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lundi 3 décembre 2012

La démocratie sociale en jeu

La démocratie sociale en jeu


Réformer le marché du travail. Tel est l'enjeu crucial des négociations entamées début octobre entre patronat et syndicats à la demande expresse de l'Élysée. Y a-t-il urgence à agir sur les fondements structurels du modèle français sans se contenter de réformettes ? Oui. Contrairement à la plupart des autres pays européens, la France, grosso modo, n'a pas vraiment changé de ligne depuis vingt ans. Résultat ? Elle n'a offert, au final, ni plus de protection aux salariés ni plus de flexibilité aux employeurs. Conséquence ? Ces rigidités n'ont contribué qu'à mettre à mal sa compétitivité.
C'est dire si les accords sur la sécurisation de l'emploi, expérimentés en France dans l'automobile et en vogue en Allemagne, sont de la plus haute importance. De quoi s'agit-il ? D'offrir davantage de souplesse aux entreprises et de protection aux salariés. S'il n'est pas censé réparer les dégâts accentués par la crise, le défi de la flexibilité vise à ajuster travail et salaires à la conjoncture. Bref, à adapter, collectivement, la France à la mondialisation.
Normal qu'il y ait des tensions autour du volontarisme du patronat sur le sujet tant le cadre des licenciements individuels et collectifs, la taxation des contrats courts restent, aussi, des sujets interdépendants et clivants. Ça ferraille donc dur autour de la table des négociations. Et ça coince sur fond de dogmes savamment partagés.
Pourtant, le dialogue doit aller, plus que jamais, de pair avec le dynamisme économique et le progrès social, au prix d'efforts justes et équilibrés. À l'image de l'esprit très « responsable » des relations qui prédomine outre-Rhin entre syndicats, entreprises et puissance publique. Un esprit qui a manqué dans la gestion du dossier ArcelorMittal.
Un « compromis historique » ?
Contrairement à l'agenda imposé par le président de la République, il semble déjà acquis que la négociation, mal partie, ne débouchera pas avant la fin de l'année. Débordera-t-elle en janvier, février ? Continuer à jouer la montre ou prendre le risque de l'immobilisme serait suicidaire. Pour une simple et autre bonne raison : le cadre de ce rendez-vous, ô combien important pour l'avenir des relations sociales dans le pays, dépasse son contenu. Pour la première fois, patronat et syndicats discutent en amont, là où l'habitude veut que l'État décide seul. C'est dire si cette chance donnée à une nouvelle démocratie sociale ne supporterait pas l'insuccès. Les partenaires sociaux le savent qui jouent, là, rien de moins que leur légitimité.
Reste que la CGT, qui, à sa tête, a perdu beaucoup de forces dans une guerre de succession sans pitié, est au frein. Que, comme elle, FO a prévenu, tout de go, qu'elle rejetterait tout ce qui vise à donner plus de souplesse aux employeurs. Que la CFDT, moins dogmatique, souhaite aller jusqu'au bout de la réflexion, mais pas à n'importe quel prix. Que le front patronal est loin, en réalité, d'être à l'unisson.
Dans ces conditions, trouveront-ils un « compromis historique », appelé de ses voeux par François Hollande ? Pas sûr. C'est pourtant ce qu'il faut souhaiter pour notre pays. Sans céder à la pression des agences de notation et des investisseurs internationaux qui ne doivent pas venir polluer le débat, l'exécutif a prévenu qu'il légiférera. En cas d'échec des négociations, plus contraignante pourrait alors être la loi. Dura lex ? Sed lex.

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