TOUT EST DIT

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jeudi 6 juin 2013

Sarkozy en fait mille fois trop !


Le président ne peut s'empêcher de distiller ses petites phrases sur son retour. S'il y a là un calcul, il est contre-productif, selon Hervé Gattegno.

RMC : Entre la rubrique judiciaire et la rubrique politique, pas une journée ne passe sans qu'on reparle de Nicolas Sarkozy. À votre avis, ce n'est pas totalement fortuit. Votre parti pris : Sarkozy en fait mille fois trop ! Expliquez-nous pourquoi...
Hervé Gattegno : l'omniprésence médiatique de Nicolas Sarkozy n'est pas seulement due à sa stature politique. C'est le résultat d'une campagne de communication qu'il orchestre en personne. La plupart des indiscrétions qu'on lit dans la presse viennent des confidences qu'il fait à ses visiteurs : des politiques, pour l'essentiel. Et quand il glisse dans son discours, à Londres avant-hier, devant des banquiers qu'il reviendra "si on a besoin de (lui)", il sait bien qu'à l'heure de Twitter la phrase sera répétée deux minutes après. Donc tout ce battage est volontaire, calculé, organisé, ce qui ne veut pas dire qu'il est approprié.
Est-ce qu'on ne peut pas penser que Nicolas Sarkozy veut faire parler de lui pour rester dans le jeu, dans l'hypothèse où il voudrait préparer son retour ?
On dirait plutôt qu'il ne peut pas s'en empêcher. Nicolas Sarkozy est un drogué de la médiatisation : quand il a des crises de manque, il se met en danger. Il laisse son avocat lancer des attaques contre le juge dans l'affaire Bettencourt : l'argumentation ne pèse pas lourd, mais elle accrédite l'idée que Nicolas Sarkozy serait menacé par ce dossier - alors que les charges ne tiennent pas. Pour la primaire à Paris, il a laissé l'aile droite de l'UMP - qui se réclame de lui - attaquer NKM de front, si bien qu'à l'arrivée c'est presque comme si c'était lui qui avait perdu... Si tout cela est calculé, il doit y avoir une erreur... de calcul.
Patrick Buisson déclare, dans L'Express, que "NKM est la meilleure pour perdre" à Paris. Est-ce que c'est forcément ce que pense Nicolas Sarkozy ?
Lui seul le sait, mais tout le monde pense que Buisson exprime le point de vue de Nicolas Sarkozy parce qu'il a été très influent sur sa campagne. De fait, il a surtout contribué à sa défaite, et il continue à lui faire du tort. Buisson est un expert des questions d'opinion, mais il mélange les courbes des sondages et la ligne (très) droite de son idéologie. Il s'est convaincu (avec ses apprentis Guillaume Peltier et Geoffroy Didier) que NKM était trop modérée, alors que c'est ce profil qui lui donne une chance à Paris. Mais eux n'ont même pas su mobiliser quelques milliers d'électeurs pour la faire battre. La Droite forte n'est pas si forte que cela. Nicolas Sarkozy a intérêt à s'en souvenir.
Malgré tout cela, il reste de loin le candidat préféré de l'électorat de droite pour 2017...
C'est incontestable, mais ça ne veut pas forcément dire que sa stratégie est la bonne. S'il est le favori à droite, c'est parce qu'aucun successeur à sa hauteur n'a émergé - et qu'au contraire même les deux prétendants principaux se sont abîmés dans la bataille interne de l'UMP. Ça devrait être une raison pour Nicolas Sarkozy de prendre du champ et de se faire un peu oublier (2017, c'est dans quatre ans !), mais c'est plus fort que lui. Résultat : ses rivaux sont déjà épuisés, mais les Français n'ont pas encore oublié à quel point lui était... épuisant.

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