TOUT EST DIT

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mercredi 29 février 2012

La bataille des trois écoles

L'école est plus que jamais au coeur de la présidentielle. Après François Hollande qui se fait fort de recréer 60 000 postes d'enseignants, Nicolas Sarkozy a répliqué, hier soir, par une salve de projets qui libéreraient, selon lui, le système éducatif de ses carcans. Libéralisation du statut des enseignants. Autonomie des établissements. Libre choix de recrutement. Réaménagement du sacro-saint baccalauréat...

L'école est une grande cause, mais un sujet casse-pipe, car en chaque Français sommeille un pseudo-ministre de l'Éducation, nostalgique de l'école de jadis. En claironnant de grandes réformes scolaires, les candidats prennent le risque de froisser leur électorat, de chagriner les enseignants ou d'exaspérer les parents d'élèves. Mais la crise scolaire est suffisamment profonde ¯ avec notamment ces 150 000 élèves qui sortent chaque année du système éducatif sans diplôme ni qualification ¯ pour que cette fois, la présidentielle ne puisse faire l'impasse. L'école de la République flageole. Trop d'échecs. Trop d'enseignants déprimés. Trop de parents d'élèves inquiets. Trop de mauvais classements internationaux. Dans le brouhaha des tréteaux, on guette les signes d'espoir. Et trois programmes émergent.

L'école selon MM. Hollande, Sarkozy et Bayrou. Le premier parle de refondation, le second veut approfondir la transformation en cours, le troisième, fort de son expérience d'ex-ministre de l'Éducation, demande surtout que l'on « lâche les basques aux enseignants ». 

Depuis la défaite de Lionel Jospin, en 2002, le Parti socialiste cherche à renouer avec le monde enseignant, jadis bastion de la gauche, brutalement échaudé par les éruptives déclamations de Claude Allègre. François Bayrou, professeur de français, se sait homme du sérail et joue de sa proximité avec le monde enseignant. Quant à Nicolas Sarkozy, campé en guerrier terrassant la crise, il ne démord pas de son idée centrale : moins d'enseignants, mais mieux payés et la déprime des profs sera surmontée. Avec un traitement différencié : en primaire, on ne supprimerait plus de postes. 

On n'échappe pas à une querelle de chiffres. Hollande promet des postes. Bayrou réclame le statu quo. Sarkozy poursuit, en l'atténuant, la cure d'austérité. Dans le détail, ces trois politiques sont largement incompatibles. Trois projets opposés sur des points cruciaux : le nombre d'enseignants, leur formation, leur statut, la fin ou non du collège unique, le retour ou non de l'orientation dès l'âge de 14 ans... 

À gauche, on refuse les économies sur l'école. Ce ne sont pas des dépenses, ce sont des investissements sur l'avenir, assure Hollande. Au centre, Bayrou mise avant tout sur la qualité des enseignants et le retour aux fondamentaux. 50 % du temps scolaire devraient être consacrés à la maîtrise du français en primaire. À droite, tout passe par un changement de statut des enseignants. Sarkozy souhaite faire maigrir les effectifs, mais grossir le temps de présence des professeurs dans les établissements. Travailler plus pour gagner plus. 500 € nets par mois, promet-il. 

 La gauche redore le budget de l'éducation. Le centre mise sur la confiance retrouvée des enseignants. La droite s'avance en gestionnaire libérale, faisant sauter les verrous du système. Enjeux fondamentaux. C'est la modernisation et le redressement de l'école de la République qui se jouent. Ni plus ni moins : l'avenir du pays et de sa jeunesse.

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