TOUT EST DIT

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jeudi 8 novembre 2012

Vivement le rapport… Jospin !

Il n’y a pas que le rapport Gallois dans la vie politique, il y a aussi « le Jospin » dont la publication a été repoussée en fin de semaine, comme s’il était secondaire. Pourtant, ce travail sur « la rénovation et la déontologie de la vie publique » est de première importance. D’abord parce que le débat national ne saurait se réduire uniquement à une confrontation sur le coût du travail. Même si la question de l’allègement des charges des entreprises n’est pas négligeable pour notre économie comme pour notre avenir, on ne saurait en faire comme nous y enjoint Laurent Joffrin dans son éditorial du Nouvel Observateur une « ardente nécessité » qui mobiliserait l’essentiel de nos forces intellectuelles, vitales.

La démocratisation de nos institutions et la moralisation des pratiques de nos élus valent qu’on y mette autant d’ardeur voire davantage, car sinon on risque de passer à côté d’une révolution éthique et démocratique, dont cette commission a la charge. Même si les « préliminaires » de ce rapport n’ont pas été très réjouissants, il ne faut pas trop préjuger en mal de sa conclusion…

La composition de cette commission a certes suscité du respect, mais pas d’enthousiasme – des professeurs de renom certes, tel Jean-Claude Casanova, et des fonctionnaires réputés, mais pas de représentants du secteur privé, ni de philosophe, ni personnalité hors normes- ce qui ne laissait pas présager d’une audace dont son patron, Lionel Jospin n’a que trop rarement fait preuve. L’ancien Premier ministre n’a certes plus grand chose à perdre, mais sa crainte de gêner son ex-premier

secrétaire du PS devenu Président de la République a pu retenir un esprit et une main qu’il faudra pousser s’il a été ainsi entravé. Mais point de procès d’intention, alors même qu’il n’y a pas eu de fuites ni d’indiscrétion sur ce rapport-là. Et attendons avec exigence ce qu’il en sera vraiment des avancées esquissées sur quelques points essentiels !

Le cumul des mandats, des fonctions, des rémunérations ? Lionel Jospin a annoncé son intention d’édicter « une limite extrême pour les ministres et les parlementaires, sans faire de distinction entre députés et sénateurs ». Sa traduction dans les faits demandera d’être suivie avec la plus extrême vigilance, car tant au Sénat qu’à l’Assemblée nombre d’élus sont à l’œuvre pour différer et dévoyer toute réforme trop restrictive. Idem pour les conflits d’intérêts, où les lobbys sont mobilisés afin que les parlementaires puissent continuer d’être avocats et que les hauts fonctionnaires aient toujours loisir de pantoufler dans le privé sans trop s’embarrasser. Entre « belles personnes », on s’est toujours montré coulant…

Sans doute la remise en cause du statut pénal du chef de l’Etat ou la refonte du système de parrainages pour l’élection présidentielle provoqueront-elles moins de passion ou même d’affrontements de coulisses que par exemple les sanctions envisagées pour corruption, tant les élites politiques se sont jusqu’ici protégées. Les atteintes à la morale et à la probité ont passé jusqu’ici pour une contrepartie indissociable de l’action, une maladie infantile qu’on regardait avec compréhension, sans vouloir vraiment la combattre par des lourdes peines qui interdisent aux corrompus tout retour sur la scène nationale. Les temps auront-ils enfin vraiment changé ? L’éthique sera-t-elle plus qu’un tic de langage et un toc de campagne ? Jospin le protestant qui ne s’est jamais totalement racheté de son mensonge initial sur son trotskysme passé fera-t-il œuvre de justicier ? Il devrait essayer…

Mais on attendra aussi, d’abord, l’ancien Premier ministre au tournant de la réforme du mode de scrutin. Une dose, mais quelle dose de proportionnelle ? Telle est la question existentielle pour François Hollande et son avenir. Si on en reste au bas de la fourchette, une cinquantaine d’élus par ce biais, comme c’est pour l’instant envisagé, le principe majoritaire n’est guère bouleversé. En revanche s’il s’agit d’une centaine de sièges ainsi pourvus au scrutin proportionnel, alors ce sera le signe clair que le Président de la République envisage d’élargir sa majorité au centre, à François Bayrou pour être plus précis. Les discussions en ce sens ont commencé au sommet. Le candidat centriste battu à l’élection présidentielle cherche à se retrouver un rôle historique et François Hollande ne peut rester sans carte de secours dans sa manche. En outre, les deux François se sont toujours bien entendus. Alors…

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