« Guimauve le Conquérant… », voilà un de ces sobriquets assassins qui colle encore à François Hollande aussi décidé offensif et tranchant à l’extérieur qu’il paraît louvoyant, attentiste et émoussé à l’intérieur. Il pouvait croire s’en être débarrassé de ce méchant surnom comme de quelques autres tels « Flamby » ou « la fraise Flagada » qui se retournèrent d’ailleurs contre leurs inventeurs fabiusiens puis leurs propagateurs sarkozystes. Car le candidat à l’élection présidentielle socialiste révélait derrière un flou et des rondeurs d’apparence sucrées une résistance plus consistante encore que le carambar même s’il en affectionnait les blagounettes. Sa dureté « contondante » put même surprendre Nicolas Sarkozy, si sûr de sa supériorité qu’il décrivît volontiers son adversaire en sucre candide qui « allait se dissoudre dans l’épreuve comme dans l’eau ». Or l’on a constaté qu’il n’avait pas fondu sous les tourmentes et les averses dont il fut quasi constamment arrosé, et même flagellé pendant et après son élection. Pourtant, après 11 mois de pouvoir, re-voilà ce « sot-briquet » de « Guimauve le Conquérant »…
Il faut reconnaître que le contraste est saisissant entre le chef de guerre impérieux au Mali, et l’incertain président d’une France ballotée par les vents contraires jusqu’à menacer de dériver vers les récifs. Autant il paraît déterminé, offensif dans ces affaires qu’on lui disait pourtant si étrangères, autant il semble pusillanime, dominé par les événements et par son voisin allemand. La presse étrangère elle-même s’en étonne, tel Newsweek qui commence par célébrer ce chef de l’État français, ce qui est nouveau,
Reconnaissons qu’en France même le chef d’État – chef des Armées, qui n’a pas du tout le style jugulaire et n’a jamais manifesté de passion pour la geste militaire, en a surpris plus d’un pour son commandement ferme et son entente avec les galonnés. L’homme qui n’avait pris une décision exécutive forte de sa vie a, en une seule décision, surpris son monde et le Monde. Ce qui rend son indécision sur le plan européen et franco-français d’autant plus saisissante…
Newsweek encore tout en louant « la superpuissance musclée et volontaire, la seule en Europe capable de lutter contre les djihadistes » s’étonne à juste titre du « manque de virilité politique criant de François Hollande chaque fois qu’on le voit au côté de Angela Merkel ». L’opposition est accablante aussitôt qu’il s’agit de sujets économiques en tout cas. Car l’on a vu qu’avec le choix d’en finir avec l’embargo sur les armes pour les rebelles syriens, le Président français n’a pas attendu la chancelière allemande et mène avec le concours des Anglais une action diplomatique qui ne s’embarrasse pas des réticences d’outre-Rhin. Mais pour le budget européen, comme on l’a constaté hélas, il n’a pas même fait mine de protester pour la forme contre sa révision à la baisse et les restrictions imposées pour les aides alimentaires aux plus pauvres. La France qui guerroie seule au Sahel, « merdoie », pardon pour la grossièreté, à Bruxelles…
On dira que Hollande en l’occurrence tient compte des rapports de force et qu’il ne prétend pas les créer. Ce n’est pas un guide ni un prophète inspiré. Plutôt un prudent avisé…. La France est isolée, nous explique-t-on, et risquerait de s’isoler encore davantage si elle se lançait dans une croisade vaine contre la toute-puissance économique germanique. Nos arrières budgétaires ne sont pas suffisamment assurés. Et le pansement malien devrait nous faire supporter la blessure narcissique européenne. Sauf que l’esprit français ne fonctionne pas en courant alternatif. On ne peut pas être Cyrano ou Fanfan la Tulipe à mi-temps. Le panache n’est pas un accessoire qui peut se convertir en plumeau pour épousseter la puissance teutonne. C’est un état d’âme et d’action. À ne pas le convoquer, à ne pas mobiliser ce qu’il y a de meilleur dans un pays qui peut s’abandonner aussi au mol endormissement de la déprime, on remportera peut-être quelques victoires au lointain, mais on peut tout craindre au plus proche. Le Conquérant ne le sera pas longtemps si « Pépère » continue de siester à l’Élysée…
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