TOUT EST DIT

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jeudi 26 juillet 2012

Plan de soutien à l'automobile : un échec annoncé

Le gouvernement a annoncé hier un plan de soutien au secteur automobile, un plan qui est à l'image des débuts de la présidence de François Hollande : de l'idéologie pure et dure. Un plan qui est aussi la promesse d'impôts supplémentaires et dont l'efficacité paraît d'ores et déjà plus que douteuse.
Le gouvernement a annoncé hier, mercredi 25 juillet, un plan de soutien à la filière automobile. Un plan qui ne soutiendra pas forcément la filière en France, qui illustre la continuité de la politique économique en France, en recyclant de vielles recettes, et en refusant toute remise en question.
Ce plan propose d'augmenter les "bonus" pour les véhicules émettant du de gaz carbonique. En particulier les véhicules électriques et hybrides. Mais il y aura aussi une augmentation des "bonus" pour les véhicules thermiques faiblement émetteurs de gaz carbonique. Les "malus" appliqués aux véhicules fortement émetteurs de gaz carbonique seront par contre augmentés. Sans que "bonus" et "malus" s'équilibrent, puisque le coût évoqué de ces mesures s'élèvent à 490 millions d'euros. Et ce n'est qu'une évaluation.
Des crédits de la banque publique OSEO, ainsi que des fonds du grand emprunt, et des crédits de la BEI, seront utilisés pour le financement de bornes de rechargement des batteries. 25% des commandes publiques de véhicules seront par ailleurs consacrées à l'achat de véhicules électriques.
Des fonds, issus du grand emprunt et d'OSEO, seront également destinés aux besoins de refinancement et de liquidités des PME du secteur. Des fonds d'un programme "d'investissements d'avenir" seront destinés à la filière, tandis que le crédit impôt recherche sera pérennisé. «Un institut de recherche technologique dédié à l'automobile sera lancé avant fin 2012» précise le communiqué du gouvernement selon Le Figaro.fr .
Enfin, le site Challenges.fr annonce l'ouverture d'un "chantier social", mi septembre, "de négociation des branches de la filière automobile sur "l'adaptation de l'outil automobile en France" afin de produire la voiture "verte et populaire", qui est au cœur du plan du gouvernement".
Quels sont les effets prévisibles de ce plan ? Le leader des véhicules hybrides est Toyota, avec des véhicules fabriqués au Japon. La technologie hybride est adaptée au haut de gamme, car elle réduit la consommation des gros véhicules. Peugeot y est présent avec quelques véhicules hybrides diesel.
Peugeot et Citroën vendent également une voiture électrique, fabriquée par Mitsubishi au Japon. Renault vient d'annoncer un retard dans le lancement de sa Zoé électrique.
Les véhicules thermiques faiblement émetteurs de gaz carboniques sont de petites voitures, du fait de leur légèreté. Elles sont rarement fabriquées en France. Peugeot et Renault en fabriquent en Europe de l'Est. Volkswagen fabrique sa Up au Brésil, et les Polo en Espagne.
Bref, comme pour les sarkozette, la hollandette profitera largement à d'autres pays que la France. La soutien aux véhicules hybrides profitera à ceux qui ont les moyens de les acheter. Il faudra financer l'augmentation du "bonus", ce qui provoquera une hausse des impôts et donc une baisse de la consommation dans d'autres secteurs, ou encore, une baisse de l'investissement. Surtout si la collectivité prend en charge la mise en place de bornes de rechargement. Enfin, même l'intérêt écologique est douteux. Il faut produire des batteries, c'est-à-dire extraire des minerais, de manière souvent polluante et destructrice de l'environnement.
Ce plan est à l'image des débuts de la présidence de François Hollande. De l'idéologie, pure et dure. Pas de pragmatisme. François Hollande est ainsi revenu à une conception comptable du travail, en supprimant la défiscalisation des heures supplémentaires. La mesure était bancale, certes, mais elle apportait de la souplesse dans le temps de travail. Le président Hollande est revenu à une conception prônant le rationnement du travail.
Le président Hollande pénalise également l'investissement dans les entreprises. Il augmente ainsi le taux de l'ISF. Un impôt qui a la particularité de taxer l'investissement, mais pas tout ce qui est considéré comme œuvre d'art ou objet de collection. Le précédent gouvernement avait ménagé des atténuations pour l'investissement. De même, l'investissement est pénalisé par une taxe de 3% sur les dividendes distribués.
Enfin, ce plan est la promesse d'impôt supplémentaire : il faudra bien financer le "bonus".
C'est l’État qui doit diriger les investissements, et les crédits. C'est l’État qui décide qu'il faut investir dans l'automobile, plutôt qu'ailleurs. L’État serait-il omniscient ? Saurait-il de manière infaillible où investir ? D'autre part, l'accent est mis sur le financement par crédit bancaire. Pourtant, les entreprises françaises n'ont-elles pas besoin de fonds propres ? Mais, dans la conjoncture actuelle, des fonds propres venant de l’État impécunieux, c'est difficile, et l’État ne souhaite pas d'investissement privé, en tout cas, avec l'augmentation de l'ISF, la taxe de 3%, et aussi l'impôt à 75%, il fait tout pour décourager l'investissement privé.
