TOUT EST DIT

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mercredi 10 octobre 2012

Hollande a évité le pire, pas Ayrault

  Les députés ont adopté hier le traité budgétaire européen et François Hollande s'est félicité de voir "la gauche réunie" dans ce vote. Votre parti pris : Hollande a évité le pire, pas Ayrault. Pourquoi ?
On peut dire que, dans cette affaire, François Hollande a joué à se faire peur. Mais on ne peut pas croire qu'il soit vraiment rassuré par son issue. Parce que, si lui se sort de justesse du piège, le Premier ministre y laisse une part de sa crédibilité - une part supplémentaire. Parce qu'il avait échoué à entraîner la majorité dans son discours de politique générale, en juillet ; qu'il n'a pas réussi à rassurer la majorité, il y a deux semaines à la télévision ; et qu'il n'est finalement pas parvenu à rassembler sa majorité, hier à l'Assemblée.
Pourtant le texte a bien été adopté à une large majorité : 477 voix pour, 70 contre. Et François Hollande a affirmé qu'il n'aurait "pas eu besoin des voix de la droite" pour faire approuver le traité. C'est faux ?
C'est une présentation habile mais faussée, une illusion d'optique, comme un tour de bonneteau. Vous perdez la boule des yeux et vous ne la revoyez plus. Hier, la boule, c'était la majorité : le nombre de députés qui la constituent, c'est 289 - la moitié des 577 sièges de l'Assemblée + 1. Or la gauche a apporté 282 voix au traité. Donc il en manque 7 pour faire une vraie majorité absolue de gauche. En réalité, ce qui s'est passé, c'est qu'il n'y a eu que 547 votes dans l'hémicycle - à cause des abstentions et de ceux qui n'ont pas pris part au scrutin. C'est pourquoi François Hollande peut faire comme s'il avait sa majorité. En attendant la règle d'or, il lui faudrait une règle à calculer...
Il y a donc eu 20 socialistes qui ont voté contre. C'est plus que le gouvernement ne l'espérait, mais est-ce qu'on peut parler de crise ?
Pas de crise puisque tout était congelé d'avance - Jean-Marc Ayrault avait tout lâché aux écologistes, on le voyait mal sanctionner des socialistes. Mais on peut parler de revers : il a tout fait pour caporaliser ses troupes ; ça n'a pas marché. Les rebelles ne sont pas rentrés dans le rang ; ils n'ont consenti qu'à faire le silence dans les rangs (comme Benoît Hamon, dont on est sans nouvelles depuis un mois...). François Hollande, on l'a dit, ne s'est pas mouillé du tout dans cette affaire : donc c'est Jean-Marc Ayrault qui en récolte les lauriers, des lauriers bien fanés... Au passage, notons qu'Olivier Falorni n'a pas voté le traité - il s'est abstenu. A posteriori, c'est une raison de plus pour François Hollande de féliciter Valérie Trierweiler de son intervention à La Rochelle !
Maintenant, la loi organique sur la mise en oeuvre de la règle d'or va être votée aussi. Est-ce que cette page peut se tourner rapidement ou elle va laisser des traces ?
Il faut être honnête : pour ce qui est de l'Europe, ça ne change rien du tout - c'est juste que la France devait ratifier le traité pour ne pas se mettre hors jeu elle-même, puisque les autres pays l'ont déjà adopté. Mais c'était devenu une affaire franco-française - et même un psychodrame au sein de la gauche. De ce point de vue-là, le vote ne règle pas tout. Jean-Marc Ayrault postulait à être le chef d'une majorité composite ; il a maintenant une majorité décomposée. Et il y avait un débat sur la politique d'austérité ; il y en a un autre sur l'autorité du Premier ministre.

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