TOUT EST DIT

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mardi 4 septembre 2012

N'attendez pas le retour de Sarkozy : il est toujours là !

La référence à l'ancien président est permanente. Pour Hervé Gattegno sur RMC, Sarkozy, à la fois modèle et repoussoir, est omniprésent.
Vous voulez prendre un peu de recul par rapport aux derniers événements politiques : la multiplication des candidatures à l'UMP, les critiques contre l'attentisme du gouvernement, l'accélération qu'essaie d'imprimer François Hollande. Votre parti pris : n'attendez pas le retour de Nicolas Sarkozy... il est toujours là ! C'est-à-dire ?

Il y a un point commun entre tous ces événements : la référence à Nicolas Sarkozy - permanente, récurrente, presque obsessionnelle. Il n'occupe plus le terrain politique, mais toujours les esprits. Et pas comme un cher disparu ni un vieux sage. Il est à la fois un modèle et un antimodèle, un recours et un repoussoir. Les candidats à l'UMP n'ont d'autre choix que de se réclamer de lui. Et c'est parce que son tempo effréné rythme encore notre vie politique que, par contraste, François. Hollande paraît à ce point immobile. On a l'impression d'être passé de l'hystérie à l'apathie - c'est-à-dire d'une pathologie à une autre.
Est-ce qu'à votre avis, Nicolas Sarkozy prend une part active à ces événements ? Autrement dit : est-ce qu'il fait encore de la politique ?
Il n'en a pas besoin. La force d'inertie lui suffit - comme un bateau qui continue d'avancer quand les moteurs sont coupés. Il a été en mouvement jusqu'à la saturation ; c'est ce qui a fini par horripiler les Français. Cette sensation d'omniprésence ne va pas se dissiper d'un seul coup. Les 100 jours de Hollande, c'est aussi les jours sans Sarkozy. On respire. Mais on ne peut pas s'empêcher de comparer. Les socialistes eux-mêmes le font sans arrêt. Sur le fond comme sur la forme, ils s'inscrivent dans l'antithèse du sarkozysme. Ça ne leur a pas mal réussi ; mais c'est dire à quel point Nicolas Sarkozy les obsède encore. Et dès que Manuel Valls se déplace sur le lieu d'un fait divers ou que François Hollande convoque une réunion de crise, que ce soit pour le déplorer ou pour s'en réjouir, on dit : "Il fait du Sarkozy."
À l'UMP, c'est criant : tous les candidats revendiquent l'héritage. Henri Guaino, le dernier en date, fait sien le projet que Nicolas Sarkozy a défendu à la présidentielle !
On est loin du débat sur le droit d'inventaire : c'est à qui sera le plus sarkozyste ! Guaino dit en effet que le projet de l'UMP doit être celui du candidat Nicolas Sarkozy à la présidentielle - drôle d'idée puisqu'il a perdu ; mais c'est comme s'il s'agissait d'effacer la défaite, de démontrer que Nicolas Sarkozy avait raison malgré tout. François Fillon a voulu prendre ses distances, il a vite compris qu'il devait rentrer dans le rang sous peine de passer pour un traître. Et Jean-François Copé en est à promettre qu'il s'effacera si Nicolas Sarkozy veut revenir en 2017 - ce n'était pas la campagne dont il avait rêvé... On attendait une relève et nous voici dans la vénération. À ce train-là, l'élection à l'UMP va désigner non pas le chef du parti, mais un concierge : celui qui gardera les clés pour Nicolas Sarkozy.
Le discours de François Hollande à Châlons-en-Champagne, vendredi dernier, semble avoir sonné la fin de la "présidence normale". Est-ce que c'est aussi une victoire de Nicolas Sarkozy ?
C'est une revanche et un tournant. Monsieur Modeste à l'Élysée, c'était un excellent argument de campagne. L'aggravation de la crise l'a déjà rendu à moitié obsolète. Après la défaite de Nicolas Sarkozy, on a pu penser que l'accélération du temps politique précipitait le renouvellement des générations au pouvoir et qu'il serait balayé. Il faut maintenant se dire que l'accélération est si rapide qu'elle peut aussi favoriser un come-back. Le discours de François Hollande à Châlons, qui au fond était très sarkozyste, lui redonne une légitimité. À présent, Nicolas Sarkozy peut se dire que le temps travaille pour lui. À condition qu'il acquière (quand même) une vertu qu'il n'a pas : la patience.

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