TOUT EST DIT

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vendredi 14 décembre 2012

Europe : Merkel remet les pendules à son heure

La chancelière s'est entretenue avec François Hollande avant l'ouverture du sommet à Bruxelles. Elle a douché les espoirs de Paris, Rome et Madrid d'une Europe financièrement plus généreuse

Entre euphorie et frustration, le sixième et dernier sommet européen de l'année a débuté, jeudi soir, dans un parfum de schizophrénie. Côté jardin, l'Europe se hisse enfin hors des urgences de l'euro. Elle a réussi à remettre un peu d'ordre en Grèce et s'apprête à imposer à 6000 banques un code de surveillance unifié. Mais côté cuisine, les feux franco-allemands de l'intégration paraissent plus glaciaux que jamais, au risque de laisser beaucoup de monde sur sa faim.
Les vingt-sept chefs d'État et de gouvernement ont eu de vraies raisons de se célébrer en arrivant à Bruxelles. La Grèce, toute proche du déraillement cet été, est revenue «sur les rails solides» de la monnaie commune. L'Eurogroupe, rassuré, va rouvrir dans les jours qui viennent les robinets d'une aide qui se compte en dizaines de milliards. À l'échelon supérieur l'UE espère briser enfin le cercle vicieux entre dette bancaire et dette d'États en imposant, dès l'an prochain, la surveillance de la BCE aux 6000 établissement de crédits de la zone euro.

Baliser la tâche des années qui viennent

François Hollande voit dans le compromis arraché au petit matin un «accord majeur» qui consacre la capacité des Européens à stabiliser la monnaie commune. Angela Merkel salue une entente «dont on ne peut surestimer l'importance». L'état-major bruxellois se réjouit de voir démentis les Cassandre qui annonçaient, début 2012, l'éclatement de l'euro.
Bref, le sommet permet de tourner en beauté la page d'une année épuisante, toute entière vouée à la gestion de crise. Dans le scénario idéal, le huis-clos des 27 devait aussi baliser la tâche des années qui viennent, avec sur la table le chantier d'une nouvelle architecture de l'euro. Pour François Hollande, cela signifie plus de solidarité, avec à la clef plus de croissance pour le Sud de l'Europe. Pour Angela Merkel, cela veut dire plus de compétitivité et de réformes sur le modèle nordique. Et aussi davantage de contrôles au niveau central.
Entre le Nord et le Sud, entre la chancelière chrétienne-démocrate et le président socialiste, le malentendu n'est pas nouveau. Il prend simplement un tour plus tranchant à mesure qu'approchent l'automne 2013 et les législatives en Allemagne. Angela Merkel, ultime rempart de la monnaie commune depuis quatre ans souffre de voir contestée sa vision d'avenir. Elle ne veut pas non plus effrayer l'électeur allemand par de grands projets trop coûteux. Pour combler le fossé qui se creuse avec François Hollande, il aurait sans doute fallu plus que le tête-à-tête d'une trentaine de minutes organisé au débotté, juste avant le sommet.

Rapport Van Rompuy enterré

L'intransigeance allemande a fait une première victime en la personne du président du conseil Herman Van Rompuy, chargé depuis juin de dresser les plans d'avenir. Sa feuille de route «Vers une véritable union économique et monétaire», débattue depuis des mois par tout ce que Bruxelles compte d'esprits aiguisés, a été vidée de substance en moins de 36 heures. Sous la pression de Berlin. Exit l'ébauche d'un budget propre à la zone euro. Gommée l'esquisse d'un fond européen d'assurance anticrise. Rayée l'idée d'une émission de dette en commun. Disparu, le calendrier de mise en place sur trois ans.
Du coup, la discussion au sommet risque de tourner court. En remettant les pendules bruxelloises à son heure, Merkel douche brutalement les espoirs nourris à Paris, Rome ou Madrid. L'Élysée comptait sur la feuille de route Van Rompuy pour pousser vers une Europe financièrement plus généreuse et soucieuse de soutenir la croissance. Dès jeudi matin, la chancelière a opposé une fin de non-recevoir: elle est prête à aider ses partenaires à se réformer, par des aides temporaires et ciblées. Mais «cela ne doit pas servir de prétexte à mettre en place de nouvelles sources de financement» permanent dont Berlin ne veut pas.

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