TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 3 septembre 2012

Trois millions de raisons d’agir 


« Je ne veux pas être le Premier ministre d’un tournant de l’austérité », a lancé hier Jean-Marc Ayrault. Quant à Michel Sapin, il estime qu’il faut une « inversion » de la courbe du chômage. Sous une forme ou sous une autre, beaucoup de leurs prédécesseurs ont décliné de tels propos péremptoires. Mais la réalité se charge souvent de les démentir, et de rallonger un tunnel dont on espérait voir le bout. Le chef du gouvernement a beau ergoter sur le vocabulaire, les Français n’échapperont pas à une cure drastique. Et vouloir faire reculer le chômage relève de l’intitulé même du ministère du… Travail. Alors, inutile de bâtir des plans sur la comète.
Face au chômage, les Français, aujourd’hui, ne veulent que trois choses : du concret, du concret et encore du concret, surtout au moment où le nombre de « demandeurs d’emploi sans activité » dépasse un niveau alarmant, qui n’avait plus été atteint depuis le siècle dernier, dans la décennie 1990. Le seuil avait été frôlé dans la dernière statistique, celle de juillet. Les données du mois d’août ne sont pas encore connues, mais Michel Sapin – ce qui est moins habituel dans sa fonction – a devancé l’annonce. « Les trois millions, c’est déjà fait », a déclaré hier le ministre du Travail. Et Jean-Marc Ayrault a mis l’accent, lui aussi, sur ce sombre constat.
À une semaine de l’intervention télévisée du président de la République, la communication de crise s’amplifie. Pas même besoin d’évoquer « l’héritage », autre ritournelle du discours public, la gauche ne peut guère être tenue pour responsable de la dégradation peu commune du marché de l’emploi. Elle se doit, en revanche, de tracer des perspectives, le plus rapidement possible.
François Hollande est en train de monter en première ligne, et répond sur ce point à une attente. Mais il ne peut en rester à un simple changement de posture. Préparer ainsi l’opinion à des temps difficiles n’a de sens que s’il fait bouger les lignes, sur un terrain où tout n’a pas été essayé, contrairement à ce que proclamait jadis François Mitterrand. Même dans les rangs syndicaux, la majorité est invitée à faire vite. Si le chef de l’État faisait preuve d’audace, beaucoup de Français lui donneraient sans doute raison. Trois millions de fois raison.

0 commentaires: