TOUT EST DIT

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lundi 3 septembre 2012

Vers la fin du pétrole 


« Une demi-mesure. » C'est l'impression qui prévaut après la baisse de quelques centimes du prix des carburants. On donne, en effet, dans le symbolique. Assez pour tenir promesse, mais pas trop pour éviter de grever les recettes fiscales. Un compromis modeste au final, qui ménage les compagnies pétrolières.
Une autre raison a probablement dicté cette prudence. Elle est pédagogique : éviter de laisser croire que, sur le front des énergies fossiles, les choses pourraient encore s'arranger, moyennant un peu de bonne volonté des uns et des autres. C'est comme si, en pleine cure de désintoxication alcoolique, on avait consenti à humecter d'alcool les lèvres du patient en renonçant bien à lui tendre le verre fatal.
Quoi qu'on fasse, on sait qu'on ne reviendra pas en arrière. Tôt ou tard, il faudra se résoudre à l'évidence d'un litre d'essence de plus en plus cher. La raison de fond en est simple : nous nous approchons du « pic pétrolier », c'est-à-dire de ce moment où la production mondiale de pétrole plafonnera, avant de commencer à décliner du fait de l'épuisement des réserves vers 2030-2050. Selon certains, ce pic aurait déjà été atteint.
On pourrait parler d'une pédagogie par l'épreuve, souvent - et hélas - plus efficace dans la prise de conscience que les grands discours, par ailleurs si nécessaires, sur le changement climatique, en lien direct avec le sujet. Les analyses des grands spécialistes du climat, la fonte des glaces accélérée au point qu'une élévation de près d'un mètre du niveau des océans, fin XXIe siècle, n'est pas exclue, l'objectif de Copenhague de contenir le réchauffement de l'atmosphère en deçà de 2 degrés d'ici à 2050, soit une réduction des émissions des deux tiers... tout cela nous dit, bien sûr, qu'il faut changer.
La raréfaction du pétrole, elle, nous force à changer, et sans retard, en nous frappant au point faible. Et plus nous nous bercerons d'illusions sur l'avenir de cette ressource en faisant fond sur les nouveaux gisements du Brésil, du Mexique, sur les sables bitumineux, sur la fracturation des schistes ou la conversion du charbon et du gaz en liquide.... et plus terrible et, il faut le dire, plus inégalitaire sera la chute. L'âge du pétrole et des énergies fossiles n'aura duré que deux siècles.
« Nous allons être témoins de changements à une échelle extraordinaire dans chacun des aspects de notre vie. » C'est la conviction de Rob Hopkins dans son passionnant Manuel de transition, invitant à développer nos capacités de résilience, c'est-à-dire d'adaptation aux chocs en cours et à venir. Plus que d'adaptation des pratiques, est en cause une véritable conversion des esprits et des comportements. Ce n'est pas un hasard si le professeur américain Sharif Abdullah parle, à ce propos, d'« accouchement d'une nouvelle manière d'agir dans le monde », le rôle du politique étant d'« atténuer la souffrance et de soigner la société nouvelle jusqu'à ce qu'elle soit en parfaite santé ».
Par conséquent, il est urgent d'entrer dans ce processus de transition avec le souci de positiver, envers et contre tout, ce qui va venir en partant de l'idée que « l'avenir avec moins de pétrole pourrait être meilleur que le présent, mais seulement si nous nous mettons à faire preuve de créativité et d'imagination ». Discours fleur bleue ? C'est sans nul doute le seul discours vraiment réaliste.

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