom perdue dans un coin de campagne. Tout le monde trouve cela sympathique, cela rappelle de bons souvenirs, mais cela ne fait pas une majorité. 
Maintenant, je modérerais tout cela en rappelant que nous sommes en 2013, et que la classe politique est d'abord sélectionnée sur sa capacité à ramper et à se laisser corrompre. Si François Hollande décide de tirer les dés et de refaire un gouvernement sur une assise plus large, j'imagine que ceux qui le vilipendent aujourd'hui seront les premiers à se ruer sur la voiture de fonction et le prestige de l'uniforme. Regardez Montebourg, et vous comprenez que l'honnêteté et la droiture, plus on en parle, moins on la pratique.
Xavier Chinaud : Pour commencer n'affirmons pas que le PS est sur le point de perdre la majorité à l’Assemblée Nationale, moins de dix élections partielles ont eu lieu, perdues par l'exécutif effectivement (comme pour chaque gouvernement dans le passé) mais le Conseil Constitutionnel a fini son travail de juge des élections sur le renouvellement général de 2012 et la loi sur le non-cumul des mandats ne s'appliquera pas avant 2017.
Qui croit encore en F.Hollande, sans doute plus autant de ceux qui l'ont élu, donc plus une majorité de Français, mais qui croit aujourd'hui en une alternative possible ? Entre l'irresponsabilité des extrêmes, de la "gauche dure" au FN, et la "guerre des chefs" à l'UMP, les déçus nourrissent d'avantage l'idée du vote blanc ou de l'abstention.

Depuis le début de son mandat, l'action du gouvernement est parasitée par le débat autour de "la ligne économique" à suivre : sérieux budgétaire ou relance. François Hollande doit-il changer de cap ?

Serge Federbusch : Il n’y a aucune marge de manœuvre en matière de relance. Le déficit budgétaire, du fait de la récession en cours, dépassera allègrement les 4 % de PIB en fin d’année. Cela ne m’étonnerait guère qu’il soit proche de 5 % en définitive.
La vraie question serait d’obtenir une baisse substantielle du taux de change de l’europour desserrer une des contraintes inutiles qui pèsent sur l’économie française. Mais Hollande, en évitant le bras de fer sur ce sujet avec Merkel quand il a été élu, s’est immédiatement placé en position de faiblesse pour y parvenir. Le piège s’est refermé : si les marchés se disent soudain qu’il abandonne sa politique d’obéissance à la BCE et à l’Allemagne, ils nous réclameront des taux d’intérêt au minimum équivalents à ceux de l’Espagne ou de l’Italie. Pour ne pas sombrer, Hollande devrait alors soit pratiquer une cure d’austérité drastique au risque de troubles sociaux, soit laisser l’euro exploser. Dans un cas comme dans l’autre, on peut douter qu’il ait l’épaisseur politique pour faire face à de telles situations. Il n’aurait du reste plus la majorité au parlement pour le suivre et devrait en appeler au peuple qui le renverrait en Corrèze.
Louis Vergeat : Au strict plan maritime, il faut changer de cap, éviter les rochers affleurants et les mines dérivantes puis reprendre le cap. Autrement dit, tant que l'Europe sera en quasi-récession, il faut lâcher du lest sur le pouvoir d'achat via notamment une redéfinition habile des taux de TVA ( d'ici à 6 mois ), user jusqu'à la corde le frêle Monsieur Ayrault puis préparer l'arrivée de c-o-m-p-é-t-e-n-c-e-s du style de Pascal Lamy qui a une calculette dans la tête là où Monsieur Moscovici l'a au fond de son luxueux porte-documents de marque. Parallèlement, il est urgent d'accomplir ce choc de compétitivité issu des travaux de Louis Gallois qui remonte à octobre 2012 : des mois perdus ! Que fait le pouvoir ?
Eric Verhaeghe : En fait, je ne sais pas quel est son cap. Plus que jamais, on constate un divorce structurel entre la parole politique et les actes. D'un côté, il y a une série de rodomontades sur le Crédit Impôt Compétitivité, et autres balivernes supposées nous rendre de la compétitivité. De l'autre, il y a la triste réalité des faits : les déficits dérapent, et le gouvernement promet des milliards d'économies sans avoir la moindre idée de la façon d'y arriver. Le cas des dépenses publiques est emblématique: la modernisation de l'action publique (la MAP) qui est supposée en assurer la diminution se résume aujourd'hui à des élucubrations d'énarque à peine sorti de l'école, et qui n'a jamais vu de près le moindre usager du service public.
Si François Hollande doit changer de cap aujourd'hui, c'est bien du cap de l'omelette sans casser d'oeufs. En réalité, pour sauver le régime, il faudrait une politique claire et expliquée aux Français, avec une destination que chacun puisse comprendre, même s'il ne l'approuve pas. François Hollande fait l'inverse: il ne veut froisser personne, sous prétexte qu'il ne faut pas carboniser une réforme. Mais l'idée que la politique se résume à annoncer en permanence qu'aujourd'hui on rase gratuit, sauf pour les méchants qui sont hostiles au mariage gay, est une erreur d'analyse.  
Il faudrait ici comparer la méthode Merkel qui est carrée, réfléchie, limpide, raisonnée, et la méthode Hollande qui est infantilisante et quoiqu'il arrive agaçante. Prenez l'exemple des retraites. De deux choses l'une : soit François Hollande sait où il va mais il ne veut pas le dire, et cette infantilisation est indigne d'un peuple où 80% d'une classe d'âge décroche le baccalauréat. Soit il ne sait réellement pas où il va, et là, nous avons un problème. 
Xavier Chinaud : François Hollande a choisi la politique "des petits pas", opposer relance et sérieux budgétaire est une forme de leurre, l'objectif est déclaré mais les vents sont contraires et n'ont pas de couleurs politiques. Le président commande un navire et tire donc des bords entre une politique nécessaire qui n'est pas celle de sa base électorale et pas toujours celle qu'il a défendu pendant sa campagne et une coalition politique fragile du Front de gauche au front écologiste.
Les propos de tels ou tels membres de la majorité sur la politique suivie relèvent bien plus de la posture politique personnelle que d'un débat politique sérieux ; c'est d'ailleurs un classique de la 5eme république .

L'article du Monde révèle que certains cabinets ministériels et conseillers, qui s'affichent pourtant comme "socialistes", doutent de la capacité de François Hollande à réformer le pays. Le président de la République est-il lâché par son administration ? Pourquoi ?

Serge Federbusch : La technostructure énarchique y compris de «gauche», dans sa grande majorité, n’a toujours rien compris. Il est inutile de tenter de réformer la France dans le cadre excessivement contraignant de la politique monétaire européenne actuelle. C’est courir un marathon avec des semelles de plomb. Les réformes libérales dont la France a cruellement besoin ne seront possibles qu’en s’affranchissant du diktat de la BCE. C’est le paradoxe politique auquel aucune offre partisane n’est malheureusement aujourd’hui en mesure de répondre.
Louis Vergeat : Quand vous sortez de l'hôpital après une fracture imposante, il vous est prescrit de la rééducation. La France va mal et ses citoyens souffrent. Il faut donc les manier avec délicatesse ce qui suppose d'éviter les discours contradictoires et anxiogènes. Ce pouvoir aura tout fait pour nous donner le tournis. Alors évidemment, comme l'aurait dit le Général de Gaulle certains vont " à la soupe ", d'autres plus avisés se disent que le pédalo montre une fuite de flotteur et qu'il est urgent de se recaser habilement. Le président Hollande est respecté et obéi par notre administration qui est loyale. En revanche, plus on se rapproche des cercles intimes du pouvoir, plus l'inquiétude se répand et plus les éclats de voix sont là ! Fermons les yeux quelques secondes et louons un véhicule de location ayant pour passagers Aurélie Filipetti, Bernard Cazeneuve, Arnaud Montebourg, Benoit Hamon et François Hollande. " See what I mean...".
Eric Verhaeghe : Je révèle un secret de polichinelle en rappelant que la majorité des militants socialistes considérait François Hollande comme un incapable, en tout cas comme totalement incapable d'être Président. Un an de pouvoir les a confortés dans leur opinion. Le problème de Hollande est que, à force d'être courtisan, il a perdu le sens des réalités. Il s'entoure de béni-oui-oui sans envergure qui lui disent ce qu'il a envie d'entendre. Tout ce petit monde a l'illusion que les problèmes de la France se résoudront à force de technicité et d'expertise microscopique, alors qu'il nous faut des vues larges et avisées. Tout cela tient d'abord à un problème de recrutement et de sur-représentation des énarques dans les couloirs du pouvoir. Dans le cadre de la loi sur la transparence de la vie publique, le Président aurait dû interdire aux fonctionnaires d'effectuer un passage en cabinet ministériel sans quitter la fonction publique, au moins temporairement. 
Résultat : les cabinets sont peuplés de petits marquis qui se servent allègrement et considèrent qu'ils ne sont redevables de rien. Quoiqu'il arrive, ils sont intouchables. Beaucoup, me semble-t-il, anticipent un remaniement ministériel en septembre et n'ont qu'une idée en tête : se recaser en faisant une culbute salariale. Ce n'est pas avec un état-major aussi cupide et court-termiste que l'on dirige un pays comme la France. 

Xavier Chinaud : Il ne faut pas confondre "Administration" et cabinets ministériels, leurs qualités et défauts ne sont pas les mêmes. Concernant les cabinets, l'inexpérience politique ou une pratique gouvernementale datant de Lionel Jospin, voire de François Mitterrand, est flagrante dans un certain nombre de cas. Certains de ses membres devraient se souvenir que leur rôle est de servir et non de commenter, qu'avec des doutes et sans valeur ajoutée il faut démissionner et que gouverner ne supporte ni la fébrilité ni les "y'a qu'à - faut qu'on".
À défaut d'un "spoil system" assumé dans notre pays, qui conduirait pour chaque formation politique prétendant exercer le pouvoir à préparer en amont ses projets de reforme avec des hauts fonctionnaires alliant l'expertise à la volonté, faire parler "l'administration" au delà de sa neutralité statutaire revient à faire parler ceux qui vont dans le sens du vent... Et il tourne !

Certains amis du chef de l'Etat soupçonneraient également une "nébuleuse oppositionnelle" encore mal identifiée de vouloir remettre au centre du jeu, Martine Aubry absente de la scène politique nationale depuis un an. Ce scénario vous paraît-il crédible ?

Xavier Chinaud : Le soupçon du "complot politique" est consubstantiel à l'exercice politique. Nos institutions concourent d'avantage à faire exister ceux qui veulent conquérir le pouvoir que ceux qui peuvent l'exercer avec compétence, la politique est "vendeuse", y compris pour les médias. Plus pour la critique que pour la pédagogie, plus pour le calcul que pour la conviction, comment s'étonner que des schémas y compris les plus "baroques" tentent d'exister... La 5ème République consacre le pouvoir du Président, le Premier Ministre miracle n'existe pas, celui-ci est faible communiquant, celle-ci serait meilleure cheftaine des gauches ? Et alors ?!
Eric Verhaeghe : Moyennement. Je crois surtout à une alliance objective entre Valls, Montebourg, et deux ou trois autres, pour pourrir la planche de Jean-Marc Ayrault et se présenter comme indispensables le jour J. C'est d'ailleurs une sorte de manie congénitale au Parti Socialiste que d'organiser des complots et des conjurations compliquées dans l'espoir de décrocher un poste.  
Martine Aubry espère-t-elle de son côté ? Probablement et c'est assez naturel. En même temps, si elle devait accéder à Matignon, chacun sent implicitement que ce serait un bel échec. Cela prouverait que la jeune garde - les Montebourg, les Valls, et autres - ne sont pas pris au sérieux, et cela prouverait l'échec d'imaginer autre chose que les 35 heures pour sortir de la crise. 
Serge Federbusch : La pire opposition à Hollande, c’est Hollande lui-même. Aubry est has been, avec ses recettes étatistes.
Louis VergeatCette nébuleuse existe sans contestation possible mais l'intéressée ne le souhaiterait pas, en l'état actuel de nos informations.

