TOUT EST DIT

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vendredi 26 octobre 2012

Plongée au coeur de l'Aube Dorée en Grèce

Crédité de 14 % des voix, le parti d'extrême-droite grec profite de la crise économique et politique du pays. Reportage sur ce que veut vraiment l'Aube Dorée.
14% d'intentions de vote. Vendredi dernier, un nouveau sondage publié par Athens news a révélé la progression de l'Aube dorée (en grec Chrisi Avgi). Ce parti ultranationaliste se place désormais troisième derrière Nouvelle démocratie (droite conservatrice) et Syriza (coalition de gauche radicale).Marlène Katsinopoulou, attachée parlementaire de l'Aube dorée réagit. « Nous savons que les sondages se sont toujours trompés, aux dernières élections (17 juin, NDLR), nous avions récolté 7% des suffrages, alors que les sondages nous plaçaient à 4% ! », martèle cette jeune blonde de 27 ans. « Aujourd'hui nous sommes à 15 voire 17% d'intentions de vote!»
Nationalistes exacerbés
En mai dernier, une vidéo du leader du parti Nikos Mihaloliakos fait scandale. Interrogé sur une chaîne grecque, ce dernier nie l'existence des chambres à gaz. L'Aube dorée refuse toutefois l'étiquette néonazie et se défend de toute ressemblance entre son emblème et la croix gammée d'Hitler. Stathis Boucouras, député de Corinthe, écarte tout rapprochement : «Nous n'avons pas de rapport avec l'extrême droite, nous sommes nationalistes et cela veut dire aimer sa patrie et à être prêt à mourir pour elle.»
Humiliation européenne
Au bureau du parti à Athènes, les références au passé et à la gloire de la nation grecque sont d'ailleurs nombreuses. Drapeaux anciens, illustrations du patrimoine historique, livres sur l'antiquité grecque qui s'étalent sur les étagères... D'après Aristos Doxiadis, chercheur grec, « L'Aube Dorée défend l'idéologie que les Grecs sont des gens spéciaux, uniques, avec une langue unique, des racines dans l'antiquité et des références anciennes. C'est une caricature de l'histoire.» Le chercheur ajoute que « les médias ont présenté une image humiliante des Grecs depuis 2010, ce qui a touché la fierté nationale » et favorisé la montée du parti ultra-nationaliste. Cette humiliation au niveau européen « a conduit à la colère grecque et à un sentiment de conspiration ambiant. » Résultat, les migrants, nombreux en Grèce (près de 1 million), sont les principales cibles du parti, fréquemment soupçonnés et accusés de violences à leur encontre migrants. « Ce sont des personnes externes à l'Aube dorée », assure Marlène Katsinopoulou. Sur une vidéo récente, diffusée sur la toile, on peut voir plusieurs personnes de l'Aube dorée détruire violemment plusieurs stands de migrants. L'attachée parlementaire légitime l'acte : « Nous avions appelé la police à plusieurs reprises, mais elle n'est pas venue. Si la police dit non quel est notre rôle ? De protéger notre peuple....» A l'évocation de l'image d'un parti agressif ou effrayant, Marlène Katsipoulou répond : « Ceux qui pensent cela n'ont pas lu notre programme !»
Réaction à la paralysie gouvernementale
Selon le parti, ce sont «des gens éduqués, qui sont allés à l'université, titulaires de doctorats ou de masters et surtout des jeunes de 18 à 40 ans» qui adhèrent aux thèses de l'Aube dorée. 7% des Grecs aux dernières élections. Avant 2009, ce groupe est pourtant méconnu de l'opinion publique. Stigmatisée dans les années 1980, l'Aubedorée devient officiellement un parti politique en 1993, mais demeure une forcemarginale. C'est en 2010 que le parti crée la surprise, avec 5,3% des suffrages aux municipales d'Athènes. Pour Marlène Katsinopoulou, cette percée est due à « l'inquiétude » des Grecs face à « la crise économique et la montée de la criminalité » Elle détaille : « Les électeurs ont aussi compris aussi que le gouvernement corrompu les vole.» Rania Svigkou, membre du parti Syriza, analyse : « La montée de Chrisi Avgi résulte de la crise économique et sociale et les réponses données par les forces néolibérales (au pouvoir) à cette situation, les Grecs sont frappés par le chômage et la pauvreté. C'est le désespoir, la colère qui a permis aux néonazis d'entrer au parlement, afin de livrer un message « contre le système ». Mais c'est un parti très dangereux !»
Création d'un pôle emploi et d'un réseau de soins pour les Grecs
« L'Etat n'existe pas, la police ne fait pas grand-chose, alors qu'on a une criminalité très élevée», plaide Marlène Katsinopoulou. Afind'attirer les électeurs, l'Aube dorée vante une omniprésence sur le terrain, via la distribution de nourriture, des dons du sang réservés aux Grecs... Actuellement le parti ultranationaliste crée un pôle emploi ainsi que des services de soins médicaux, toujours à destination des Grecs. « A la différence de médecins sans frontières, nous, nous voulons créer médecins avec frontières », explique Christou Eugenia, membre du parti. D'après Aristos Doxiadis : «Le parti n'a pas de réelles solutions mais veut montrer aux gens qu'il est là pour remplacer l'Etat. »
Economie interne et Europe « pure »
Une sortie immédiate de l'euro...mais pas tout de suite et une renégociation du mémorandum. Pour l'Aube dorée, une sortie de l'euro n'est donc pas exclue. Stathis Boucouras détaille le programme : « Une fois que la Grèce aura retrouvé une production agricole et exploité le gaz de la mer Egée. Il faudra être mesurés et patients avant un retour à la monnaie nationale.»Il ajoute : « Ce retour n'implique pas que nous n'ayons pas de relations commerciales avec les autres pays, mais nous voulons des importations qu'en cas de besoin extrême de la population grecque.»
Le parti ultranationaliste souhaite un retour à « une Europe pure ». Le député Stathis Boucouras précise : « Nous devons avoir une Europe des nations avec l'Allemagne aux Allemands, la France aux Français etc... Il n'y a pas de place pour d'autres peuples en Europe. »Marlène Katsinopoulou assure que l'Aube dorée a des relations amicales avec « des partis d'Italie, d'Espagne et bien sûr de Russie. »

Pour aller plus loin : Les racines historiques du fascisme grec.

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