TOUT EST DIT

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mardi 25 décembre 2012

Les silences de M. Hollande


François Hollande a bien mieux terminé l'année qu'il n'avait commencé son mandat. La preuve, la presse bien-pensante commence à tirer à boulets rouges sur lui, tandis qu'au Sénat les écologistes et les communistes retoquent le crédit d'impôt, sous prétexte qu'il ferait la part trop belle au patronat.
Toujours prêts à se vendre pour un poste, un siège ou une prébende, les politiciens de cette engeance n'abusent plus personne avec leur conception larvaire de la politique. Plus tôt ils quitteront la majorité, mieux se portera le pays et, accessoirement, le pouvoir : si légers soient-ils, les parasites restent des parasites. Le redressement de la France n'est pas leur affaire, ces boutiquiers sont déjà assez occupés à retrouver une clientèle, ce qui n'est au demeurant pas gagné.
Le président ne les a pas pris de front. Deux pas en avant, un pas en arrière, sans parler des pas de côté, il a le même jeu de danse que François Mitterrand en son temps. Ici quand on le croit là et inversement, c'est un artiste de l'évitement. Pour arriver à ses fins, il préfère toujours passer par la porte de derrière.
Dès les premiers jours, même si ses chemins étaient détournés, les écologistes et les communistes savaient où M. Hollande les emmenait. Mais ils ont fait semblant de découvrir qu'il était social-démocrate une fois que ses sondages ont flanché et que le frénétique prurit de pouvoir de Mme Duflot ou de ses semblables fut apaisé. Les farceurs !
M. Hollande leur avait pourtant donné des gages. C'est sans doute dans le but de flatter cette gauche-là qu'il a commis l'erreur de parier avant tout sur les hausses d'impôts pour résorber les déficits. Le pays étant déjà surtaxé, le président en reviendra très vite, c'est écrit, et on est même en droit de penser qu'il révisera sous peu sa stratégie.
D'abord, pour éviter au pays un sort semblable à celui de la Grande-Bretagne après qu'elle fut passée à la paille de fer taxatrice du travailliste Harold Wilson qui, dans les années 70, la laissa HS. Ensuite, pour empêcher d'autres psychodrames navrants comme celui qu'a provoqué le déménagement fiscal de Gérard Depardieu à Bruxelles et qui a été l'occasion d'un déversement de bile et de fiel dans lesquels, à ce rythme, la France finira par se noyer.
L'himalayesque Gérard Depardieu est notre grand acteur national et, à ce titre, incarne une parcelle de l'identité française. Un éléphant dans le magasin de porcelaine du village gaulois. Il n'est pas question d'approuver ici son exil fiscal en Belgique. On n'en est que plus à l'aise pour s'affliger de l'hystérie des marchands d'indignation qui, ayant abusé du vinaigre, se sont acharnés contre lui, plusieurs jours de suite. Il a pris pour tous les autres. Jusqu'à ce qu'il décide, dans un geste digne d'Obélix, de rendre son passeport français.
Le problème, ce n'est pas Depardieu, mais ce qui l'a poussé à s'expatrier. La racine du mal. Autrement dit, cette fiscalité débridée qui pousse à la fuite, j'allais dire à la faute. Ce n'est pas une question superflue que la gauche réglera par le déni comme elle le faisait jusqu'à présent ou par l'insulte qu'elle pratiquait ces jours-ci. Elle doit la traiter d'urgence, sous peine de voir détaler d'autres Depardieu, dans la mode, le luxe ou le cinéma, au cours des mois à venir.
Que cette affaire ait à ce point occupé les esprits en dit long sur la nervosité qui, ces temps-ci, tourneboule notre pays et ses classes dirigeantes, comme si, n'ayant plus de raison de croire en lui-même, il préférait désormais se vautrer dans le ressentiment. Les silences du pouvoir ne sont pas pour rien dans cette dépression nationale. "Gouverner, c'est parler aux gens" : François Mitterrand répétait souvent cette formule d'Aristide Briand. M. Hollande serait bien inspiré de la méditer.
Certes, le président craint, en s'exprimant, de provoquer la gauche de la gauche dont les montres se sont arrêtées au début du XXe siècle. Mais un peu de pédagogie s'impose alors que la France est rongée, comme par des puces, par un sentiment de déclin et de déclassement, avivé encore par l'OCDE : l'organisme international vient d'annoncer qu'en 2060 les États-Unis, première puissance économique mondiale, tomberaient à la troisième place, derrière la Chine et l'Inde, le poids de la zone euro dans l'économie mondiale étant pratiquement divisé par deux, à 9 %.
Malgré l'accumulation des mauvaises nouvelles et alors que s'amène l'horrifique année 2013, il y a néanmoins des raisons d'espérer encore. Après la dégradation de la France par l'agence de notation Moody's, les taux d'intérêt n'ont pas explosé, loin de là, et les marchés donnent quitus à notre pays pour les efforts annoncés ou entrepris en matière de désendettement et de lutte contre les déficits. A cela il faut ajouter que, si les prévisions de croissance restent inquiétantes pour la zone euro, elles sont révisées à la hausse pour la Chine dont, en novembre, la production industrielle a augmenté de plus de 10 % sur un an.
La Chine s'éveille à nouveau, Dieu merci. Puisse-t-elle enfin sortir du collapsus l'Europe en général et la France en particulier.

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