TOUT EST DIT

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mercredi 16 mai 2012

Zone euro : deux désendettements sinon rien!

François Leclerc, chroniqueur de l'actualité de la crise sur le blog de Paul Jorion et auteur de "La grand perdition", aux éditions "Osez la République sociale !", explique pourquoi, au delà du débat sur la croissance, l'Europe n'échappera pas à un nouveau plan de sauvetage qui, malheureusement, risque d'être aussi insuffisant que le précédent...

Les retraits dans les banques grecques auraient atteint lundi la somme de 700 millions d'euros, selon Carolos Papoulias, le président grec. Le gouverneur de la Banque de Grèce, Georges Provopoulos, a annoncé mardi que « la situation des banques est très difficile » et qu'elle serait « pire au cours des deux prochains jours ».Evangélos Vénizélos, le ministre des finances de l'époque, avait déjà évalué à 16 milliards d'euros les sommes soustraites des banques pour être déposées dans d'autres pays, principalement en Grande-Bretagne et en Suisse. Les grandes fortunes et les entreprises n'avaient pas attendu la dernière heure pour prendre leurs petites précautions.
Hier, il a été confirmé que les Grecs allaient être à nouveau convoqués à partir du 17 juin prochain pour élire leurs députés, aucune solution gouvernementale n'ayant pu être trouvée en dépit de consultations répétées ces derniers jours. Une pression maximale va être exercée sur les électeurs, sur le thème d'une expulsion de la zone euro, tandis que les dirigeants européens, au pied du mur, mesurent mieux l'étendue des dangers qu'elle représenterait. Angela Markel et François Hollande ont hier soir réaffirmé leur attachement au maintient de la Grèce dans la zone euro...
Autre craquement, le spread entre l'Espagne et l'Allemagne a ce matin dépassé les 500 points, ce qui signifie que les Espagnols doivent concéder 5% de plus que les Allemands pour emprunter sur les marchés. Dans la presse espagnole, on apprend ce matin que l'agence de notation Moody's, après avoir dégradé 26 banques italiennes de un à quatre crans, s'apprêterait à en faire autant de 21 banques espagnoles. Comme un jeu de massacre, l'examen de 114 banques européennes est en cours, pays par pays, et se terminera par la France, la Grande-Bretagne et le Benelux.
Qu'ont pu se dire hier soir à Berlin Angela Merkel et François Hollande ? Une seule indication a filtré, selon laquelle de nouvelles aides financières destinées à la relance de la croissance grecque pourrait être versées, contredisant l'hypothèse affichée par Jean-Claude Juncker d'une révision du calendrier du plan de sauvetage en cours, qui n'a pas d'autre avenir désormais que d'être revu ou abandonné. Le dîner informel des chefs d'États et de gouvernements du 23 mai prochain va avoir un ordre du jour chargé, qui va faire suite à la tenue du G8 à Washington. Car les Américains exercent une pression maximum pour que soit entrepris en Europe une révision stratégique, qui les prendrait pour modèle.
C'est dans ce contexte que Reuters nous apprend que l'agence Fitch considérerait nécessaire un troisième round d'injection financière massive a destination des banques de la BCE. Anticipant déjà l'impossibilité dans laquelle celles-ci seront de rembourser les précédents et qu'il faudra donc faire rouler la dette. Une telle annonce ne peut avoir d'autre objet que de suggérer une décision de cette nature à plus court terme, car 30 mois, c'est l'éternité par les temps qui courent.
Le moment se précise où les dispositions péniblement adoptées par les dirigeants européens vont apparaître pour ce qu'elles sont : timorées et insuffisantes. D'autant que les socialistes allemands font monter les enchères pour voter au Bundestag la ratification de la création du Mécanisme européen de stabilité, réduisant en attendant le par-feu européen aux seules disponibilités du Fonds de stabilité (FESF).
Le débat sur la relance de la croissance parait dans ces conditions bien accessoire et se réduire à une opération de communication de plus. Quand ni le désendettement des États ni celui des banques ne fonctionne comme prévu, et que toute perspective de croissance est lointaine, que reste-t-il à faire ? Eurostat vient de publier les chiffres du 1er trimestre et d'annoncer une croissance nulle (0,0%) de la zone euro, ce qui permet d'afficher qu'elle n'est pas en récession. C'est techniquement exact, si cela peut être une consolation. Mais cela ne résiste pas à la simple constatation que ce sont les fragiles 0,5% de croissance allemande mesurés qui permettent de justesse de l'éviter.
On change pas une équipe qui gagne. Mais revient-on sur une stratégie qui s'écroule bien avant la ligne d'arrivée ?

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