TOUT EST DIT

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lundi 14 mai 2012

Eloge de la cohabitation

Bien sûr, la cohabitation entre un chef de l’Etat et un Premier Ministre s’appuyant sur une assemblée nationale d’un bord politique opposé n’est pas en temps ordinaire le mode de gouvernement idéal dans la mesure où elle risque  d’introduire un facteur de division au sommet de l’Etat.
Cependant, elle peut être souhaitable en certaines circonstances.
D’un point de vue historique tout d’abord, la cohabitation est un cas de figure classique dans notre pays et les exemples ne manquent pas : Louis Napoléon Bonaparte (1848-1952), puis Thiers (1871-1873), ont présidé le pays avec des chambres monarchistes méfiantes à leur égard ; Mac Mahon avec ses présidents du Conseil Jules Simon et Dufaure (1877-1879) ; Emile Loubet, républicain modéré avec Emile Combes, radical (1902-1904) ; Vincent Auriol, socialiste avec Antoine Pinay Indépendant en 1952 ; René Coty, Indépendant, avec Guy Mollet, socialiste en 1956 ; Mitterrand/Chirac en 1986-1986 ; Mitterrand/Balladur en 1993-1995 ; Chirac/Jospin en 1997-2002.
En France, la cohabitation n’a donc rien d’une anomalie.
Elle est logique sur le plan institutionnel, correspond d’ailleurs  à ce que pourrait être une “présidence normale”. Le chef de l’Etat incarne la République, il représente la France sur le plan international tandis que le Premier ministre gouverne le pays comme le prévoit l’article 20 de la Constitution. Dans un pays en crise profonde, économique, sociale, intellectuelle, elle peut avoir l’avantage d’exprimer une forme d’unité nationale. La droite et la gauche sont obligées de s’entendre sur l’essentiel, la règle du jeu. Il n’y a pas de perdant, aucun des deux camps n’est humilié par la défaite. Il faut impérativement que les deux têtes de l’exécutif s’accordent d’une manière ou d’une autre.
Les derniers développements politiques semblent créer une situation propice à ce type d’équilibre. Une majorité de Français a voulu changer de Président. A mes yeux, elle avait tort. Mais enfin, c’est fait. En revanche, sur les grandes questions politiques de cette période, l’emploi, le pouvoir d’achat, la sécurité, l’immigration, aucun engouement n’est perceptible envers les solutions proposées par le parti socialiste qui préconise des embauches supplémentaires de fonctionnaires, le droit de vote des étrangers, et un net recul sur la sécurité avec la suppression des peines plancher et de la rétention de sûreté.
 Les Français n’ont pas non plus forcément envie de voir un seul parti, le PS, concentrer tous les pouvoirs : la Présidence, le Sénat, les mairies, les conseils généraux et régionaux, l’Assemble nationale, sans parler de la presse et des médias où il exerce un monopole de fait.
Une cohabitation aurait enfin l’avantage de ne pas figer les choses pendant cinq ans. En cas d’échec d’une majorité, le Président pourrait dissoudre l’Assemblée au bout de deux ans et redonner la parole aux Français.
Voilà. Même si en apparence, les jeux paraissent faits, je garde espoir que le bon sens des Français, leur caractère insoumis et leur goût de l’unité les pousseront à se donner une majorité parlementaire et donc un gouvernement de droite en juin 2012 pour appliquer une politique dans l’intérêt du pays et ne pas concéder les pleins pouvoirs à un seul parti.

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