Dans ce contexte, sur qui François Hollande peut-il encore s'appuyer ?

Serge Federbusch : Il gouverne seul, ne fait confiance à personne et pratique constamment l’enfumage, comme je l’ai montré dans mon livre récemment sorti. Dans ces conditions, il ne peut que s’enfoncer dans l’isolement. Au fond, il ne lui reste plus qu’à persister à croire au miracle de la reprise car, ayant perdu près d’un an et demi pour lancer de vraies réformes, il est déjà trop tard pour qu’il redresse la barre. S’il prenait aujourd’hui des décisions courageuses et durcissait le ton avec Berlin, ses partisans ne le comprendraient plus et les Français encore moins. Mais enfin, comme on dit, il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Eric Verhaeghe : De mon point de vue, François Hollande est le dernier président radical-socialiste. Il est trop pragmatique et déjà trop usé pour s'appuyer sur des ressorts idéologiques. En revanche, utiliser l'ambition saine ou malsaine des hommes et des femmes pour former un gouvernement de circonstance lui convient assez bien. C'est la carte qu'il jour et il a raison car elle fonctionne toujours. Les esprits, même les plus probes, se laissent si facilement attirer par les sirènes de l'ambition. 
Xavier Chinaud : Le Président peut s'appuyer sur des institutions imparfaites mais solides, il est élu pour 5 ans, il a l'initiative et plusieurs options possibles (remaniement, referendum, dissolution) et la destitution n'existe pas. Il peut aussi de fait bénéficier d'un relatif soutien passif de tous ceux qui penseraient qu'il est le pire à l'exception de tous les autres
La seule limite est celle de l'effondrement économique du pays, il est aujourd'hui un risque sérieux et il en serait comptable. Tout comme la dissolution de l'Europe si le rendez vous de son devenir était manqué dans l'année qui vient, mais dans ce cas, le pire électoral serait à venir.
Louis Vergeat : A condition de clarté, il aurait pu s'appuyer sur les syndicats mais la future réforme des retraites lui coupe cette porte de sortie sociologiqueA condition de confiance réciproque, il aurait pu tenter un choc de l'offre avec le soutien des équipes du Medef redynamisé de Pierre GattazA condition de créativité, il aurait pu stimuler la demande et desserrer l'étau du pouvoir d'achat au lieu de nous lasser avec ces nuances sémantiques entre rigueur et austérité. La vie est dure et les temps sont incertains car rien ne dit que le ciel plombé n'annonce pas un vrai grain sur l'Europe que nous aimons.
Le Président peut dons s'appuyer sur les coudes des courbes en " J " qu'il a contribué à créer. Explosion du chômage, explosion des impôts. Tout çà pour un résultat confirmé par nombre de spécialistes : notre dette totale sera plus lourde dans trois ans en pourcentage du PIB. Face à un tel fiasco, aucune plaque de marbre ne peut soutenir le dossier marqué du mot bilan. Faute de changement, c'est maintenant que le Président va commencer ses années de plomb. Là va être le changement. Depuis son élection, les Français étaient attentistes, ils ne le seront plus à la rentrée de septembre.



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