TOUT EST DIT

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mercredi 18 avril 2012

L'embarras des villepinistes avant le 1er tour

 Pour l'ex-ministre de Jacques Chirac, Brigitte Girardin, «voter utile, c'est voter François Hollande dès le premier tour». Dominique de Villepin, lui, ne devrait pas s'exprimer avant le premier tour, mais son entourage n'apprécie pas les récents propos de Nicolas Sarkozy à son égard.

La décision a été mûrement réfléchie et le déclic final s'est produit il y a quelques semaines, quand Brigitte Girardin collectait des parrainages pour la candidature de Dominique de Villepin à l'Élysée. «J'ai passé des journées et des nuits au téléphone avec des maires, des élus de l'outre-mer que j'ai bien connus. Et j'ai pu constater à quel point ils étaient furieux», raconte l'ancienne ministre de Jacques Chirac. «Je suis tellement écœurée que tout le travail que nous avons réalisé de 2002 à 2005 dans les Dom-Tom ait été ruiné par la politique de Nicolas Sarkozy», confie-t-elle au Figaro.
Pour cette «fidèle chiraquienne», déçue que Dominique de Villepin n'ait pu mener campagne à la présidentielle, l'élection de 2012 devenait problématique. «Je ne me reconnais plus dans les valeurs de l'UMP, dans cette droitisation que rien n'arrête», fustige cette «gaulliste sociale». «En 2007, j'ai voté pour Nicolas Sarkozy par résignation. J'ai ensuite combattu sa politique générale avec Dominique de Villepin - et celle menée outre-mer en particulier. Je veux aujourd'hui que cette politique cesse, que l'on arrête la casse et que l'on mette un terme à ce quinquennat, poursuit l'ancienne ministre. Qui est le plus en mesure de le faire? François Hollande. Je voterai donc utile, c'est-à-dire pour Hollande dès le premier tour.»

«À titre strictement personnel»

«Je ne sais pas si Hollande sera capable de rassembler les Français au-delà de la gauche mais, au moins, il ne tient pas un discours qui les divise», ajoute Girardin qui exclut «l'idée d'un ralliement». Elle se félicite néanmoins de voir que le candidat socialiste a repris «plusieurs des idées que voulait défendre Dominique de Villepin», comme la constitution d'un gouvernement autour de dix grands pôles.
Faut-il voir dans cette annonce un nouveau désaveu de la famille chiraquienne à l'égard de Nicolas Sarkozy? Girardin s'en défend. «J'agis à titre strictement personnel», explique-t-elle en «regrettant» que certains, dans l'entourage de l'ancien président de la République, «se sentent en droit de s'exprimer à sa place». Il ne faut pas non plus voir dans sa décision les prémisses de celle que pourrait prendre Dominique de Villepin. «Je l'ai informé avant de la rendre publique, mais ce n'était pas une surprise pour lui, raconte l'ancienne secrétaire générale de République solidaire, parti qu'ils ont fondé dans la perspective de la présidentielle. Il a toujours laissé son entourage libre d'agir en toute indépendance.»

«Mise en scène grotesque»

L'ancien premier ministre, selon plusieurs proches, «fera de toute façon ce qu'il veut», «au moment qu'il décidera». «Il ne parlera pas avant le premier tour et il n'est pas sûr qu'il en fasse davantage entre les deux tours», estime un fidèle. Et ce, malgré les appels à la réconciliation très appuyés lancés par Nicolas Sarkozy ces derniers jours. Dans un entretien à L'Express, le président-candidat explique ainsi qu'il sera «ouvert à l'endroit de tous ceux, y compris Dominique de Villepin, qui veulent participer au choix historique consistant à dire aux Français: pas de retour en arrière». «Je n'ai pas le droit de tenir compte d'oppositions politiques ou personnelles anciennes pour limiter ce rassemblement», ajoute-t-il à l'égard de l'ancien premier ministre. Ces déclarations n'ont pas l'heur de plaire dans l'entourage de Villepin, où l'on dénonce «une mise en scène grotesque qui ne dupera personne». La rivalité entre les deux hommes à la fin du quinquennat de Jacques Chirac s'était transformée en guerre ouverte sur fond d'affaire Clearstream. Plusieurs proches voient la main de l'Élysée dans l'échec de Villepin à réunir ses 500 parrainages pour concourir à la présidentielle.

Six ministres de la majorité

Pour Jean-Pierre Grand, président de République solidaire, le moment de parler n'est cependant pas encore venu. «Mon silence, c'est mon regret de ne pas pouvoir voter pour Dominique de Villepin cette année», ne décolère pas le député de l'Hérault. «Dominique a été empêché, j'en suis scandalisé, surtout quand j'entends Jacques Cheminade, Philippe Poutou et consorts à la télévision ou la radio», explique-t-il avant d'assurer que «bien sûr», il accomplira son «devoir» de citoyen et d'élu. L'homme ne croit de toute façon pas aux «consignes de vote»: «Ce serait prendre les Français pour des imbéciles, surtout qu'ils ont déjà fait leur choix dans leur tête.»

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