TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 1 mars 2012

Deux monnaies valent mieux qu’une

Plutôt que de sortir de la zone euro, les pays les plus endettés feraient mieux d’adopter également une devise nationale. Elle circulerait parallèlement à la monnaie unique, sur le modèle de ce qui s’est fait dans les pays ex-soviétiques au moment de l’indépendance, suggère un politologue estonien. 

Après deux ans d’intenses efforts et de dépenses, la situation de la Grèce, du Portugal et de quelques autres Etats périphériques en matière d’exportations, de collecte d’impôts, et de concurrence, n’a fait que s’aggraver.
Une fois ce constat dressé, il n’y a pas beaucoup d’issues. D’abord, les Etats endettés ne peuvent pas abandonner la monnaie unique, car cela frapperait les créanciers qui attendent d’être remboursés en euros. En outre, les pays endettés n’arrivent pas à garantir le fonctionnement normal de leurs entreprises, car il n’y a pas d’euros en circulation et ils n’ont pas le droit de les imprimer eux-mêmes.

La devise nationale pour les besoins internes

Il ne reste donc que deux solutions : soit solliciter des emprunts à long terme, en euros, auprès du FMI et de l’UE, ou introduire une monnaie nationale (drachme, escudo) en parallèle, que l’on peut imprimer soi-même en cas de besoin.
La première variante (considérée aujourd’hui comme la plus vraisemblable) ne peut fonctionner qu’à condition que les pays exportateurs “sages” de l’UE (l’Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg) aient constamment envie de verser de l’argent à des pays périphériques.Toutefois, il se pourrait que ces derniers n’aient pas la motivation nécessaire pour améliorer la situation.
L’autre possibilité serait de mettre en circulation une devise nationale, parallèlement à l’euro. Les créanciers trouveraient ainsi leur compte: les débiteurs pouvant plus facilement rembourser leurs dettes en euro, monnaie qui viendrait des exportations et des subventions européennes. Pour les besoins internes au pays, on utiliserait la devise nationale.
Cette solution garantirait également une stabilité interne puisque les salaires des enseignants, des pompiers ou des médecins seraient payés en devise nationale, réimprimable en cas de besoin. Le taux de change entre l’euro et la monnaie nationale serait flottant, ce qui conduirait très probablement à une baisse annuelle d’environ 20% du pouvoir d’achat et des salaires réels.

Une expérience qui a déjà fait ses preuves

Cette situation ne rendrait pas les Grecs et les Portugais heureux mais ce n’est pas ce que l’on cherche aujourd’hui. Nous avons plutôt besoin d’Européens du Sud qui, bien que mécontents et affamés, décident d’aller au travail pour un salaire qu’ils ont jusqu’à présent considéré comme insuffisant. Pour nous, la vraie plus-value serait de pouvoir éviter d’avoir à verser nos euros au fonds d’aide européen et éviter de dévaluer l’euro à force de constamment le réimprimer.
Ce modèle a-t-il déjà fonctionné ? Nous pouvons prendre pour exemple notre expérience de la fin des années 1980 et du début des années 1990, lorsque parallèlement au rouble [la monnaie qui avait cours lorsque l’Estonie faisait partie de l’Union soviétique], et avant l’arrivée de la couronne [en 1992], nous avions aussi des dollars et des deutsche marks.
C’est justement à cette époque que sous l’influence des monnaies parallèles et de la forte inflation, il y a eu une redistribution des ressources et des dépenses dans la société.
Pour une partie de la population, il est que cela a été difficile, mais il n’empêche que les écoles et les hôpitaux étaient ouverts, que personne n’a brûlé de voitures, qu’il y avait une gouvernance et que l’économie s’est vite adaptée pour devenir plus compétitive et orientée vers les exportations. Et en seulement quelques années, l’Estonie est devenue, aux yeux des investisseurs étrangers, l’un des pays les plus attractifs au monde.

0 commentaires: