TOUT EST DIT

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samedi 23 février 2013

Stopper la gangrène

Stopper la gangrène


Pour une fois, la métaphore, un peu répugnante, n’est pas le fait du journaliste. Elle est de la plume du numéro 1 de la filière viande française, Dominique Langlois. «Notre filière subit, depuis plusieurs années, les effets d’une crise sans précédent qui gangrène progressivement ses différents maillons», déplore le président d’Interbev.
À la veille du Salon de l’agriculture, l’interprofession bovine et ovine a rendu public le fruit de ses états généraux. La filière avait bien entendu prévu que ses travaux trouvent un écho dans les travées de la «plus grande ferme de France» à la porte de Versailles, qui présente toujours un échantillon du meilleur de l’élevage français. Il ne pouvait anticiper la collision de son raisonnable pot-au-feu de propositions avec la folie médiatico-politique du hachis bœuf-cheval.
L’affaire, à la dimension plus européenne que française, servira-t-elle le dessein des éleveurs hexagonaux? Ce n’est pas sûr. En tout cas, ce bouton de fièvre incontrôlable invite à accorder plus d’attention aux risques qui pèsent sur cette branche immémoriale de l’économie française: plus de 19 millions de vaches, premier cheptel d’Europe, 5,8 millions de brebis, 25 000 juments de trait… Et les hommes, bien sûr, près de 90 000 éleveurs, 50 000 salariés, 20 000 boucheries artisanales. Sans oublier nos paysages et notre culture alimentaire, témoins sidérés du désastre annoncé.
L’interprofession a dressé sans complaisance la liste de maux connus: réduction des troupeaux, stagnation des revenus, démographie vieillissante des éleveurs, faiblesse des marges de la transformation – sans doute la vraie raison de la dérive observée avec effarement par les Français ces dernières semaines. Plus grave encore, le désamour prononcé des consommateurs les plus jeunes pour les produits carnés, avec des baisses de 13 à 15% de la consommation depuis 2003. Volontariste, Dominique Langlois invite les professionnels à «être acteurs de leur propre croissance». Et bien avant cela, de toute urgence, médecins de leur propre guérison.

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