TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 22 septembre 2012

Blasphème ! 


Singulier, et pour tout dire inquiétant ! Quel est le mot en vogue ? Blasphème ! Un vieux mot qui renvoie aux systèmes de pensée où la distinction entre le sacré et le profane se mesure selon les seuls critères du sacré.
Certains voudraient même redonner au blasphème, sur le sol français, une qualification juridique. Arriveraient ainsi devant les tribunaux (heureusement civils) des litiges touchant à la façon dont est regardé un fait religieux. Quelle régression ! Ce serait revenir aux temps où la croyance théologique faisait la loi. Or s’il y a un socle à sauver dans le fonctionnement républicain, c’est bien la liberté de conscience, de pensée, d’expression.
Le concept même de blasphème est suspect. Ceux qui crient au blasphème sont souvent ceux qui s’approprient Dieu, croient parler en son nom et entendent légiférer selon leurs propres options, qu’ils ne manquent pas de déclarer intouchables. Ainsi la boucle de l’absolutisme est-elle bouclée.
Ecrire cela n’est pas justifier l’insulte religieuse. Les athées ont droit au respect de leur incroyance et les croyants ont droit au respect de leurs convictions. Si nous sommes parvenus à une telle incandescence, c’est bien parce que les extrémistes de toutes confessions ont su saper les équilibres et exacerber les angoisses. Ce sont des pièges dont il faut s’écarter au plus vite.
On comprend que les musulmans soient choqués par un film indigne qui n’a été tourné aux Etats-Unis que pour les blesser ; mais ils font fausse route en s’en prenant indistinctement à tout ce qui est américain, voire occidental.
Ceux que heurtent les caricatures publiées dans des journaux européens peuvent faire appel aux tribunaux compétents en matière de presse. Mais invoquer le blasphème est dépourvu de pertinence. C’est prendre le problème par son bout le plus archaïque. Dans toutes ces affaires, la priorité est de ne pas ajouter l’intolérance à l’intolérance.

0 commentaires: