TOUT EST DIT

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samedi 15 décembre 2012

Sortie de crise progressive

 Sortie de crise progressive
 
Le pas peut sembler modeste.L’enjeu, la supervision bancaire,trop technique. Et pourtant. L’accord intervenu, à vingt-sept, dans la nuit de mercredi à jeudi, représente une étape importante pour la sortie de crise.

Politiquement, les dirigeants européens affichent, par-delà les nécessaires compromis, leur volonté de renforcer l’intégration européenne. Certes, le superviseur européen n’aura pas le droit de regard direct et immédiat sur l’ensemble des quelque 6 000 banques de l’Union, comme beaucoup le souhaitaient. Seuls les grands instituts seront dans le collimateur des contrôleurs. Angela Merkel a ainsi obtenu une sorte de bouclier pour ses petites et moyennes caisses d’épargne. Mais le principe est acquis. La Banque centrale européenne pourra exercer un droit de regard dont elle ne disposait pas jusqu’ici.

Quand on observe, en reparcourant les douze derniers mois, combien la BCE, sous la férule de Mario Draghi, a su se dissocier de l’orthodoxie que prêchait la Bundesbank en matière de dette souveraine, le pas en avant n’est pas si modeste. Ce sont bien les (premières) fondations d’une Union bancaire qui viennent d’être décidées.

En outre, si l’Allemagne a obtenu ce qu’elle voulait, cet accord sur les banques devrait aussi permettre plus de souplesse de la part de Berlin. Car la centralisation de la supervision, même si elle est tempérée par le maintien de superviseurs nationaux dont les prérogatives resteront amples, devrait permettre au Mécanisme européen de solidarité de venir en aide à des banques en difficultés sans nécessairement déclencher une spirale spéculative sur la dette souveraine de l’État concerné. Et donc, sur ses contribuables.

Le feu vert donné hier au refinancement de la Grèce, après des mois de tergiversations, va dans le même sens. L’année 2012 semble s’achever sur un double message qui n’avait rien d’évident en janvier. L’Europe résiste. Son processus de construction repart.

Un autre message est arrivé, hier, des négociations sur l’Union bancaire : la volonté de ne pas creuser le fossé entre les dix-sept membres de la zone euro et les dix autres membres de l’UE. Surtout, de ne pas laisser la dérive centrifuge de la politique britannique prendre un tour irrémédiable.

Ainsi, le pire semblerait derrière nous en ce qui concerne la crise de la zone euro. Difficile, pourtant, de brandir aux opinions publiques un sourire béat. Si des progrès sont accomplis sur les leviers permettant de sortir du tunnel, la crise, la vraie, celle qui rime avec chômage, licenciements, blocage des salaires, austérité, cette crise, elle, mord toujours. Plus que jamais, sans doute, en ce début d’hiver.

Les élites doivent donc prendre garde à ce déphasage entre leur action et la réalité vécue. Sans vision, sans projet, l’austérité est redoutable et potentiellement explosive. Certains citoyens se considèrent plus légitimes que d’autres. Certains Européens plus vertueux que d’autres. Chacun lorgne dans le portefeuille du voisin. Tous revendiquent leur indignation, voire leur colère.

Hier, Angela Merkel a, à juste titre, affirmé que l’Europe ne pouvait reposer sur les seuls services. Qu’il fallait une production industrielle.

Se réjouir ou envier la santé des entreprises allemandes ne suffit plus. Il faut prendre la chancelière au mot et lui proposer de grands projets industriels. Européens. Pour donner un sens politique et économique à cette union bancaire si éloignée des citoyens.

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