TOUT EST DIT

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jeudi 2 août 2012

Équilibre instable au Moyen-Orient


Alors que la France vient de prendre pour un mois la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies, la question syrienne est plus que jamais à l'ordre du jour. En dépit de l'enlisement actuel du conflit, le régime Assad est bel et bien condamné. Chaque fois qu'il annonce avoir maté la rébellion en un lieu, celle-ci repart de plus belle ailleurs. Le régime a scellé son destin avec le sang de ses citoyens. L'équilibre des armes lui est encore favorable, celui des volontés a basculé avec l'attentat qui a coûté la vie aux plus proches collaborateurs du régime. Le temps joue désormais pour les « rebelles ».

Mais que sera « l'après-Assad » ? Dans cette partie du monde, on ne sort pas d'un régime despotique et sanguinaire par la démocratie et l'État de droit.
Il n'en demeure pas moins que la chute inéluctable du régime syrien se traduira par un nouvel équilibre des forces régionales. Elle fera un grand perdant, l'Iran, et constituera peut-être la revanche des régimes sunnites sur les forces chiites. En réalité, une phase historique de près de dix années, qui s'était ouverte en 2003 avec la chute de Saddam Hussein en Irak, va se conclure avec la chute d'Assad. Les États-Unis avaient curieusement alors « choisi » de renforcer leurs ennemis chiites et d'affaiblir leurs alliés sunnites. Par un effet de bascule, la révolution arabe rétablit, pour partie, l'équilibre préexistant entre sunnites et chiites, tout en introduisant un risque de déstabilisation sinon de chaos très fort.
Son isolement diplomatique nouveau poussera-t-il Téhéran à faire preuve de plus de modération sur la question du nucléaire ou, ce qui est plus probable, à répondre à l'humiliation par un durcissement de ses positions et une nouvelle fuite en avant ?
La deuxième conséquence de la chute du régime de Damas sera de souligner les limites de la Russie de Poutine. Moscou a un pouvoir de blocage bien réel, mais avoir pour seul allié la Russie ne suffit pas. Hier, la Syrie de Hafez el Assad avait à ses côtés l'URSS, aujourd'hui son fils Bashir n'a plus que la Russie. La Chine, en effet, est dans une position de « suiveur ». Elle s'est beaucoup plus investie dans le continent africain qu'au Moyen-Orient.
Il existe aussi encore de nombreuses interrogations. Quel sera le poids des Islamistes les plus radicaux dans la reconstruction de la Syrie ? Leur entrée dans le conflit aux côtés des forces « rebelles » est une réalité qu'il ne faut ni ignorer ni surestimer.
Quel sera l'impact de ce nouvel équilibre (déséquilibre ?) régional sur le conflit israélo-palestinien ? Le régime de Damas était un ennemi déclaré d'Israël, mais c'était aussi un adversaire prévisible. Avec le renforcement des Frères musulmans en Égypte et plus globalement des forces Islamistes dans l'ensemble de la région, Israël peut moins que jamais ignorer le Hamas.
Qu'en est-il enfin du « devoir de protéger » les populations victimes de la violence criminelle de ses gouvernants ? L'intervention en Libye aura-t-elle été paradoxalement le « chant du cygne » de cet engagement humanitaire ? La Syrie n'est certes pas la Libye et le contexte international et plus encore économique n'est pas le même. Encore faut-il expliquer clairement pourquoi on devrait intervenir aujourd'hui au Mali plutôt qu'en Syrie. 

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