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dimanche 24 février 2013

'Des lions menés par des ânes': comment des technocrates ont détruit la croissance économique en Europe


Dans son essai de 2001, « Des Lions menés par des ânes », l'économiste français Charles Gave, qui préside l’Institut des Libertés, un think tank libéral, avait prédit que l’euro allait conduire l'Espagne à construire trop de maisons, la France à employer trop de fonctionnaires, et l'Allemagne, à se doter de trop d'usines.
Sur le site Atlantico, Gave présente le graphique qui figure ici, et qui montre que la production industrielle européenne, qui progressait en moyenne de 2,5% par an entre 1975 et 2000, est tombée presque à l’arrêt en 2000, à un moment qui correspond à l’introduction de la monnaie unique.
Le graphique montre également qu’à la suite de cette période, des clivages sont apparus entre l’Allemagne et les pays du nord, qui continuent de connaitre la croissance, et les pays de l’Europe du sud (Espagne, Portugal, Italie, France) qui ont perdu entre 10 et 20% de leur capacité de production en 12 ans. Pour Charles Gave, ce sont les eurocrates qui ont créé l’euro qui sont responsables de ce « tsunami qui a réussi à tuer en si peu de temps toutes ces économies en Europe dont la croissance équilibrée faisait l’admiration du monde entier ».
Le taux de change est l’un des prix les plus important pour l’allocation du capital, rappelle-t-il.
Pour Gave, la création de l’euro a été motivée par la réunification de l’Allemagne dans les années 1990. Les politiciens français, qui avaient déjà pris l’habitude de faire vivre leur pays au dessus de ses moyens, ont craint que le Deutsche Mark ne devienne la monnaie de réserve et d’épargne des Européens, ce qui les aurait empêché de creuser des déficits publics année après année.
Jacques Delors, Jean-Claude Trichet et d’autres technocrates ont donc planché sur la création de l’euro pour mettre fin à la domination de la Bundesbank. Mais la création de la monnaie unique présentait un inconvénient : elle privait les Etats membres de la capacité de s’adapter aux variations de l’économie par le taux de change de la monnaie.
En Italie, par exemple, le Nord industrialisé et moderne gagnait des Deutsche marks qu’il envoyait vers les régions du sud, corrompues et rongées par la mafia. Lorsque l’Italie du Sud prenait trop d’importance, la lire était dévaluée par rapport au Mark, ce qui rétablissait l’équilibre, et maintenait la compétitivité des entreprises de l’Italie du Nord. L’Italie renouait alors avec la croissance.
La France était dans une situation autre, mais comparable. Le pays se caractérise par un grand nombre de fonctionnaires (40% de plus que l’Allemagne pour 10.000 habitants). Les entreprises françaises étaient payées en Deutsche mark, mais le paiement des fonctionnaires se faisait en francs. En cas de hausse de la bureaucratie, le franc était dévalué en fonction du mark pour traduire la baisse de la compétitivité de l’économie française, ce qui réajustait immédiatement celle-ci, la faisant retourner à l’équilibre avec la compétitivité allemande.
Avec l’euro, et la fin de leur monnaie nationale, ces pays ont perdu la variable d’ajustement de leur compétitivité sur la compétitivité allemande, et leurs usines ont commencé à se délocaliser en Allemagne, alors que leur structure de coûts (corruption en Italie du Sud, bureaucratie imposante en France) était maintenue. Cela s’est soldé par la hausse des déficits, et l’adoption subséquente de hausses d’impôts qui ont aggravé la perte de compétitivité des entreprises de ces pays. Pour Gave, il n’y aura bientôt plus d’usines en Europe, si ce n’est en Allemagne.
« L'euro est une stupidité économique inimaginable », assène-t-il, expliquant que le blocage des parités de pays qui ont des productivités différentes n’a jamais fonctionné nulle part, et qu’il à toujours été à l’origine de catastrophes politiques, sociales et économiques.
Les technocrates qui ont créé l'euro réalisent qu’ils lui doivent leur pouvoir, et ils s’y accrocheront même si cela implique la ruine des peuples européens. Ces politiciens continueront de se rendre de séminaires en symposium sans avoir à subir les conséquences des ravages de la monnaie unique. Cela signifie probablement que la fin de l’euro se fera de façon révolutionnaire et non démocratique, prophétise Gave.

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