TOUT EST DIT

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mardi 9 octobre 2012

Merkel veut apaiser les tensions avec la Grèce en se rendant à Athènes

Pour son premier voyage en Grèce depuis le début de la crise, la chancelière risque d'être chahutée, tant les relations entre les deux pays sont tendues.
Conspuée dans les manifestations ou lors du match de football Allemagne-Grèce de l'Euro 2012, caricaturée en Hitler dans la presse grecque, la chancelière Angela Merkel tentera, lors de sa visite mardi à Athènes, d'apaiser les tensions exacerbées entre les deux pays par la crise de la dette. Le voyage de Mme Merkel, le premier depuis le début de la crise, est un signe de "respect" et de "reconnaissance" pour le peuple grec, a estimé dimanche le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle.

Ces mots d'apaisement suffiront-ils à panser les blessures des Grecs, soumis depuis trois ans à une cure d'austérité drastique et à une tutelle internationale de plus en plus serrée, dont ils rendent largement responsable l'austère chancelière allemande ? Les Grecs, dont les revenus fondent sous l'effet conjugué des coupes appliquées sur leurs salaires et retraites, et des hausses d'impôts, souffrent d'être qualifiés de menteurs, de fainéants et de voleurs dans la presse populaire allemande, alors que le seul résultat tangible pour eux de cette politique est une aggravation de la récession qui dure depuis cinq ans.
Une presse allemande déchaînée En Allemagne, la presse a volontiers joué la dramatisation. En tête, le journal le plus lu du pays, Bild, a ainsi lancé il y a deux ans une véritable campagne sur "la faillite grecque", plaidant pour une sortie de la zone euro du pays, accusé de pomper les ressources des Allemands. Certains gros titres ont été très violents: "Cliques, gangs familiaux, corruption, ainsi fonctionne le système grec", titrait le journal le 27 avril 2010. En octobre de la même année, il provoquait en lançant cet appel aux Grecs: "Vendez donc vos îles... et l'Acropole avec". "Si nous devons encore aider les Grecs avec des milliards d'euros, ils doivent donner quelque chose en échange".
En Grèce, lors des manifestations anti-austérité qui passent devant la Banque centrale, l'inscription Banque de Grèce est régulièrement taguée et remplacée par l'expression "Banque de Merkel". Se sont également réveillées en Grèce, dans un pays où la résistance face aux nazis a été farouche et où la population a particulièrement souffert des privations, de vieilles revendications de remboursement d'un emprunt nazi obligatoire. Même le chef de la task force européenne - chargé d'épauler Athènes dans la mise en place de son redressement budgétaire et moins impopulaire que la troïka (UE-BCE-FMI), qui exige sans cesse un renforcement de l'austérité -, l'Allemand Horst Reichenbach, a fait les frais du sentiment anti-allemand, son véhicule et son domicile ayant été vandalisés, une action revendiquée par un groupe grec appelé "Les amies de Loukanikos", à Potsdam (nord-est) en mai.
L'été dernier, les Allemands ont eu tendance à bouder la Grèce selon les voyagistes, après des mois de tensions et malgré les efforts de la Commission européenne qui a financé des séjours de journalistes grecs dans le pays de Kant, et de journalistes allemands dans celui de Platon. Devant un risque réel de voir le pays quitter l'euro, ce qui affecterait lourdement les exportateurs allemands, le ton a cependant commencé à changer depuis l'accession au pouvoir d'Antonis Samaras, qui, comme la chancelière, appartient à la famille conservatrice.
Un début d'accalmie?
Le centre d'Athènes paralysé par Merkel
En Allemagne, Bild s'est fait moins radical, consacrant même, à l'occasion de la visite de M. Samaras à Berlin, des reportages aux difficultés des Grecs face à l'austérité tandis qu'Angela Merkel multipliait les déclarations de sollicitude. "Mon coeur saigne", a-t-elle notamment dit, à propos des sacrifices imposés au peuple grec. Conscients des tensions, les dirigeants allemands rappellent constamment que les décisions visant la Grèce ne leur appartiennent pas en propre, qu'elles sont le fruit d'un travail collégial. Dimanche, le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a rappelé que le voyage de la chancelière n'avait pas pour objectif d'évoquer "ce sur quoi la troïka doit se prononcer".
Mais la crise intensifie aussi certains liens: le marché du travail allemand attire les jeunes Grecs diplômés et polyglottes désireux de quitter un pays où plus de 50% des moins de 25 ans sont au chômage. Au premier trimestre 2012, l'institut Goethe qui dispense des cours d'allemand a accru ses effectifs de 50% en Grèce. Et le nombre d'immigrés en Allemagne en provenance de Grèce en 2011 avait déjà progressé de 90% par rapport à 2010. Mais l'équilibre de la relation germano-grecque reste fragile, d'autant que la troïka et notamment le FMI, inquiet de la soutenabilité de la dette grecque à terme, insistent pour la poursuite d'efforts d'austérité drastiques, alors que la Grèce, où le parti neo-nazi Aube dorée est en pleine forme dans les sondages, réclame quatre ans pour les mener à bien au lieu de deux.
Dans une ville sous haute surveillance policière, des manifestations anti-austérité sont prévues pendant le séjour de Mme Merkel à Athènes à l'appel des syndicats et de la gauche radicale.

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