TOUT EST DIT

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vendredi 3 août 2012

Deux têtes de cochon, combien ça pèse ?


Un « acte abject ». « Blasphématoire. » « Révoltant. » « Une provocation raciste et xénophobe. » La profanation d’une maison particulière utilisée comme mosquée à Montauban – la mosquée es-Salem, l’une des trois que compte la ville – a suscité un concert d’indignation à la mesure de la consternation de la petite communauté d’hommes qui l’a découverte, mercredi matin, en se rendant à la première prière du jour à 4 heures du matin. Deux têtes de cochon, l’une piquée sur la grille d’entrée, l’autre sur un poteau, et des litres de sang déversés au seau dans le chemin d’accès : on ne peut pas dire que les dégâts soient importants mais l’intention provocatrice était évidente. Le cochon, c’est « haram ». Impur. Il est intéressant de noter que les autorités françaises en prennent acte.
Deux têtes de cochon – déjà enlevées pour analyse par les services de police – et ces litres de sang non identifié, cela pèse en effet très lourd. Proportionnellement beaucoup plus qu’une chapelle incendiée, un autel profané, des hosties répandues dans une église paroissiale, des croix renversées et des ossements volés dans des cimetières… La liste des profanations anti-chrétiennes ne cesse de s’allonger et s’accompagne le plus souvent d’un retentissant silence médiatique, à peine rompu parfois par une déclaration d’un maire ou d’un préfet sur place s’empressant de réduire l’acte à une bêtise d’ados en mal de publicité. Il est d’ailleurs de plus difficile de faire qualifier ce type d’acte de « raciste », « discriminatoire » au sens de la loi, l’AGRIF en sait quelque chose. Cette qualification fait encourir des peines alourdies : dans le cas de la mosquée de Montauban, jusqu’à 10 ans de prison et 150 000 euros d’amende, a tout de suite précisé la presse locale.
La presse nationale n’est pas moins diserte. L’affaire de Montauban était en tête des informations de bien des radios, mercredi, non pas parce que c’est l’été et la période creuse, non, non : parce que c’est ramadan et que la profanation n’en est que plus grave.
Le Conseil français du culte musulman s’est joint aux (compréhensibles) protestations de l’imam de la mosquée pour dire sa « profonde » indignation devant cette « profanation odieuse »… Mais aussi le CRIF, le conseil représentatif des institutions juives de France qui s’est associé à « la colère de la communauté musulmane profondément insultée pendant le mois du ramadan ».
Le monde politique a tenu à se faire entendre. Brigitte Barèges, maire UMP de Montauban, a condamné « fermement cet acte odieux et blasphématoire ». Elle est sur place. Elle ne sait peut-être pas que le blasphème, en France, n’est pas un délit ; qu’il est même, les tribunaux ne le démentent pas lorsque les avocats de Charlie-Hebdo l’affirment, une « condition de la laïcité ».
Chargé des cultes, comme il l’a rappelé, le ministre de l’Intérieur n’a pas attendu beaucoup d’heures avant d’adresser une lettre au président régional du rassemblement des Musulmans en France : « Je ne peux que m’indigner devant un acte aussi révoltant qui porte atteinte à la dignité des Musulmans de France et choque l’ensemble de nos compatriotes attachés aux valeurs de tolérance. » Il a dit la « totale détermination » des pouvoirs publics de faire rechercher le ou les coupables.
Plutôt « le », d’ailleurs : le préfet, Fabien Sudry, a refusé de gonfler l’événement en déclarant : « Notre interprétation est qu’il s’agit d’un acte inqualifiable et inadmissible, mais qui paraît isolé. » On n’a constaté récemment « aucun élément particulier permettant de penser qu’il existe un groupe qui pourrait en vouloir à la communauté musulmane ».
Des croyants blessés dans leur foi, à propos d’un précepte qui ne fait de tort à personne (sauf peut-être aux producteurs de cochon !), un acte qui conforte bien des « jeunes » de banlieue dans leur mythologie de la persécution par les méchants Blancs, voilà sans doute la résultante d’un acte qu’il faut bien qualifier de haineux envers les personnes plutôt qu’efficace contre la progression d’une « politique-religion » totalitaire en France… dont les musulmans sont eux-mêmes victimes.
Il aura servi de révélateur de l’état de tension des pouvoirs publics qui font tout pour exprimer une forme de complicité avec l’islam : elle n’est pas nouvelle, c’est elle qui est politiquement remarquable, c’est elle qui tranche par rapport aux réactions quasi inexistantes lorsque les chrétiens sont victimes en France.
Pour ce qui est de la persécution antichrétienne dans le monde, elle est quant à elle sanglante, barbare, de plus en plus fréquente. Allez donc voir le site « observatoire de la christianophobie ». Vous en parle-t-on dans les gros médias ?

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