TOUT EST DIT

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mardi 12 février 2013

« Quand tu seras vieux »


Pour la première fois depuis des siècles, un pape vient d’annoncer sa renonciation : Benoît XVI laissera vacant le siège de saint Pierre le 28 février prochain.
Geste surprenant. Geste courageux. Geste moderne. L’élection à vie du souverain pontife, principe forgé quand l’espérance de vie était de moins de 20 ans, peut devenir intenable quand elle frôle en Europe les 90 ans. Jean Paul II avait hésité, avant de choisir de faire de son calvaire, jusqu’au bout, un témoignage émouvant. Benoît XVI, qui a vécu près de son prédécesseur, n’hésite plus. Que ce soit ce pape-là, l’ancien gardien du dogme que fut le cardinal Ratzinger, qui fasse ce choix, libère la voie pour ses successeurs.
Geste mûri, bien sûr. L’histoire dira plus tard si une maladie précise inquiète le pape, ou si c’est un événement donné qui a emporté sa décision – peut-être la mort fin août, à 86 ans – l’âge qu’il aura ce printemps –, du cardinal Mario Martini, si longtemps donné comme probable pape, et qui fut, avec Joseph Ratzinger, mais dans une autre sensibilité, l’un des plus grands esprits de l’Église catholique de la fin de notre époque.
Dans l’évangile selon Jean (21,15-19), Jésus ressuscité questionne Pierre à trois reprises : « M’aimes-tu ? », en contrepoint des trois « reniements de saint Pierre », quand son maître allait subir la souffrance et la mort. Suit une phrase énigmatique de Jésus à l’apôtre : « Quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller ».
Les premiers chrétiens y ont vu une annonce de la mort violente de Pierre. Benoît XVI, 264 e successeur de l’apôtre, qui connaît ses Écritures, lui donne aujourd’hui un autre sens. Celui d’un homme âgé, fatigué, qui sait que le temps lui est compté, que son corps peut l’abandonner, que son esprit peut s’effilocher, et que la vraie fidélité est parfois de reconnaître que la suite appartient à d’autres.

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