TOUT EST DIT

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jeudi 2 août 2012

Citoyens périphériques


C’est au détour des ruelles pavées de poussière du bidonville de Cañada Real et de ceux du reste du pays que se dessine le vrai visage de la crise traversée par l’Espagne. C’est là qu’elle devient concrète.
Quand les chiffres n’ont plus de raison et se mélangent aux pourcentages et aux taux d’intérêt pour finir par ne former qu’un magma informe, il reste les yeux de ces citoyens relégués dans des campements de fortune. Près des voies ferrées, au bord des autoroutes, en lisière des aéroports. Toujours en périphérie des villes. Exclus de la vie de la cité.
Et il faut les affronter, ces yeux, pour comprendre la portée du drame qui se joue à nos portes, à quelques encablures des plages où rosissent les peaux des vacanciers. La misère n’est pas moins pénible au soleil, on le sait depuis longtemps. Elle y est simplement plus fréquente.
Car la crise frappe d’abord et le plus durement les populations les plus fragilisées. Et le mal-logement est le premier coup porté aux familles. C’est vrai en Espagne, c’est vrai en Grèce, c’est vrai aussi chez nous.
Il suffit de jeter un coup d’œil le long de nos routes ou près de nos gares comme celle de Lyon-Perrache actuellement, pour voir les résurgences des bidonvilles qui avaient été détruits dans les années 70. Des embryons de quartiers faits de masures de toiles ou de bois qui sont les derniers refuges des travailleurs pauvres ou des laissés-pour-compte. Ce n’est pas un hasard si 63% des Européens ont peur de basculer dans la précarité.
La bulle immobilière a longtemps fait office de ballon d’hélium pour la société et l’économie espagnoles avant d’éclater il y a cinq ans. La cruelle ironie de l’histoire est qu’elle a laissé derrière elle près de quatre millions d’appartements achevés ou en cours de réalisation à l’abandon. De quoi loger quasiment l’ensemble de la population de l’Irlande.

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