TOUT EST DIT

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samedi 3 mars 2012

Syrie : au mépris de l'opinion publique mondiale

Lorsque, voici un an, nous assistions incrédules au rassemblement populaire protestataire de la place Tahrir au Caire, nous nous demandions comment tout cela allait se terminer.

 Quel ne fut pas notre effroi lorsque nous vîmes arriver les blindés de l'armée égyptienne. Ils furent très vite engloutis sous la masse de cette foule pacifique. Il nous apparut alors que les chars étaient inutiles. Ils ne pouvaient pas tirer au canon en pleine ville, pas plus qu'ils ne pouvaient évoluer car ils auraient écrasé les gens sous leurs chenilles. Ainsi, la démonstration de force se retournait contre ses auteurs, en manifestant leur impuissance. Personne, en effet, ne pouvait penser qu'un chef d'état-major ou un chef d'État, fut-il un dictateur, oserait, à la face du monde, massacrer son peuple au canon. Sagement, l'armée égyptienne et les autorités de ce pays acceptèrent une fraternisation imprévue. Ce fut le chef d'État qui fit, le premier, les frais de cette révolution pacifique. Il s'en alla. Nous avions conclu un peu vite que les chars ne servaient plus à rien. Nous avions simplement oublié que cela dépendait de celui ou de ceux qui en avaient le commandement.
Et voici qu'en Syrie, ce qui paraissait impossible, impensable, se produit : le chef de l'État fait tirer le canon sur les quartiers rebelles de ses propres villes. Les morts se comptent par milliers désormais. Le dictateur syrien, comme à d'autres époques que nous croyions révolues, ose braver l'opinion publique mondiale. Celle-ci, indignée, s'avère impuissante, obligée d'assister au désastre sans même pouvoir porter secours aux blessés et aux affamés, bientôt réduits à se rendre comme les assiégés de jadis.
La médiation de l'Onu est absolument indispensable
Sans doute, une intervention armée des autres nations est impossible en Syrie. Déjà, l'action entreprise en Libye fut difficile à organiser. Elle fut tout juste tolérée par les deux grands pays, la Chine et la Russie, qui aujourd'hui bloquent les politiques qui pourraient influer sur le drame syrien. De plus, l'intervention libyenne qui a entraîné la chute de Kadhafi ne produit pas aujourd'hui tout le positif espéré. Qu'en serait-il en Syrie ?
La question est de savoir maintenant comment soutenir les révoltés syriens, comment aider ces populations souffrantes et comment préserver, demain, la paix entre les différentes communautés qui pourraient fort bien s'affronter violemment. On sait, par exemple, quelles sont les difficultés et les menaces qui pèsent sur les chrétiens en ce pays.
La situation pourrait aussi entraîner de graves développements dans les pays voisins, à commencer par le Liban, et dans toute la région.
On pense, bien sûr, aux médecins, aux journalistes, aux humanitaires qui s'efforcent d'apporter leur aide et de recueillir informations et témoignages. Eux aussi doivent absolument être protégés et évacués dans les meilleures conditions possible.
Cependant, on se demande ce qui pourra faire fléchir Bachar el-Assad qui paraît de plus en plus enfermé dans son schéma simpliste et répressif. Pourtant, même s'il parvenait à rétablir « son ordre », notre indignation vis-à-vis du dictateur et de ses méthodes ne s'éteindra pas.
Puisse Kofi Annan, envoyé spécial de l'ONU, aboutir à créer une médiation qui s'impose absolument.
François Régis Hutin

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