TOUT EST DIT

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jeudi 12 avril 2012

Tesson : "La culture de Hollande est famélique" 

Pour Philippe Tesson, le candidat du PS montre toutes ses lacunes en la matière lors de ses interventions médiatiques.
On ne parle pas beaucoup de culture dans cette campagne électorale. Mais c'est de tradition. Ce thème est difficile à exploiter sur les places publiques ou sur les marchés. Les candidats se contentent en général de l'expédier dans leurs interventions médiatiques en protestant de l'intérêt considérable qu'ils lui portent. Ils le font dans des termes conventionnels et la plupart du temps oiseux, tout en ajoutant immanquablement qu'ils feront sur ce chapitre un effort budgétaire important lorsqu'ils seront au pouvoir. On veut bien les comprendre : l'affaire n'intéresse pas le plus grand nombre, particulièrement dans les temps présents où le souci primordial du peuple concerne les problèmes d'ordre économique et social. Une élection ne se joue pas sur la culture.
De temps en temps, cependant, un journaliste pose à un candidat une question sur ses choix culturels. C'est une petite valeur ajoutée people. Ainsi la rédaction du Parisien, entourée de quelques lecteurs selon une formule qui fait désormais florès, a-t-elle interrogé cette semaine François Hollande, invité du jour, sur ses goûts. La réponse fut brève. Elle représente une dizaine de lignes dans les quatre grandes pages consacrées à la transcription de l'entretien.

Le terrorisme intellectuel de gauche

La voici : "J'aime beaucoup Voulzy, Souchon et un auteur récent qui s'appelle Alex Beaupain. Il a fait une très belle chanson sur 1981 et la gauche en général. Vu mon emploi du temps, je vais peu au cinéma, mais j'ai quand même eu le temps de voir Intouchables, qui est un bon film, ou L'exercice de l'État, un film juste sur le fonctionnement que je connais de l'intérieur, sur cette lâcheté parfois de ne pas assumer ses convictions. J'ai vu aussi La conquête. J'y ai trouvé certaines choses qui m'ont été utiles dans cette campagne !"
On ne veut pas être méchant, mais quand même ! C'est un peu court, jeune homme ! Non seulement c'est court, mais c'est famélique. Sauf à penser que notre confrère a sauvagement mutilé les propos du candidat socialiste, on découvre qu'en tout et pour tout François Hollande aime trois chanteurs et a vu trois films, dont deux intéressant sa fonction. Au passage, notez le sous-entendu visant Sarkozy. C'est décidément obsessionnel.
On va être plus méchant, mais juste un peu, par élégance. On n'est pas près d'oublier la risée, la giclée de railleries dont Sarkozy a été l'objet depuis son arrivée au pouvoir, et continue d'être, sous prétexte qu'il n'avait pas lu grand-chose au cours de sa vie. La gauche n'a cessé d'en faire l'un de ses fonds de commerce favoris, poussant la dérision jusqu'au mépris, l'arrogance jusqu'à l'insulte. Or pensez-vous qu'un bel esprit parmi les socialistes réagira au misérable aveu de Hollande ? Croyez-vous qu'ils aient lu La princesse de Clèves ? A-t-on encore le droit d'en douter, face au terrorisme intellectuel dont ces gens-là nous menacent ? La malveillance le dispute chez eux à la prétention, la haine à la vulgarité. L'anti-sarkozysme, c'est cela, cela d'abord.

Duperies

Pour notre part, nous n'en voulons pas à Hollande de ne pas fréquenter assidument les musées et les salles de spectacle. Au moins a-t-il le mérite de ne pas faire semblant. Nous ne partageons pas cette exigence de haute tenue culturelle que revendiquent volontiers les Français de la part de leur président. C'est une tradition futile et assez ridicule qui, de surcroît, favorise toutes les apparences, toutes les duperies. On peut très bien gouverner sans avoir lu Chardonne. Tout le monde n'est pas Léon Blum. La culture est une valeur ajoutée, appréciable, mais ajoutée à l'essentiel qui est l'intelligence des affaires publiques.
Nous en voulons, en revanche, à Hollande, dont nous savons qu'il ne s'est jamais associé à la campagne de dénigrement menée contre la supposée inculture de Sarkozy par ses amis, dont bon nombre sont plus incultes que le président, de ne pas avoir dénoncé ce misérable combat avec la vigueur qui caractérise un esprit libre.

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