TOUT EST DIT

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mercredi 19 décembre 2012

Hollande se donne (décidément) le beau rôle...

François Hollande se rend aujourd'hui en Algérie et s'exprime dans les colonnes du Point. Il cherche à répondre aux critiques sur le manque de lisibilité de sa politique. Votre parti pris : Hollande se donne décidément le beau rôle. Que voulez-vous dire ?
Après sept mois à l'Élysée, il semble que François Hollande ait trouvé son style présidentiel. Le style, c'est à la fois la forme et le fond : la façon d'exercer le pouvoir et aussi de l'expliquer. Il y a eu la séquence de la banalisation, avec la fameuse "normalité", qui privilégiait l'apparence ; puis l'accélération, après l'été, qui trahissait un début d'affolement. Voici la phase de l'élévation : celle qui permet au président de prendre de la hauteur. Il observe l'action politique de son piédestal institutionnel... et il a tendance à prendre de haut ses ministres, sa majorité, ses opposants, la crise, le monde entier. Nous avons un président très assuré. Ce n'est pas forcément rassurant.
Vous trouvez qu'on peut lui reprocher une forme d'autosatisfaction ?
Qu'il défende sa politique, c'est normal. Surtout, il ne veut délivrer que des messages positifs. On est loin du registre churchillien ; c'est plutôt le docteur Tant-mieux de la fable. Il a déjà annoncé deux fois la fin de la crise de l'euro (qui ne saute pas aux yeux). Il dit dans Le Point que sa politique va produire ses effets - avec la croissance aux USA et en Chine (acceptons-en l'augure)... Et puis il a balayé d'un sourire l'affaire Depardieu : sans le blâmer mais en félicitant ceux qui restent en France. Il y a aussi l'exemple du débat sur la PMA pour les couples gay : il n'en voulait pas dans le projet du gouvernement, mais il est d'accord pour que le PS vote l'autorisation... C'est tantôt Salomon, tantôt Ponce Pilate... et surtout Machiavel.
Est-ce que ce n'est pas finalement le retour à une conception arbitrale de la fonction présidentielle ? C'est ce qui s'est passé sur le dossier de Florange, non ?
C'est en effet le cas d'école - on peut supposer qu'il se reproduira. Il y avait bien deux lignes au sein du gouvernement. Arnaud Montebourg préconisait la nationalisation, Jean-Marc Ayrault voulait négocier avec Mittal. Contrairement à ce qui a été dit, ce n'est pas Jean-Marc Ayrault qui a arbitré contre son ministre ; c'est François Hollande qui a tranché. Mais après avoir donné son feu vert (il le confirme) à Montebourg pour brandir la menace de la nationalisation. Il a donc appuyé le PM et le ministre alternativement (ou en même temps) et il les a envoyés au casse-pipe tous les deux. Le beau rôle pour lui, le sale boulot pour eux.
Est-ce qu'il peut laisser durablement plusieurs lignes politiques coexister au sein du gouvernement ? Il a aussi des problèmes avec les Verts...
Il le peut et il le veut. Il faut lire ce qu'il dit des Verts : "Il faut voir ce qu'on leur a fait avaler !" Pas des OGM, mais la baisse des dépenses, le budget européen... C'est la façon de faire de François Hollande - cynique et conforme à notre modèle présidentiel. Mitterrand et Chirac l'ont fait avant lui. La pratique autoritaire de Nicolas Sarkozy l'a fait (un peu) oublier. Avec Hollande, c'est le retour à une conception manoeuvrière de la présidence - il a passé 11 ans, à la tête du PS, à former des majorités de congrès avec des courants qui s'entredéchiraient. En fait, Hollande est plus attaché à la constance qu'à la cohérence. Il avance comme les marins : il cherche les vents favorables et il tire des bords. La question reste (encore et toujours) de savoir où il va - et s'il le sait lui-même.

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