Dans la même veine, le crédit impôt recherche est une fierté française. Il est l'illustration du principe d'un impôt élevé sur les sociétés, assoupli par des réductions si la société va dans le sens des préconisations de l’État. Pourtant, malgré ce crédit d'impôt, la recherche privée ne décolle pas en France. Surtout, ce crédit d'impôt méconnaît la différence entre recherche et innovation. L'entreprise Xerox, aux États-Unis, est à l'origine de grandes avancées en matière de recherche, mais elles ont été mises en œuvre par d'autres, dont Apple. Mieux vaut un taux d'imposition bas, sans niche fiscale.
Ce plan est significatif de nos élites : elles ne comprennent que l'administration, mais pas l'économie. Nos élite sortent de l'ENA, où elles apprennent l'administration. Ou d'un grand corps d'ingénieurs, où elles apprennent un raisonnement mécanique. Ou d'une grande école de commerce, où elles apprennent la gestion. Tout doit procéder d'un plan, validé par le grand ordonnateur, ou le grand ingénieur. L'être humain n'est qu'un rouage. Nos élites ne comprennent pas le foisonnement humain qu'est l'économie. Elles refusent l'initiative humaine. Elle refuse l'idée que l'union des énergies, des initiatives de chacun puisse construire le monde. Tout doit procéder du sommet, d'un plan, et la base n'est qu'exécutrice.
Ces élites favorisent les grands groupes. Elles refusent le mouvement de renouvellement de l'économie. C'est l'initiative de personnes, d'hommes, de femmes, qui créent des entreprises, qui investissent après avoir fait fortune, qui renouvellent l'économie. C'est le principe de la Silicon Valley, du MIT. À des années lumières de la politique française, qui cherche à faire perdurer les grands groupes, sans les mettre en danger, alors que le danger pourrait les stimuler. Il faut noter d'ailleurs que Peugeot joue le jeu, n'ayant réclamé aucune aide, seulement plus de compétitivité. C'est Renault, par Carlos Tavarès, qui avait suggéré une aide de l’État.
Le plan comporte également quelques maladresses. Il fustige la Corée. Que la France utilise les recours offert par l'OMC pour défendre le libre échange n'a rien que de très normal. mais cette stigmatisation de la Corée est étonnante. Ce n'est pas le premier importateur de véhicule en France. Hyundai-Kia, le constructeur coréen, possède une base industrielle en Europe. Enfin, l'autre importateur de voiture coréenne est... Renault ! Avec le Koleos et la Latitude. L'alliance Renault Nissan venant d'annoncer la fabrication d'un nouveau véhicule en Corée d'ailleurs.
L'autre maladresse, c'est une campagne pour promouvoir le "made in France". Une telle campagne peut desservir grandement les entreprises françaises, en ancrant l'idée que la seule raison d'acheter leurs produits est qu'ils sont français. Ce qui insinue qu'ils n'ont aucune qualité intrinsèque. D'autre part, cette initiative pourrait entretenir un nationalisme malsain. La tentation est grande en temps de crise de faire porter la responsabilité sur l'étranger. Des mouvements sont prêts à en profiter. Ne les encourageons pas. La vrai fierté nationale, c'est de faire les efforts pour s'en sortir par soi-même.
Le gouvernement laisse un peu d'espoir cependant. Selon Le Figaro.fr, « des propositions pour la compétitivité seront faites dans le cadre de la mission Gallois et de la réforme du financement de la protection sociale. » Afin « d'adapter l'outil automobile, des négociations de branches auront lieu à la mi-septembre, a aussi annoncé Michel Sapin ce mercredi. Les partenaires sociaux seront encouragés à négocier «les adaptations nécessaires». » Cependant, ces mesures de compétitivités prendront vraisemblablement la forme d'une hausse de la CSG. Il est souvent souligné que l'Allemagne a augmenté sa TVA pour diminuer ses charges sociales. Sauf que la TVA allemande reste plus faible que la TVA française, après augmentation, et que l'Allemagne a aussi diminué sa dépense publique en pourcentage du PIB.
C'est aujourd'hui que PSA Peugeot Citroën a besoin d'un signe fort du gouvernement en faveur de la compétitivité. La société négocie avec les syndicats de son usine Sevelnord un accord de compétitivité pour produire des utilitaires Toyota. Certains syndicats n'y sont pas favorables. C'est pourtant grâce à de tels accords que les syndicats allemands ont soutenu l'industrie de leur pays. Et qu'est-ce que l’État a de mieux à offrir pour l'emploi ? Des emplois jeunes mal payés et sans avenir ? Pourquoi est-il correct d'être mal payé pour un emploi d’État sans avenir, et incorrect d'accepter des sacrifices pour un emploi pérenne au SMIC ?
La France a un grand potentiel. Qui doit être libéré. Il est temps de changer de politique, plutôt que de bégayer les mêmes mesures quels que soient les gouvernements. D'autant que ces mesures, étant inefficaces, n'évitent pas la casse sociale.

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